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L'ASSE et la Coupe d'Europe, cela a longtemps été une histoire compliquée. Les années 60 étaient souvent celles du blues pour les Verts...


La fiche du match
Mercredi 16 novembre 1967 - Coupe d'Europe des Clubs Champions - Estadio da Luz (Lisbonne)
8e de finale aller: Benfica Lisbonne 2-0 ASSE
Spectateurs: 30.000 - Arbitre: M. Adair (Irlande)

Buteurs:
Augusto (28e), Eusebio (59e sp)

Benfica Lisbonne: Henrique - Cavem, Humberto, Jacinto, Cruz - Graça, Coluna - Augusto, Torres, Eusebio, Simoes. Entraîneur: Fernando Riera
ASSE: Carnus - Durkovic, Mitoraj, Bosquier, Polny - Jacquet, Herbin - Fefeu, Revelli, Mekloufi, Bereta. Entraîneur: Albert Batteux



Les faits du match
Il y a 10 ans, à 5 mois près, tout commençait pour l'ASSE en Europe. L'ASSE disputait son premier match sur la scène continentale à l'occasion de la Coupe Latine 1957. Son adversaire: le Benfica Lisbonne pour une défaite 1-0.
Mais en 1967, les Verts ne sont plus ce qu'ils ont été: des apprentis démunis. Pour autant, ils ne sont pas encore ce qu'ils vont devenir. Pour la première fois cependant, le public commence à les suivre. En ce soir de novembre, ils sont une centaine de pionniers enrubannés à faire le grand saut vers Lisbonne.
Une petite tache verte dans la petite tribune du stade de Benfica.
Jacques Ferran écrit: "Ils ont l'air de gens étonnés, mal habitués à ce genre d'expédition et légèrement inquiets". Ils ne tardent pas à se rassurer bientôt. La mise en train de leur équipe laisse augurer une bonne partie.


Rachid Mekloufi avec le capitaine lisboète Mario Coluna

La machine portugaise, déjà titrée en Europe, tarde à trouver la bonne carburation. Le premier tir de la partie est l'oeuvre d'Eusebio, le grand Eusebio, génie du football portugais. Sans surprise. Sans danger pour Georges Carnus non plus. Bien plus dangereux pour le gardien de Sainté, ce corner tiré en puissance par Eusebio encore.
Mais c'est au moment où l'on croit que Benfica va concrétiser sa domination, que Fefeu, ailier sautillant, parvient à récupérer la balle et à centrer sur la tête de Hervé Revelli. Celui-ci catapulte le ballon dans le but portugais. On croit au miracle. L'arbitre, lui, a vu un hors-jeu. Alors Benfica, touché dans son orgueil, accélère. A la suite d'un corner tiré encore par Eusebio, Augusto surprend Carnus d'une tête subtile. Au lieu de mener 1-0, les Verts sont menés 1-0.

Pourtant, ce but décontracte les Stéphanois. A plusieurs reprises, ils inquiètent Enrique le gardien portugais. A la suite d'une erreur de Cavem, Bereta a même une occasion en or. Qu'il manque. Une faute de sang-froid.

 


L'inarrêtable Eusebio poursuivi par Herbin et Jacquet


A la reprise, les Verts ont la déveine de perdre Fefeu. Celui-ci tombe en porte à faux, il ne se relève pas. Réduits à 10, les champions de France parent au plus pressé. Bosquier sauve une balle sur l'extérieur de la barre transversale. La défense est courageuse mais surgit Simoes: un slalom, un crochet court et Bosquier qui le fauche. C'est le penalty. Dix pas d'élan pour Eusebio et une frappe à crever les filets. L'ASSE, qui méritait mieux, garde ses chances, mais le Benfica a réalisé le coup parfait.


Eusebio met Jacquet et Bosquier au supplice durant tout le match


Le Saviez-vous ?
- Le match retour ne verra pas l'exploit tant attendu: l'ASSE s'imposera pourtant 1-0 à Geoffroy-Guichard (but de Bereta), un score insuffisant pour continuer plus loin dans la compétition. Les Verts réussiront malgré tout leur premier doublé Coupe-Championnat.

- Au tour précédent, les Verts avaient pourtant facilement éliminés les Finlandais du Kuopio Palloseura (2-0, 3-0). C'est leur 4e participation en Coupe d'Europe (la 3e en C1), déjà leur 11e match européen mais ils ne feront pas mieux que les 8e de finales avant la fameuse édition 1974-75.

- Déjà bourreau de Glentoran (Irlande du Nord) au tour précédent, le Benfica éliminera ensuite le Vasas SC (Hongrie) et la Juventus de Turin (Italie) avant de s'incliner en finale de la C1 face au Manchester United de Matt Busby. Il sera néanmoins sacré Champion du Portugal en fin de saison.

- Eusebio, le buteur portugais (mais originaire du Mozambique) est alors l'un des meilleurs joueurs du monde: vainqueur de la C1 en 1961 et en 1962, meilleur buteur de la Coupe du Monde 1966 et Ballon d'Or 1965, il jouera pour le Benfica jusqu'en 1975 avant de terminer sa carrière aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique. Celui qui présente un bilan étourdissant de 473 buts en 440 matches (!) décèdera en janvier 2014, à l'âge de 71 ans.

- Mario Coluna, surnommé O Monstro Sagrado (le Monstre Sacré), est le capitaine emblématique du Benfica Lisbonne, où il jouera 16 ans, de 1954 à 1970. Lui aussi originaire du Mozambique, auteur de 150 buts en 677 matches avec son club, il retrouvera l'ASSE à trois reprises (pour 3 défaites) après avoir rejoint l'Olympique Lyonnais en 1970. Redevenu Mozambicain en 1975 et même ministre de la Culture et des Sports dans son pays, il s'éteindra à Maputo en 2014, quelques jours après son ami de toujours Eusebio.

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L'unique buteur du match retour, Georges Bereta dira au sujet de ce match: "Je garde évidemment un très bon souvenir d'Eusebio. Quand on l'a affronté, on a essayé de l'étouffer, du coup il a eu très peu d'occasions de tirer au but. J'ai souvenir que sur un coup franc que je devais tirer, il avait essayé de me déstabiliser. Il m'avait mis un doigt par derrière ! (rires) Il voulait me dire: "Si tu frappes, tu le sors". Il faisait tout pour gagner le match, c'était dans les normes."



Une vraie rencontre de Coupe d'Europe avec
ses coups, ses blessés, ses vices... et ses talents


Sources:
Coupes d'Europe Story - Les Verts 1957/1981 - Patrick Mahé, Dominique Grimault
- L'Equipe du 17/11/1967
- France Football du 21/11/1967