La série stéphanoise de matchs sans victoire s'est arrêtée à Nîmes, avec le premier match cette saison sans encaisser de but. Le début d'une nouvelle série ?


Après toutes leurs contre-performances des derniers matchs, les Verts avaient réellement besoin de se rassurer. Et si ce n'était pas dans la manière, au moins d'un point de vue comptable. Et comme dans le football tout part de la défense, ils ont cherché à bien défendre avant toute autre chose, comme l'avoue leur entraîneur après le match : "on a été mis sur le reculoir, mais on a souffert volontairement. On avait décidé de laisser le ballon à Nîmes. J'en avais marre de faire le jeu, d'être contré et de devoir au final régler la note. On avait mis en place deux lignes de quatre pour contrer et laisser le ballon à Nîmes et à son jeu long".

Voici quelques exemples pour illustrer cette très franche analyse de Ghislain Printant.

 

1MT : On a choisi de subir...

 
... et surtout de ne pas se découvrir - les latéraux et les deux milieux axiaux ayant reçu comme consigne de ne pas monter. On peut le voir sur un premier exemple en début du match, qui commence par une touche de Debuchy :


Le ballon est repoussé par un adversaire, regagné par Moukoudi et arrive finalement dans les pieds de Cabaye, qui écarte sur M'Vila. Le jeu est déplacé vers la gauche :


M'Vila porte un peu le ballon, le donne à Kolo qui était monté et qui prolonge dans le couloir gauche avec Nordin. Les trois autres joueurs à vocation offensive (Khazri-Hamouma-Bouanga) sont en place, dans la moitié adverse. Une fois que le ballon a passé la ligne médiane, il n'est plus le problème des six défensifs :


Aucun d'entre eux ne monte pour aider Nordin, qui essaye de se débrouiller dans son couloir avant de centrer. Il y avait 4 Verts pour 9 Nîmois (latéral gauche pas visible sur cette image) dans les 30 derniers mètres.


L'approche tactique stéphanoise a donc été de ne pas se livrer et de défendre bas avec un bloc bien compact - les deux lignes de 4 sont bien visibles sur cette image à la 32e :


C'est Khazri qui couvre en milieu droit, Bouanga étant tombé suite à un contact sur la ligne médiane. Les Nîmois se passent le ballon mais ont du mal à entrer avec lui dans les 30 derniers mètres. Dix secondes plus tard, le bloc stéphanois est toujours en place, avec toujours peu d'espace entre les lignes :


L'ailier gauche adverse a fait un appel et Khazri ne l'a pas lâché - il est maintenant positionné comme un 5e défenseur. Pendant ce temps, Bouanga a repris sa place à droite et Hamouma est resté seul en pointe. Les Nîmois n'arrivent pas à contourner le bloc, le ballon sort en touche et les Verts remettent vite le ballon en jeu pour profiter d'un bloc adverse pas en place :


Kolo pour Cabaye, qui trouve Khazri libre dans l'axe. L'attaquant stéphanois monte avec le ballon et a les options Hamouma et Bouanga devant lui :


Un 3-contre-3 qui peut devenir intéressant, mais Khazri n'ose pas décaler un de ses coéquipiers et s'excentre pour attendre du soutien. Il revient ensuite vers l'axe...


... et le seul soutien est celui de Nordin, aucun des 6 "défensifs" n'est monté. Khazri joue latéralement avec Hamouma, qui lance en profondeur le jeune ailier, mais son centre pour Bouanga est contré - cette attaque à 4 contre 7 n'avait que peu de chances de réussir.


Si les Verts ont plutôt bien défendu dans leur bloc 4-4-2 bas et compact, des erreurs individuelles les ont parfois mis en danger. Comme dans cet exemple à la 37e :


Le bloc est en place, les Nîmois ne trouvent pas de faille, alors ils balancent un long ballon. Dans ce genre de situation, bien défendre signifie deux choses : gagner le duel aérien et être présent à la retombée du ballon (le "deuxième ballon"). Les deux ingrédients ont été plutôt présents dans ce match, mais dans cet exemple...


... Perrin gagne son duel avec l'avant-centre, en déviant vers Kolo, qui dégage n'importe comment en lobant M'Vila et la possession est de nouveau nîmoise :


Si l'ailier gauche n'était pas trop haut sur l'image précédente, il fait un appel en profondeur dans le dos de Debuchy, où il est trouvé par la passe qui traverse le bloc stéphanois. Du côté opposé, le latéral nîmois est tout seul, n'étant pas suivi par Nordin. Et ses trois coéquipiers qui se trouvent entre les lignes font des appels dans la surface - c'est l'adversaire direct de Kolo qui est trouvé par le centre, qui échoue sur le poteau de Jessy Moulin.

