Disputé en même temps que la finale de la Coupe Davis, ce Nantes-Sainté ne pouvait échapper à la métaphore tennistique. Le match a vu un vrai combat mais est resté tout à fait correct. Grâce à la bonne tenue générale des joueurs et à une très bonne prestation de Saïd Ennjimi. Focus sur sa gestion de l’avantage.


Le fait a souvent été répété dans cette chronique : la gestion de l’avantage est un point très important de l’arbitrage, car l’une des seules actions « positives » visibles que l’arbitre peut créer dans un match. Si vous jouez ou arpentez le bord des terrains, vous constaterez que c’est pratiquement l’unique intervention sur laquelle on peut parfois entendre un « Bien joué, Monsieur l’arbitre ». Au-delà de cette mise en valeur personnelle pour l’homme au sifflet, l’avantage constitue également un marqueur de l’état d’esprit d’un match et de la confiance accordée par les joueurs à l’arbitre. Dans un match trop tendu, laisser l’avantage devient souvent impossible car les acteurs s’arrêtent à chaque contact.

 

On ne s’attardera pas forcément aujourd’hui sur les dispositions règlementaires*, qui ont déjà été longuement décrites dans un précédent article (Voir D'avantage en avantage, de stade en stade ?) pour se concentrer sur une disposition assez récente (1996) : la capacité pour l’arbitre de revenir à la faute si l’avantage ne profite pas. Les règles sont revues par petites touches, mais cette possibilité est foncièrement un élément important de l’arsenal de l’arbitre : laisser le jeu se développer (et donc favoriser le rythme du match) tout en conservant la possibilité de ne pas pénaliser une seconde fois l’équipe victime de la faute en cas de perte de balle. Cependant, ce retour à la faute correspond à un cadre strict que je vous propose de découvrir de façon illustrée par trois actions plutôt révélatrices de ce qu’il est possible ou non de faire. Coup de chance, ces trois situations se retrouvent dans le même match, ce qui est finalement plutôt rare.

 

Première situation : le retour « classique » à l’avantage.


 

Sur cette action, Gradel est victime d’un croc-en-jambe alors que son crochet a fait la différence. Il tente de poursuivre sa course et l’arbitre laisse logiquement l’avantage, d’autant plus que l’action est prometteuse, à proximité de la surface. Seulement, l’Ivoirien ne parvient pas à conserver l’équilibre et finit par tomber, le retour d’un Nantais mettant fin à son action. Ennjimi, tout à fait conformément à la règle, revient à la première faute : la perte du ballon est bien la conséquence directe du croc-en-jambe et on est dans le délai de 2 à 3 secondes prescrit*. Cas d’école très facile à appréhender et parfaitement géré.


Deuxième situation : quand un partenaire de la victime bénéficie de « l’avantage ».


 

Ce cas est un poil moins net, car, à mon sens, l’arbitre ne laisse pas réellement un avantage se développer (*voir le point 5 de la partie Application du document joint). Stricto sensu, on ne peut pas tout à fait le considérer comme un retour sur l’avantage. Mais l’action est suffisamment typique pour mériter d’être étudiée. À la suite d’une récupération nantaise près du milieu de terrain, Nkoudou provoque Tabanou balle au pied. Pris de vitesse, le latéral stéphanois fait chuter son adversaire le long de la ligne de touche. Le ballon, poussé par l’ailier avant le contact, échoit à un coéquipier qui est contré immédiatement.

 

L’avantage n’est pas conçu pour forcément bénéficier au joueur qui subit la faute : la règle parle bien de profiter à l’équipe de la victime. Très fréquemment, un partenaire va récupérer le ballon et jouer l’avantage. Or, sur cette action, l’avantage se réalise-t-il pleinement ? À l’évidence, non : le ballon de Nkoudou n’est pas vraiment une passe faite à dessein et son partenaire est immédiatement sous la pression de Perrin. Que, dans son esprit, Ennjimi ait choisi de siffler immédiatement la faute ou de revenir sur un avantage non concrétisé est finalement peu important : sa décision est conforme, tant, pour être appliqué, l’avantage doit être net et clairement bénéficier à l’équipe qui subit la faute, ce qui n’est vraiment pas le cas ici.


Troisième situation : avantage totalement « réalisé »?


 

Après une percée plein axe, Veretout est poussé par Clément mais parvient à transmettre le ballon à Bammou qui contrôle de la poitrine et perd le ballon, cerné par la charnière centrale des Verts. Cette fois, l’arbitre ne revient pas à la faute précédente. Pourtant, comme dans le cas précédent, on est dans le délai des 2 à 3 secondes et l’avantage n’a pas profité aux Canaris.

 

Ici encore, on se trouve à la croisée de deux notions, celle de l’avantage et celle de l’épuration de l’arbitrage de haut niveau d’un maximum de petites fautes. À noter que ces deux points « techniques » poursuivent le même objectif de favoriser au maximum le temps de jeu effectif, le rythme et le spectacle des matchs. Mais il me permet d’introduire un détail méconnu et pourtant essentiel de l’application de l’avantage et du retour à la faute initiale : pour revenir au coup franc, la fin de l’avantage doit impérativement être la conséquence directe de la faute. Dans le deuxième cas ci-dessus, Nkoudou ne transmet pas réellement le ballon et Shechter ne le reçoit pas dans les meilleures conditions pour profiter de l’avantage. Ce qui valide le retour à la faute. Ici, Veretout a pu le passer avant la faute et c’est seulement, dans un second temps indépendant du premier, la qualité moyenne du contrôle qui conduit à la perte de balle. Dont acte, Ennjimi choisit de laisser le jeu se poursuivre.

 

Pour conclure, deux exemples probablement encore plus parlants sur la gestion de l’avantage :
- Le joueur passe la balle à un partenaire et sollicite un une-deux. Au moment de sa passe, il est retenu par un adversaire et n’est pas en mesure de reprendre le ballon. Décision de l’arbitre : retour à la faute initiale car l’avantage n’a pas profité à cause de la faute.
- Le joueur passe la balle à un partenaire. Au moment de sa passe, il est taclé de façon illicite par un adversaire. Son partenaire s’empare du ballon et veut passer à un troisième joueur de son équipe mais rate sa passe qui est interceptée. Décision de l’arbitre : pas de retour à la faute initiale car l’équipe n’a pas su profiter de cet avantage par sa propre maladresse et non à cause de la faute.


* L’ensemble du texte régissant le retour sur un avantage est consultable ici:

http://www.fff.fr/common/bib_res/ressources/430000/5000/140812115357_20512_circulaire_05.12_juillet_2011.pdf

 

Bonus : emmêlage de drapeau

 

 

Une action qui prête à sourire, d’autant plus qu’elle est sans conséquence. Suite à un coup de pied arrêté pour les Verts, Bayal tente d’empêcher le ballon de sortir en touche pour les Nantais. Il n’y parvient pas, mais, à la surprise générale, l’assistant donne la rentrée aux Stéphanois avant de se raviser immédiatement.

Petites questions pour vous :
- L’assistant a-t-il le droit, de lui-même, de corriger ainsi son erreur ?
- À votre avis, qu’est-ce qui provoque ainsi cette confusion dans l’esprit de l’assistant ?

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