... mais un résultat habituel : défaite au Vélodrome. Frustrant, parce que les Verts n'ont pas démérité, à la différence du précédent match chez un gros, plus tôt dans la semaine.


Le plus gros changement par rapport à la petite gifle reçue à Lille n'a pas été tactique, mais de mentalité. Les Stéphanois étaient revanchards, comme le précise Youssouf : "A Lille, c'était un non-match mais ça nous tenait à coeur de montrer que l'on a une belle équipe. Et on l'a fait au Vélodrome". Mais parfois ça ne suffit pas et si on peut apprécier l'état d'esprit affiché, "(...) le résultat est qu'on repart avec zéro point d'ici. C'est ça qu'il faut retenir" (Cabaye).

Même s'ils n'ont pas su concrétiser leurs occasions, les Verts ont réussi à déséquilibrer leur adversaire du jour en mettant de l'intensité et en produisant du jeu : "(...) ce qu'on souhaitait faire, c'est-à-dire mettre Marseille en difficulté en essayant de maintenir une certaine pression et surtout avoir de la maîtrise technique. On a retrouvé un peu de verticalité pour mettre l'OM sur le reculoir" (Printant).

Regardons tout ceci de plus près.


1MT : possession et déréglage

 
Pour la première fois de la saison en match officiel, le staff stéphanois a choisi d'aligner d'entrée une défense à 3 :

 

Un 3-4-1-2 avec Palencia et Trauco en pistons et avec Boudebouz en soutien de Khazri et Beric devant, système qui dévient un 5-2-3 en phase défensive. Mais comme toujours, l'important n'est pas le système, mais l'animation offensive mise en place à partir de lui.

Et celle de l'ASSE a eu du mal en première période, la faute surtout au marquage individuel effectué par les Marseillais au milieu du terrain. Par exemple, à la 16e, les 3 défenseurs stéphanois se passent le ballon latéralement :


Ils sont pressés par les 3 offensifs de l'OM, pendant que M'Vila et Boudebouz sont surveillés de près par des milieux axiaux. Jean-Eudes Aholou est libre, mais le 3e axial marseillais le cherche rapidement. Il avait reçu le ballon de Trauco, mais il est vite obligé de jouer en arrière avec la défense...


... qui se passe de nouveau le ballon latéralement. Comme les trois milieux stéphanois sont complètement pris, il faut passer par les côtés, avec les pistons. Mais le latéral gauche adverse monte sur Palencia...


... et Debuchy est donc obligé de jouer avec Ruffier. Comme le piston droit est de nouveau libre, le gardien de l'ASSE le cherche avec une passe lobée :


Les trois milieux sont toujours difficilement trouvables, mais le décalage est fait par la bonne passe de Ruffier et le contrôle parfait de Palencia, qui avance avec le ballon. Khazri et Beric se trouvent tous les deux dans la même zone, c'est le premier qui est cherché en profondeur, mais il perd le duel avec un défenseur et le ballon sort du terrain.


Quatre minutes plus tard, une autre relance part de Ruffier :


Les milieux adverses se trouvent toujours en marquage individuel sur M'Vila, Aholou et Boudebouz...


... mais ces derniers sont moins statiques. M'Vila et Aholou changent de place, suivis par leurs adversaires directs. Comme un ailier marseillais s'excentre pour couper l'angle de passe vers Palencia, le milieu de M'Vila monte chercher Debuchy, qui peut quand-même s'appuyer sur Boudebouz, qui avait décroché. Il a été suivi par son milieu...


... mais peut jouer avec M'Vila, qui joue en arrière avec Debuchy de nouveau. Ce mouvement a le don de libérer les milieux stéphanois de leur marquage :


Les deux milieux marseillais sont toujours dans la zone, mais Boudebouz est libre dans leur dos. Il fait un appel en latéral pour ouvrir l'angle de passe à Debuchy, il est servi et peut monter balle au pied entre les lignes adverses, le déséquilibre est créé. Aholou est toujours pris au marquage, mais Trauco, Khazri, Beric et Palencia offrent des solutions de passe :


Même si les milieux adverses reviennent, le décalage est fait à gauche, Trauco est servi... mais son centre est contré - les Verts pèchent dans la dernière passe.


