Premier match de la nouvelle saison et première analyse de la tactique mise en œuvre par les Verts. Et on peut dire que ce match de Coupe d'Europe, contre un adversaire avec une longue histoire européenne, a été riche en choix tactiques des deux côtés.


Jouer contre un bloc en 4-4-2

 
Souvent les équipes défendent dans un système 4-4-2, un bloc défensif qui couvre bien toute la largeur du terrain. Comme les Verts rencontreront souvent ce type de défense, il y aura probablement toute une suite d'articles pour illustrer les différentes types d'attaques possibles. Mais pour l'instant, commençons avec les bases.

 

Dans un bloc en 4-4-2, le premier rideau défensif (les "2") est censé empêcher la relance en faisant un pressing sur les défenseurs centraux adverses. Le deuxième rideau (les "4" au milieu) a le rôle de coulisser de gauche à droite pour couper les trajectoires de passe vers les attaquants. Finalement, entre les deux lignes de 4 il y a un espace "vide", très réduit dans le cadre d'un bloc "compact". La qualité d'un bloc en 4-4-2 dépend de ces trois éléments : le pressing du premier rideau, le positionnement et déplacement en largeur du deuxième et l'espace entre les deux lignes de 4.

 

 

Dans le schéma ci-dessus, les Verts attaquent contre un bloc en 4-4-2... et pour l'instant seulement 9 joueurs de champs sont représentés : l'avant-centre qui occupe la défense centrale, deux joueurs dans chaque couloir, deux milieux axiaux et les deux défenseurs centraux de qui part la relance.
 
Dans une approche classique, le dixième joueur de champ est le meneur de jeu positionné entre les lignes adverses - son rôle c'est de se démarquer là-bas, recevoir le ballon et orienter le jeu dans les 30 derniers mètres. Cependant, il existe une autre possibilité, de plus en plus utilisée dans le foot moderne, placer le meneur de jeu dans un endroit moins encombré :
 
 
On obtient ainsi une équipe qui attaque en 4-3-3, système qui abandonne donc l'espace entre les lignes adverses, mais qui a d'autres avantages. Le positionnement des joueurs crée des trajets de passe naturels pour amener le ballon sur l'aile (en noir) et favorise aussi le jeu en triangle sur les côtés (en blanc). De plus, si les deux défenseurs centraux peuvent avoir du mal à relancer proprement sous le pressing de deux adversaires, le fait de placer un milieu central assez bas permet de se défaire plus facilement de ce pressing.
 

L'approche verte

 
Les Verts ont joué dans ce système contre l'AEK, avec Selnaes dans le rôle de ce milieu axial reculé. A trois, ensemble avec Perrin et Pogba, ils se sont calmement sorti du pressing du duo adverse, en sortant tous les ballons proprement. 
 
En même temps, Galtier n'a pas abandonné l'espace entre les lignes adverses non plus. Il a choisit de démarrer avec deux ailiers inversés : Hamouma, droitier, à gauche et Tannane, gaucher, à droite. Un ailier qui joue "sur son mauvais pied" a tendance à aller vers le centre du terrain, donc vers cet espace entre les lignes.
 
 

 

Il est fort probable que l'analyse vidéo de l'adversaire avait permis à notre coach de remarquer des failles dans le bloc adverse, moins compact que ce qu'on rencontre souvent dans la Ligue 1 et avec des milieux qui coupent moins bien les trajectoires de passe.
 
Les meilleures attaques vertes sont ainsi survenues quand nos excentrés ont pris cet espace axial entre les lignes. Tannane plutôt en venant avec le ballon de son côté, Hamouma plutôt en faisant des appels pour le recevoir dans cet espace. Comme lors des deux seules frappes cadrées du match, dans les cinq dernières minutes de la première mi-temps, voici à titre d'exemple la passe de Selnaes (S) pour l'appel de Hamouma (H) à la 44ème minute :

 

 

Malheureusement pour nous, le coach adverse n'est pas un débutant et il a pris les mesures nécessaires à la pause. Comme remarqué par plusieurs potonautes, en 2ème mi-temps l'AEK a joué avec un milieu entre les lignes, défendant ainsi en 4-1-4-1. Ça a permis à Selnaes d'avoir plus de liberté, de monter plus haut, il n'avait plus besoin d'aider les centraux se défaire d'un pressing de deux adversaires. Par contre, le milieu adverse placé entre les lignes rendait plus difficile la tactique de trouver Hamouma là-bas, ou au moins de le trouver dans des bonnes conditions. Dans la capture d'écran ci-dessous on voit bien le même appel de Hamouma (H), mais dans un  4-1-4-1 adverse (le milieu gauche d'AEK n'est pas visible, il est représenté par "AEK") :

 

 

Malheureusement les Verts ne se sont pas adaptés au nouveau système adverse, probablement pour ne pas trop se découvrir. L'approche classique contre un 4-1-4-1 est de passer par les côtés et bouger le bloc de gauche à droite jusqu'à ce que des espaces se créent. Mais ça implique un apport offensif important des latéraux, risque que Galtier ne voulait pas prendre à la maison dans ce type de confrontation.

 

Conclusions

 
Pour ce premier match de la saison, les Verts se sont trouvés face à un bloc 4-4-2 avec quelques failles qui ont été exploitées par la tactique mise en place, malheureusement pas jusqu'au bout. Un autre bloc leur a été proposé après la pause, mais la tactique n'a pas été adaptée en conséquence, probablement par précaution. D'autres tactiques sont évidemment possibles pour venir au bout de ces systèmes défensifs et les Verts les mettront sûrement à l’œuvre cette saison - on ne ratera pas l'occasion de les décrire dans les prochains articles.