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Quand les Bleus affrontent la Squadra Azzura en quart de finale de la Coupe du Monde, c'est forcément une belle empoignade. Récit d'une journée particulière sur le chemin des champions du monde français de 1998....


La feuille de match
Vendredi 3 juillet 1998 - Coupe du Monde - Stade de France (Saint-Denis, France)
Quart de finale: France 0-0 Italie (4-3 tab)
Spectateurs: 78.000 - Arbitre: M. Hugh Dallas (Écosse)

Tirs au but manqués:
 Albertini et Di Biagio pour l'Italie. Lizarazu pour la France

France: Barthez, Thuram, Blanc, Desailly, Lizarazu, Deschamps, Petit, Karembeu (Henry 65e), Zidane, Djorkaeff, Guivarc’h (Trezeguet 65e). Entraîneur: Aimé Jacquet.
Italie: Pagliuca, Bergomi, Cannavaro, Costacurta, Maldini, Pessotto (Di Livio 90e), Di Biagio, D. Baggio (Albertini 52e), Moriero, Del Piero (R. Baggio 67e), Vieri. Entraîneur: Cesare Maldini.

Le contexte du match
Au tour précédent, les deux sélections se sont qualifiées dans la douleur, toutes deux sur le score de 1-0. Les Italiens se sont débarrassés de la Norvège grâce à un but de Vieri, tandis que les Français ont dû attendre la 113e minute de la prolongation et un but de Laurent Blanc pour éliminer le Paraguay.

France-Italie est donc le premier choc de ces quarts de finale. Plusieurs joueurs français évoluent dans des clubs italiens et connaissent parfaitement leurs adversaires: c’est le cas de Zidane et Deschamps à la Juventus Turin, Desailly au Milan AC, Djorkaeff à l’Inter Milan, Candela à l’AS Rome, Boghossian et Thuram à Parme… En face, beaucoup de leurs partenaires de club sont présents, ce qui ajoute du piment à cette rencontre.

Aimé Jacquet récupère pour l’occasion Zinedine Zidane, de retour après deux matchs de suspension. Il fait confiance à un troisième milieu récupérateur en la personne de Karembeu pour épauler Deschamps et Petit dans l’entrejeu et aligne Guivarc’h seul en pointe (soutenu par Djorkaeff et Zidane). Côté italien, ce sont Vieri et Del Piero qui sont chargés de l’animation offensive, Roberto Baggio devant se contenter du banc au coup d’envoi.


Zidane fait son retour dans la compétition et fait vivre un enfer à Pessoto

Les faits du match
Le tour précédent contre le Paraguay avait déjà été plus que stressant. Ce France-Italie repart sur les mêmes bases. Les deux équipes se connaissent bien, se neutralisent et les occasions sont rares. Le match est tendu, on se craint de part et d’autre. Zidane et Del Piero tentent bien d’imposer leur virtuosité technique, Djorkaeff essaie bien quelques frappes mais au bout du compte il n’y a pas vraiment d’action dangereuse. En face, Vieri fait admirer son jeu de tête mais la défense centrale des Bleus le serre de près.

Peu après l’heure de jeu, les entraîneurs Aimé Jacquet et Cesare Maldini décident de jouer leurs derniers atouts. A la 65e minute, la France effectue deux changements simultanés. Henry et Trezeguet remplacent Karembeu et Guivarc’h, ce qui donne un visage plus offensif à l’équipe de France. A une époque où l’on ne s’embarrassait pas encore de questions existentielles pour savoir s’ils sont complémentaires, ce sont donc deux gamins de même pas 20 ans qui vont aller se frotter à l’arrière-garde expérimentée des Transalpins (Bergomi, Cannavaro, Costacurta, Maldini). Côté italien, Roberto Baggio remplace Del Piero à la 67e minute. C’est d’ailleurs lui, le "Divin Codino" qui dans les prolongations se crée la meilleure occasion du match, son ballon flirtant avec la lucarne de Barthez avant de passer à côté. C'aurait été le but en or, cette fois contre les Bleus.
Mais non. Le score reste de 0-0 et les deux équipes comprennent que la qualification va se jouer aux tirs au but.


