Depuis le Grau-du-Roi, Christophe Galtier a eu la gentillesse de nous accorder un entretien exclusif  de 42 minutes dans lequel il répond aux questions des potonautes et aborde, comme à son habitude, tous les sujets sans détour. Le premier volet de l'interview, à écouter dans la potothèque, a été retranscrit ci-après par pitchdobrasil.


Christophe, on s'était dit rendez-vous dans un an, même jour, même heure, même port ; on sera victorieux à Gerland, sur les marches d'la Place des Grands Hommes… Le jour est v'nu et moi aussi, mais j'veux pas être le premier. Si on avait plus rien à se dire… et si, et si… Allez, à toi, Christophe Galtier !

C'est un hommage à notre sponsor, à notre partenaire, peut-être ?

Tout à fait ! On se souvient d'ailleurs que tu t'étais cassé la voix après le passage de Patrick Bruel à L'Etrat. C'est vraiment ton chanteur préféré ?

Ce n'est pas mon chanteur préféré mais, par contre, c'est un chanteur que j'ai souvent vu sur scène et j'ai toujours apprécié ses spectacles. Pour moi, le seul monstre français est Johnny Hallyday.

Quelle est ta Galette préféré, ton album culte ?

Un vieux titre de Johnny qui s'intitule Derrière L'Amour.

Tout un programme ! D'où vient ce surnom de Galette ?

C'est Marc Bourrier, une personne de l'Hérault, ancien sélectionneur de l'Équipe de France Espoirs, que j'ai eu en EDF Minimes quand j'étais très jeune qui, à mon arrivée, m'a regardé - j'arrivais d'un petit club amateurs, des Caillols - et m'a dit : "Tu n'es pas plus épais qu'une galette !" Galette, Galtier, voilà…

Apprécies-tu que l'on t'appelle comme ça ?

C'est resté. Mes enfants aussi m'appellent comme ça et j'ai un petit cousin qui me ressemble beaucoup qu'on appelle Biscuit.

La traditionnelle question "Galette au Grau-du-Roi" : as-tu tiré les Rois avec les joueurs ?

On va le faire, là…

As-tu bon espoir de choper la fève comme chaque année ?

Certains espèrent tirer la reine. Je n'espère ni la fève, ni la reine. Ça va se faire dans un climat très agréable.

J'imagine que tu vas quand même garder l'oeil ouvert. Tu avais demandé au joueurs de ne pas prendre de poids pendant les Fêtes…

(Coupe) Ce qui a été fait.

On se demandait si la consigne s'appliquait aussi à toi-même ?

On s'est imposé certains objectifs avec le staff. Tout le monde n'a pas atteint ses objectifs et je fais partie des gars qui n'ont pas atteint ces objectifs-là.

Des sanctions sont-elles prévues ? Une auto-sanction ?

Oh oui, il y aura sanction. Ce seront des repas à offrir. Par contre, tous les joueurs sont revenus au poids qu'il fallait.

Tu n'as donc identifié aucun joueur en surpoids. Il n'y aura donc pas de gros du roi ?

Aucun gros du roi…

Plus sérieusement, Christophe, merci de nous recevoir. Je ne vais pas te citer tous les messages des supporters du site Poteaux-Carrés qui te remercient, mais juste quelques-uns pour te donner quand même une idée :
- "Un grand merci pour le travail accompli, pour la fierté que tu nous a rendue !"
- "Merci pour avoir redonné confiance au groupe" !
- Il y en a un qui souligne "ton comportement exemplaire vis à vis des arbitres", ce qui n'est plus forcément très fréquent.
Surtout, pour la plupart, tu resteras, quoi qu'il arrive, celui qui nous a permis de gagner à nouveau chez les Vilains, comme on les appelle, et ce n'est pas rien. D'ailleurs, l'un d'entre eux suggère : "Si j'étais le Maire de la ville, j'aurais déjà donné votre nom à une grande artère. Tenez, le Boulevard Karl Marx, par exemple. Cela redonnerait le sourire à ceux qui ont honte de donner leur adresse aujourd'hui" (rising 42). Es-tu sensible à cette démarche de peut-être rebaptiser une rue de Sainté à ton nom ?

Non, non, c'est prématuré. (Gêné) Ça me touche, mais alors, vraiment, je n'y ai jamais pensé. Il y a beaucoup d'autres personnes qui méritent d'avoir leur nom sur une artère d'une ville ou une place.

Au-delà de ces messages de remerciement, on sent qu'il y a de la sérénité, que tu es un entraîneur qui fait l'unanimité, ce qui est devenu assez exceptionnel à Sainté. Comment as-tu réussi cela là où d'autres, plus expérimentés que toi, ont échoué ?

