séléctionnez une date pour un autre éphéméride

La littérature a sa Thérèse Desqueyroux, le football a son Pascal Despeyroux. À elle l’arsenic et les vieilles dentelles, à lui l’art scénique du marquage serré et des relances improbables...


On dit que nul n’est prophète dans son pays et pourtant Despeyroux est la preuve du contraire. A Toulouse, Jacques Santini décèle très vite ses qualités de joueur hyper discipliné. Libéro de formation, "Pascalou" s'impose comme n°6 et marque l'histoire du Téfécé: premier joueur à l’ouverture du centre de formation puis premier joueur issu du centre de formation à jouer avec l’équipe pro, il devient le premier joueur toulousain champion d’Europe espoirs (en 1988) et le premier joueur formé à Toulouse à être sélectionné en A.


Les débuts de Despeyroux à Toulouse

Admiratif de Beto Marcico, "un attaquant génial qui mangeait des pizzas, buvait du Coca et se couchait à 4 heures du matin", Despeyroux connaît de grands moments à Toulouse, notamment en coupe d'Europe avec la fameuse élimination du Naples de Maradona. Un Pibe de Oro à qui il explique très vite qu'il n'est pas là pour se faire enfumer...

C'est beau quand deux légendes se rencontrent pour la première fois

La consécration arrive donc rapidement avec trois sélections en équipe de France, alors qu'il est encore régulièrement appelé avec les Espoirs. Il débute en Bleu face à Israël en amical en 1988 puis face à la Suisse et enfin la Tchécoslovaquie, la même année. Ce seront ses 3 premières et dernières capes en bleu.


Pascal Despeyroux, international éphémère

Auréolé de son titre de champion d’Europe Espoirs 1988 avec l’équipe des Cantona, Blanc, Galtier et autres Thierry Gros, et fort de ce vécu toulousain, Pascalou arrive à Saint-Étienne dans les bagages de Jacques Santini à l'été 1992. Sollicité par Marseille et Nîmes, Despeyroux préfère signer un contrat de 4 ans à l'ASSE, en compagnie de son entraîneur fétiche qui lui assure du temps de jeu. A Toulouse, il a eu comme coéquipiers Christian Lopez, Dominique Rocheteau, mais aussi Laurent Roussey, Patrice Lestage et Eric Bellus: en les côtoyant, il s'est imprégné de la magie verte, et en signant chez les Verts à 26 ans, le rêve devient réalité.

Aujourd'hui encore, Despeyroux se dit fier d’avoir porté ce maillot mythique près de 140 fois, toutes compétions confondues. Jamais brillant, il essaye de tout donner pour l'ASSE avec ses qualités de joueur vaillant. Il est même capitaine lors de sa dernière saison dans le Forez, alors qu'il est très diminué physiquement. Mais sur le plan du jeu, ses trois premières saisons à Sainté sont plutôt convaincantes.


Despeyroux annonce la couleur d'entrée face au PSG de Daniel Bravo

La première saison (1992-93), il s'impose au poste de milieu défensif où la concurrence est vive à défaut d'être exceptionnelle: Jean-Claude Pagal, Maurice Bouquet, Christophe Chaintreuil, Loïc Lambert. Il annonce la couleur d'entrée en recevant son premier carton jaune lors du premier match de la saison face au PSG... à la première minute de jeu !
Despeyroux fait néanmoins une belle saison et les Verts terminent 7e avec le même nombre de points qu’Auxerre. Mais l’AJA se qualifie en Coupe d’Europe, pas Saint-Étienne. Un autre de ses grands regrets est d’échouer cette saison-là aux portes de la finale de la Coupe de France, en perdant à domicile 1-0 contre Nantes. Avec le recul, Pascalou pense que c’est le tournant du club pour les 20 années suivantes: "Si on s’était qualifiés en Coupe d’Europe, je suis sûr que le club aurait connu une période faste avec l’équipe qu’on avait, d’autant plus que Casino aurait investi davantage dans le club."


Despeyroux face à l'OL à Gerland en 1993 (photo le Progrès)

Mais d'investissement, nada. Et les trois saisons suivantes sont marquées par la lente descente aux enfers du club. La "Dream team" voulue par le duo Guichard-Larqué déçoit lors de la saison 1993-94. L’année suivante, les Verts sont sauvés de la relégation par une décision extra-sportive (L’OM se voit refuser le droit de monter en D1) et à l'issue de la dernière saison de Despeyroux sous le maillot vert (1995-96), le club descend inexorablement en D2.

