AR70 / Inter 0-0 ASSE
La tentation est toujours grande de décrire un 0-0 comme "une opposition tactique", même s'il s'agit simplement d'un vieux match tout pourri. Mais cette fois, on peut y céder, à la tentation, car le match n'était pas du tout pourri.


A la mi-temps du barrage retour, Karabükspor est passé en 352, posant de gros problèmes à l'ASSE jusqu'à ce qu'elle-même passe en 352. Cette fois, Galette anticipe et choisit de bloquer le 352 milanais de cette façon dès le coup d'envoi.

Le choix des hommes surprend également. D'abord, Diomandé est préféré à Cohade ; ensuite, c'est Bayal Sall qui occupe l'axe de la charnière, et Dieu sa droite.

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Comme on le voit bien sur le schéma, les deux organisations ne sont pas semblables : si Mazzari organise son équipe autour d'un bloc défensif axial de 5 joueurs, Galette en mets 6 en intercalant Clément dans la zone de Kovacic.

On l'a compris : Sainté est d'abord là pour bien défendre. Et c'est réussi. L'Inter, malgré sa volonté de poser le jeu, est contrainte à un faux-rythme et ne déséquilibre pas l'arrière-garde verte. Il faut attendre la 11' pour voir un début d'occasion : Guarin efface Clément en duel et lance Icardi dans des conditions à peu près potables, mais il tire à côté.

Guarin dans cette zone, et pas Kovacic ? Et oui : ce moment saillant permet de préciser les mouvements offensifs de l'Inter. Lorsqu'il s'agit de défendre, Kovacic se place dans la zone de Clément derrière Guarin et Icardi, comme sur l'illustration ci-dessus. Cela change dès que la balle est récupérée : Icardi reste alors le seul point de fixation offensif, tandis que Guarin rejoint Kovacic dans le rôle de perce-muraille mobile entre les lignes.



A l'italienne

C'est une des grandes différences tactiques du soir : l'Inter est habitué à jouer dans cette configuration. Les attaquants maîtrisent des schémas de jeu adaptés. Pas les Verts. Il ne faut pas chercher plus loin pour expliquer pourquoi Hamouma et Ricky van Wolfswinkel semblent si absents dans l'axe, et plus à l'aise en dézonant sur les côtés - un triangle joueur de couloir/milieu/attaquant, c'est à peu près la même chose en 352 ou en 4231.

Heureusement, il est plus facile d'improviser une défense efficace. L'Inter est bloqué, et même recule au fil du temps. L'ASSE prend de l'assurance, joue plus haut, et exploite ce qu'elle maîtrise le mieux : le travail sur les côtés. Pourtant, c'est sur son seul décalage plein axe qu'elle se procure sa plus belle occasion. A la 23', Perrin porte la balle, lance Hamouma, qui provoque et obtient un bon coup franc à 25m devant les buts. Ce dernier est repoussé en corner ; KTC n'est pas loin de catapulter icelui dans les filets.

Au terme de cette première période finalement équilibrée, c'est Sainté qui n'est pas loin de réaliser le coup parfait : sur un coup-franc en deux-temps, Franck Tabanou expédie un missile qui oblige Carrizo à sortir le grand jeu (45').


Le match s'emballe

La deuxième période sera bien plus animée, avec une succession de temps forts plus marqués pour chaque équipe.

Ce sont les Verts qui déclenchent les hostilités : bloc beaucoup plus haut, jeu plus vertical, nettement moins de touches de balle. Perrin (!) prend la direction du jeu, s'installe à moins de 40m du but italien, et c'est toute l'équipe qui accule les Intéristes pendant dix minutes - en vain.

Deux choses vont remettre les locaux dans le match (en plus d'un probable coup de pompe ligérien). D'abord la réorganisation du pressing, pour empêcher Perrin de passer la ligne médiane sans opposition. Ensuite l'entrée d'Hernanes à la place de M'Vila blessé : l'international brésilien va porter sur ses épaules l'entrejeu milanais en difficulté. Et c'est au tour des Nerazzuri de briller avec en point d'orgue la 63' : Kuzmanovic a une opportunité en or d'ouvrir le score, mais Ruffier se détend.

Le mouvement de balancier n'est pas terminé. Autour de la 65', les Intéristes ont besoin de souffler. KMP vient d'entrer en jeu, et donne un coup de boost. Les Verts en profitent, reprennent l'initiative, se créent deux énormes occasions coup sur coup (Tabanou 68' et Hamouma 69') : sans résultat.

A l'orée du dernier quart d'heure, la rencontre retourne sagement dans la physionomie de la première période. L'Inter porte un peu plus le ballon ; Sainté attend, solide, et gâche des occases de contre. Seul éclair : une frappe d'Hernanes de 30m (88'), repoussée par Ruffier.

Un vrai bon 0-0, donc, qui prendra une grande valeur s'il est transcendé par une victoire dans le Chaudron.