Je suis moi-même, avec mes qualités et mes défauts. Bien évidemment que j'ai une part de responsabilités dans cette première moitié de championnat où les choses sont plus agréables à vivre, mais il y a aussi le fait que certains joueurs qui ont vécu deux années compliquées, en ont peut-être eu ras-le-bol. C'est donc à la fois un message, un discours au quotidien qui est rentré dans les têtes, mais aussi un ras-le-bol de certains joueurs qui ont vécu deux années compliquées. Tout ça fait que les choses se passent bien.

Certains entraineurs sont des dictateurs, distants et autoritaires. D'autres sont trop "copains" et ne sont plus respectés par les joueurs. Tu sembles concilier les deux, comment fais-tu ? Adoptes-tu une attitude différente avec les plus jeunes ? Avec les plus expérimentés ?

Comment je fais ? Quand je regarde la composition de l'effectif, du vestiaire, je m'aperçois qu'il y a beaucoup de gamins qui sont entre 19 et 23 ans. J'ai trois garçons de cet âge-là donc j'essaie de faire comme je sais faire avec mes enfants, en terme d'éducation, de transmission des valeurs. Je transmets aussi des messages que j'ai souvent entendu lors de ma carrière. C'est peut-être aussi ce que j'ai vécu moi en tant que joueur, en tant que jeune joueur dans un centre de formation : je sais aussi transmettre cela. Après, de là à être soit très dur et nourrir du conflit, soit être laxiste, trop gentil et pote avec les joueurs… J'essaie simplement de faire la différence entre le joueur et l'homme. On a le droit d'être très dur et l'obligation d'être très exigeant avec le joueur. Il faut être très humain et tolérant vis-à-vis d'un homme.
Il y a aussi le statut des joueurs, l'âge. Qu'on le veuille ou non, il y a une gestion générale et commune dans les grandes lignes, mais, dans les détails, elle est parfois particulière et différente par rapport aux uns et aux autres.

De par ton appréhension du poste d'entraîneur, pars-tu du postulat qu'il faut vraiment faire oeuvre de pédagogie et tout expliquer ou y-a-t-il des points qui doivent rester discrétionnaires et n'ont pas à être justifiés auprès des joueurs ? Certains supporters se demandaient notamment si tu expliquais les mises à l'écart comme celles de Bayal ou N'Daw individuellement ou collectivement.

La première discussion est individuelle. Après, j'explique au groupe les raisons de cette sanction.

Expliques-tu le pourquoi des titularisations et des mises sur le banc ?

Non. Cela peut arriver, ponctuellement, quand des choix très précis sont faits sur un plan tactique, par rapport à un adversaire, mais, généralement, je ne donne pas d'explication. Par contre, si le joueur en veut, il sait qu'il peut venir me voir.

Penses-tu devenir un "entraîneur" (rigide, équipe pro...) ou penses-tu continuer à bosser tel un entraîneur adjoint ?

Ce n'est pas la "fibre" de l'entraîneur adjoint. Je pense que c'est juste ma personnalité qui est comme ça. Le jour où je suis distant des gens, je suis malheureux. Comme je n'ai pas envie d'être malheureux, comme j'aime être heureux et que, pour être heureux, j'aime être proche des gens, je serai toujours proche des joueurs.

Tu disais avoir toi-même puisé dans ton expérience de joueur et dans les entraîneurs que tu avais côtoyés. Y en a-t-il un plus que d'autres qui t'a marqué lorsque tu étais joueur et dont tu cherches à t'inspirer dans ta gestion au quotidien des hommes à Sainté ?

Un plus que les autres, non. Tous m'ont apporté. Quand j'ai commencé à passer mes diplômes, une personne m'a dit : "tu devras, à un certain moment, monter ta propre mayonnaise avec les différentes expériences que tu as vécues et tu verras que tu ne retiendras que le bon des entraîneurs avec lesquels tu auras travaillé en tant que joueur ou entraîneur-adjoint".

Cette saison, tu passes pas mal de temps à Clairefontaine pour ta formation au DEPF. Sincèrement, est-ce que tu apprends réellement quelque chose là-bas? Si oui, tu vas devenir encore plus performant la saison prochaine ? Ou vois-tu ça plutôt comme un passage obligé pour obtenir le diplôme ?

Oui, on apprend beaucoup de choses. Ça prend beaucoup de temps. J'ai passé mes premiers diplômes très jeune, le premier à 16 ans. Je suis toujours à la recherche de nouvelles méthodes de travail, de nouvelles méthodes d'entraînement, pour avoir le souci de s'améliorer tout le temps. Dans ce sens-là, le DEPF est, je pense, un passage obligatoire pour avoir des armes en plus et j'apprends pas mal de choses. Il y a surtout des échanges très intéressants à la fois avec les formateurs et mes collègues stagiaires.