Le premier tournant du match a été la sortie sur blessure aux adducteurs de Aholou après une demi-heure de jeu. Même situation que contre Brest deux semaines plus tôt et même conséquence sur le match. Le jeu stéphanois s'est déréglé suite à l'entrée de Zaydou Youssouf et avant que tout soit remis dans l'ordre, l'adversaire en a profité pour ouvrir le score. Après une action très simple :


L'ailier droit marseillais descend bas pour combiner avec son latéral. Il est suivi par Trauco (le joueur de couloir côté ASSE), M'Vila cherche un milieu axial, Boudebouz n'est pas loin d'un autre, Youssouf est au marquage du 3e (et d'un ailier très axial). Beric est sur le côté aussi pour presser l'ailier ou le latéral, les Stéphanois sont en place. Mais le une-deux entre l'ailier et l'avant-centre qui décroche est trop rapide pour les Verts : Moukoudi est trop court pour empêcher la combinaison...


... et Trauco est trop lent pour suivre l'ailier. Les deux défenseurs sont éliminés, heureusement qu'il y en a trois autres. Mais Perrin et Debuchy suivent tous les deux le milieu qui s'est projeté, Palencia est trop loin et Youssouf reste en arrière pour couvrir l'ailier qui trainait dans sa zone et l'avant-centre qui se projette rapidement. Et qui fait l'appel parfait : après avoir combiné sur la ligne médiane, il prend de vitesse Moukoudi et Youssouf, se démarque pour le centre en retrait et ajuste Ruffier - un attaquant complet.

Les Verts accusent le coup et perdent le contrôle du match jusqu'à la pause. Après avoir eu la possession (55%) et la maîtrise jusqu'à l'ouverture du score, ils ne construisent plus (44% de possession pour le reste de la 1MT).

 

2MT : changements et transitions

 
Le système de jeu n'a pas changé après la pause, mais l'approche tactique des Stéphanois, si. Il y a eu moins de possession (50-50 sur la deuxième période) et donc moins d'attaques stériles comme dans les exemples précédents. Et pourtant, les Verts ont été plus dangereux (7 tirs dans le jeu contre seulement 2 en 1MT), grâce notamment à des phases de transition bien négociées, avec du jeu vertical rapide qui suivait des bonnes récupérations de balle.

Un premier exemple commence à la 66e, avec l'ASSE présente haut dans le camp adverse pour empêcher la relance :


Beric-Khazri devant, Boudebouz en soutien, Youssouf et M'Vila au milieu. Le premier est aidé par Palencia, qui cherche un milieu adverse quand il reçoit le ballon et le glisse vers Khazri. Cette récupération haute est tout de suite transformée en attaque, avec le même Palencia qui se projette dans le couloir...


... où il est trouvé par Khazri. Comme c'est une phase de transition, la défense n'est pas en place - les défenseurs ne sont pas montés haut, mais Beric se trouve seul en 1-contre-1 dans la surface. Il est trouvé par le centre...


... et même s'il est loin, même pas visible sur cette image, M'Vila y croit et se projette vite aussi. Le défenseur empêche Beric de se retourner, mais le ballon arrive au milieu du terrain - malheureusement sa frappe est déviée en corner.


Un changement est intervenu à l'heure de jeu, Bouanga est entré à la place de Beric. Le système est resté le même, tout comme la présence stéphanoise haute dans le camp adverse :


Le gardien adverse est obligé de dégager loin. Le duel aérien est gagné de la tête par Debuchy, le ballon récupéré par des Marseillais, mais perdu de nouveau rapidement par le pressing de Youssouf. Qui lance en première intention Bouanga à gauche...