Baggio échoue face à Barthez, sans doute le tournant du match

La séance de tirs au but
Il est 18H et la France entière a cessé son activité. Dans les bars, les maisons, les entreprises, tout le monde est rivé devant sa TV pour suivre une des plus étouffante séance de tirs au but de l'histoire des Bleus.

Les deux stars Zidane et Roberto Baggio sont chargées de montrer la voie en frappant les premières. Elles ne tremblent pas et marquent toutes les deux. C’est ensuite au tour de Lizarazu de s’avancer au devant de Pagliuca. Peu habitué à l'exercice, le Basque frappe un peu trop mollement et voit le portier transalpin détourner sa frappe. Stupeur au Stade de France !
Le doute n’envahit cependant pas trop longtemps le camp français puisque Barthez remet immédiatement les deux équipes à égalité en arrêtant la frappe de Demetrio Albertini.


Barthez sauve la France en repoussant la tentative
d'Albertini juste après le raté de Lizarazu

Ouf ! Troisième tireur français, David Trezeguet résiste à la pression et transforme son tir au but sans trembler. Costacurta l’imite et les deux équipes en sont à 2-2. L’autre jeune pousse de l’attaque des Bleus, Henry, marque à son tour. Vieri en fait de même pour les Italiens: 3-3.

Il ne reste plus qu’un tireur de chaque côté. Laurent Blanc s’avance et marque pour la France en titrant en plein milieu. Si Di Biagio rate, la France est en demi-finale. L’Italien, comme à son habitude, frappe en force. Mais sa course d'élan est trop faible et le ballon prend de la hauteur. Trop de hauteur. Sa frappe s’écrase sur la barre transversale. 4-3. C’est fini. Le rêve est en marche pour les Bleus.


Di Biagio face à Barthez: un instant d'éternité

Le Saviez-Vous ?
- La France remportera la Coupe du Monde pour la première fois de son histoire en se débarrassant ensuite de la surprenante Croatie (2-1) et du Brésil en finale (3-0).

- Deux ans plus tard, les Transalpins auront l'occasion de rendre la monnaie de leur pièce aux Français lors de la mythique finale de l'Euro 2000. Las, malgré un but de Delvecchio et une belle résistance à la domination des Bleus, la Squadra Azzura se fera rejoindre dans le temps additionnel par Wiltord puis pliera rapidement sur un but en or de David Trézeguet.

- C'est dur pour l'Italie qui a fait un beau tournoi mais les Azzuri prendront leur revanche en remportant la finale de la Coupe du Monde 2006 face à la France... aux tirs au but !

- Roberto Baggio a ce jour-là à cœur de transformer son tir au but. En effet, le fantastique attaquant italien, Ballon d'Or 1993, avait justement échoué dans cet exercice 4 ans plus tôt... en finale de Coupe du Monde. Il avait envoyé le tir au but décisif dans le ciel de Pasadena, offrant son 4e titre au Brésil.

- C'est la dernière fois que l'on voit Costacurta, Pagliuca et Bergomi sous le maillot azzuri. Le dernier cité avait quand même été sacré champion du monde en 1982 !

- Fabien Barthez, le portier bleu pourtant pas un grand spécialiste de cet exercice, restera dans les mémoires pour son incroyable décontraction lors de la séance des tirs au buts. Mort de rire avant d'aller prendre sa place dans les buts, il déclare à un coéquipier: "J'ai la gigitte. Les poils du cul qui s'agitent". Décisif face à Albertini, il ne fait pas attention au score et est donc le dernier à comprendre que la France est qualifiée après le tir raté de Di Biagio.

- Lors de la séance de tirs au buts, le défenseur français Vincent Candela, remplaçant mais coéquipier de Di Biagio à l'AS Rome se fait visionnaire: "Regarde la mine qu'il va mettre, il va tirer au dessus" déclare t'il face à la caméra de Stéphane Meunier dans le documentaire "Les Yeux dans les Bleus". Bingo !

- La France remporte ici la 3e séance de tirs au but de son histoire en tournoi majeur (après France-Brésil 86 et France-Hollande 96). En revanche, elle n'en a plus gagné une seule depuis...