C'était un des 12 tirs de Nîmes en 1MT - dont 4 arrêtés par le gardien stéphanois en plus de celui sur le poteau. Avec 37% de possession, les Verts avaient clairement décidé de laisser le ballon à l'adversaire et de défendre. Ils ne l'ont pas toujours bien fait, concédant quand même des occasions importantes, mais ils ont tenu le score vierge jusqu'à la pause.


2MT : ... pendant tout le match

 
La possession n'a pas significativement changé après la pause, malgré l'entrée de Youssouf à la place de Cabaye, blessé au genou - les Verts ont eu un peu plus le ballon (41%) jusqu'à la 74e minute. Par contre, ils se sont montrés plus tranchants dans leurs offensives (4 tirs, dont 3 cadrés), comme dans cet exemple à la 59e :


Hamouma obtient une faute dans sa propre moitié et le coup franc est joué par Kolo qui choisit de jouer long pour le même Hamouma. Ce dernier récupère le ballon sur l'aile gauche et, sans solutions, revient en arrière...


... et joue avec M'Vila, qui passe à Kolo, qui joue avec Jessy Moulin, qui dégage loin. Un bel exemple d'animation offensive stéphanoise, en somme. Le défenseur nîmois dégage de la tête, M'Vila le fait aussi à son tour et finalement c'est un adversaire qui met le ballon au sol et qui écarte à droite :


Le bloc stéphanois se remet vite en place, surtout M'Vila qui lit bien le jeu et intercepte une passe de l'ailier vers ses milieux :


Les Verts ont récupéré le ballon et peuvent contre-attaquer : Khazri est trouvé dans le rond central, il passe à Youssouf...


... qui cherche avec une passe en profondeur Bouanga, dans son couloir. L'ailier contrôle, déborde et centre dans la surface :


Mais la grosse différence par rapport à la première période c'est que maintenant, les 4 offensifs sont accompagnés d'un 5e joueur, Debuchy. Il avait suivi Bouanga dans le couloir et a bien lu le dégagement de la défense, récupérant le ballon à 20m et enchaînant avec un tir. Cadré, mais malheureusement sorti par le gardien.

Ce n'était que partie remise, moins de 10 minutes plus tard Youssouf fait la même ouverture en profondeur à droite... pour Debuchy, décidément plus offensif en 2MT. Son centre est repoussé en corner et le latéral droit stéphanois ouvre le score de la tête sur le service de Khazri.


Les Nîmois ont accusé le coup, mais ont repris confiance quelques minutes plus tard avec l'expulsion de Hamouma. Khazri a été remplacé par Abi et les Verts se sont remis à défendre très bas :
 

Il est difficile à dire s'il s'agit d'un 4-4-1 ou bien d'un 5-3-1, le positionnement de Bouanga a été assez bas, un peu entre les deux lignes. Par contre, ce qui a été bien clair c'est que les Stéphanois ne cherchaient plus autre chose que de tenir le score. Ils ont eu seulement 15% de possession lors des 20 dernières minutes, entre le carton rouge et la fin du temps additionnel. Et ils ont concédé 6 tirs, dont 3 cadrés et arrêtés par Jessy Moulin, en grande forme.


Pour finir, les dernières minutes ont permis à Saliba d'effectuer son retour après des longs mois d'absence et à partir de là les Verts ont évolué clairement avec une défense à 5 :


Et cette tactique de placer 8 joueurs dans ses 20 derniers mètres avec Abi un peu devant et d'abandonner complètement la possession a bien fonctionné, les Stéphanois ont tenu bon et obtenu leur première victoire depuis celle de la première journée de championnat.
 
 

Conclusions

 
Pour ce déplacement à Nîmes, les Stéphanois n'ont pas produit du jeu, ils ont subi et failli craquer à plusieurs reprises, mais ils ont marqué sur un coup de pied arrêté et ont réussi à tenir le résultat jusqu'à la fin, malgré l'infériorité numérique. Ce qui représente une énorme bouffée d'oxygène qui résoudra partiellement leur problème de confiance. Par contre, en ce qui concerne l'état physique de certains, leur niveau individuel et surtout le niveau collectif de l'équipe, il y a encore beaucoup de travail... Parce que ce qui a été proposé à Nîmes ne suffira probablement pas pour les prochains matchs.