... sans réussite : le ballon arrive dans les bras du gardien. Il suit une relance courte à gauche :


Les Stéphanois n'ont pas reculé, mais Trauco se fait de nouveau prendre dans une combinaison dans le couloir, l'ailier servant le latéral cette fois-ci. Le pressing des Verts est déjoué et il y a un déséquilibre...


... surtout que Moukoudi ne peut pas défendre à gauche, étant au marquage d'un milieu et que ni Bouanga ni Trauco n'ont suivi leurs deux adversaires directs, les deux joueurs de couloir droit marseillais. Heureusement pour l'ASSE, Youssouf intercepte la passe vers l'axe du terrain. Il monte ensuite balle au pied...


... avant de servir Palencia à droite. Il y a 7 Marseillais qui défendent, les Stéphanois ne sont pas en supériorité numérique suite à cette récupération de balle, mais ils obligent la défense à défendre en reculant. Youssouf se projette, Palencia fait un grand pont sur un défenseur...


... et sert ensuite Khazri à l'entrée de la surface. L'attaquant se retourne, le tir est contré, le ballon arrive à Bouanga, son tir est dévié en corner. Toujours ce manque d'efficacité des Verts, qui n'arrivent pas à convertir les occasions créées.


Le deuxième tournant du match intervient avec la grosse blessure de Palencia, particulièrement dangereux dans son couloir droit lors de ce match. Ce deuxième changement forcé et la frustration légitime de ne pas voir le boucher marseillais se faire exclure ont fait un peu déjouer les Stéphanois. Surtout que l'entrée de Cabaye a forcé un changement de système, l'ASSE est passé dans un (4-)2-3-1 :


Youssouf a joué parfois milieu excentré, parfois en "10" quand c'est Boudebouz qui prenait un couloir. La paire des milieux défensifs a été formée par M'Vila et Cabaye, avec le deuxième moins offensif que le premier en phases de possession. Mais l'approche tactique est restée la même, avec des projections rapides quand le ballon est récupéré. Dans cet exemple, les Marseillais combinent un peu avant d'envoyer un long ballon :


Trauco repousse de la tête, le ballon arrive dans les pieds d'un Marseillais, mais M'Vila le récupère. Il joue en arrière avec Perrin...


... qui s'excentre avant de dégager n'importe comment, dans l'axe. Bouanga était collé à la ligne, mais n'hésite pas à aller au pressing...


... et finit par récupérer le ballon. Il se projette ensuite rapidement vers l'avant, élimine en vitesse deux défenseurs...


... et le 2-contre-1 stéphanois est une vraie situation dangereuse. Malheureusement la passe de Bouanga pour Khazri n'est pas assez bien maîtrisée (cette fameuse dernière passe ratée) et les Verts ne parviennent toujours pas à égaliser.

 

Conclusions

 
La semaine n'a pas été très bonne pour l'ASSE, avec deux défaites en 4 jours, 4 buts encaissés et aucun marqué. Si on veut relativiser, ce sont deux défaites à l'extérieur, dans des stades historiquement difficiles pour les Verts (plus de 40 ans sans victoire à Marseille...). Et si on veut positiver, il y a clairement eu du mieux dans le jeu produit au Vélodrome par rapport au précédent match. S'ils ont répondu présent d'un point de vue investissement, les Stéphanois se cherchent toujours tactiquement et ne sont toujours pas au point physiquement. La trêve internationale arrive au meilleur moment, elle permettra d'aligner la préparation physique de tout le monde, entre ceux qui ne se sont pas entraînés avec leur ancien club, ceux qui ont eu des petites vacances ou qui ont subi la tournée aux US. Et maintenant que l'effectif est connu, cette trêve permettra aussi au staff de définir le projet de jeu et le rôle de chacun, ainsi que le développement des automatismes. Et tout ceci sera très important, parce que des jokers ont été grillés, il faudra bien tourner et prendre un max de points en L1 et EL lors de la série de 7 matchs qui commence dans deux petites semaines.