Trahi par son corps, Despeyroux doit être opéré trois fois au genou par le professeur Imbert à la clinique Robespierre. Sa dernière saison en Vert, il n'aura joué qu’une douzaine de matches. Il n’avance plus. De milieu défensif, il passe libéro: "Le problème, c’est que j’étais tout sauf un technicien, et à cause de mes pépins physiques ma combativité ne suffisait plus" admet Despeyroux.

Même si son aventure stéphanoise se termine mal, Despeyroux reste attaché à l'ASSE et se remémore avec précision les deux buts qu'il a marqués sous le maillot vert: "Je me souviens évidemment du but que j’ai marqué à Geoffroy-Guichard lors de la saison 1993-94. Quelle ambiance ce soir-là ! D’ailleurs l’ambiance lors des grands matches dans le Chaudron dépassait largement ce que j’ai connu au Parc avec les Bleus. Je me rappelle que le derby était diffusé sur Canal+ et que dans le jeu, les Lyonnais nous avaient malmenés. Et pourtant on a remporté ce match 3-0. Suite à un corner joué en deux temps entre Mendy et Moravcik côté droit, "Tinou" s’infiltre dans la surface de réparation et m’adresse un super centre en retrait à ras de terre. Je reprends le ballon sans contrôler et je trompe Pascal Olmeta.


Despeyroux ouvre la marque dans le derby 1994

Le 2e but que j’ai marqué avec les Verts, c’était lors d’un match au scénario incroyable. C’était à Tours, face à Cannes. Le match avait lieu sur terrain neutre car le club avait écopé d’un match de suspension de terrain. Je me souviens avoir marqué de la tête mais ma joie a été de courte durée: sur l’engagement, Cannes attaque, un joueur centre et je me trouve sur la trajectoire du ballon. Du coup, je dévie le ballon de la poitrine et je trompe mon gardien, Grégory Coupet. Finalement, on fait match nul 2-2 mais ce but contre mon camp, j’en ai chialé ! On avait absolument besoin de gagner pour garder toutes nos chances de nous maintenir en D1"


Combo but-CSC de la tête face à Cannes en 1996

La carrière de joueur de Pascalou termine en queue de poisson, à Perpignan: là-bas, on lui propose de jouer quatre ans puis de prendre les rênes du centre de formation. Mais l'affaire capote, le club a de gros soucis, la SRPJ fait même une descente sur la pelouse. Despeyroux se bat néanmoins au côté des salariés pour la survie du club. Ayant passé son enfance dans le milieu ouvrier, Pascalou revendique son côté militant. Il raccroche les crampons en 1997.


La carrière de Despeyroux en un clin d'œil

Despeyroux reste néanmoins dans le domaine du football après la fin de sa carrière de joueur professionnel. Responsable technique du club d’Auch-Gascogne de 2000 à 2008, il chapeaute 26 équipes dont une en championnat des 14 ans nationaux. Ses fonctions sont alors très larges: gestion du budget, direction des entraînements, développement de partenariat avec des clubs amateurs. Il entraîne également l’équipe 1 qui atteint sous sa houlette deux fois de suite le 8e tour de la coupe de France.
Parallèlement, il exerce l'activité de consultant football à Sud Radio de 2001 à 2011. Même si le rugby reste le sport dominant sur cette antenne, il prend alors beaucoup de plaisir à commenter les matches de football, parlant évidemment des clubs du sud-ouest comme Toulouse et Bordeaux. Il évoque aussi très souvent Saint-Étienne, club resté cher à son cœur.


Despeyroux devient un homme de district en 2009

Revenu à ses chères études pour passer le DEF (diplôme d'entraîneur et dirigeant sportif), Pascal Despeyroux sort major de la promotion 2009 et est nommé CTD (Conseiller Technique Départemental) du district Haute-Garonne Midi Toulousain en 2011. Il est le premier ancien pro à occuper un tel poste: "J'ai toujours eu la culture club mais je me suis aussi aperçu, sur des formations de cadres ou des réunions techniques avec des éducateurs, qu'il y avait autre chose que le seul plaisir d'entraîner. Mes tâches prioritaires ? La formation des cadres techniques, bien sûr, où, avec la carrière que j'ai eue, il y a forcément une certaine crédibilité. La détection des jeunes, ensuite. C'est un district qui m'est cher, avec lequel j'ai toujours entretenu une relation particulière. C'est ici que tout a commencé pour moi, avec une sélection en minimes de la Haute-Garonne, puis une en cadets de Midi-Pyrénées. Le terrain commençait à me manquer. En plus, mes racines géographiques et sentimentales me ramènent vers ce qui a toujours été ma vie, le terrain l'odeur des vestiaires"

Et ainsi la boucle est bouclée...