Une petite analyse tactique pour une petit match des Verts à Lille.


Pour son premier match d'entraîneur principal de l'ASSE, Julien Sablé a décidé de jouer la carte de la sécurité, avec une équipe ultra-défensive. Dans la continuité de son prédécesseur, des joueurs ont été placés à des postes inhabituels : Pajot s'est retrouvé milieu excentré droit (une première pour lui à l'ASSE) et Dabo en soutien de l'avant-centre (ou milieu offensif haut). Une première pour lui aussi cette saison, mais Galtier l'avait déjà essayé en janvier en Coupe de France à Auxerre, avec la réussite qu'on connaît.
 
 
Ce 4-4-1-1 des Verts a du sens quand on regarde Lille jouer. Même si théoriquement ils jouent en 4-2-3-1, le triangle au milieu est plutôt pointe basse quand ils ont le ballon (ce qui arrive très souvent, Lille ayant la meilleure possession de L1 après le PSG). La sentinelle (le "6") est l'organisateur du jeu et il y a 4 joueurs (les deux ailiers, le "8" et le "10") qui sont prêts à recevoir le ballon. Le choix stéphanois a donc été de faire un marquage individuel sur le 6 - le rôle de Dabo - et de mettre une ligne de 4 milieux, une ligne très serrée, même les deux excentrés Pajot et KMP étant plus dans l'axe que sur le côté.
 
Ce positionnement axial des excentrés permet de prendre chaque milieu axial adverse à deux (Pajot-Maïga d'un côté, Selnaes-KMP de l'autre) - vu le dézonage permanent des Lillois, ce surnombre est rassurant. Et quand un latéral adverse prend le couloir, l'excentré stéphanois doit sortir le bloquer. Comme par exemple dans cette capture d'écran où on voit bien le bloc Vert et la sortie de KMP pour chercher Malcuit :
 
 

 

Les failles

 
Le plan de jeu de l'ASSE a été donc assez simple : on laisse la possession à l'adversaire, on l'empêche de construire (marquage individuel sur le 6) et on densifie l'axe. Ça oblige les adversaires de passer par les côtés, avec les latéraux, ce qui malheureusement représente un des leurs points forts, surtout quand la qualité du jeu collectif est au rendez-vous, comme sur l'exemple suivant.
 
A la 31e, Lille démarre une attaque à partir de sa défense :
 
 
Bamba et Dabo coupent les possibilités de passe vers le 6, les 4 milieux sont dans l'axe pour surveiller le 8 et le 10. Le ballon est donné au latéral droit. KMP étant loin de lui, il a le temps de chercher des solutions :
 
 
KMP est obligé de le chercher, le 10 fait un appel dans la zone libérée, Maïga le suit, alors le 6 fait un appel dans la zone libérée... pas suivi par Dabo. Pire, RPG se trouve très loin de l'ailier adverse (son adversaire direct, qui est facilement trouvé - KMP partant de loin, ne peut pas fermer l'angle de passe. 
 
 
L'ailier adverse trouve le 6 derrière la ligne des milieux, qui a été donc traversée dans 2 passes, et Malcuit fait un appel dans le couloir...
 
 
... pas suivi par KMP (remarquez comment ils étaient un à côté de l'autre sur la capture précédente et la distance qui les sépare 3 secondes plus tard). Le latéral lillois reçoit le ballon, l'ailier lui propose une solution...
 
 
... et heureusement pour l'ASSE Perrin intercepte la passe pour l'avant-centre, dans une situation de 4-contre-4 dans la défense. Pour la suite de l'action, le capitaine remonte un peu avec le ballon, avant de chercher KMP dans son couloir (le latéral étant monté, c'est une possibilité de contre), mais sa passe va directement en touche. Comme un symbole.
 
 
C'était une merveille de jeu collectif, typique pour les équipes de Bielsa, avec des passes en diagonale, mais toujours vers l'avant, grâce aux appels dans les espaces. Un jeu qui a réduit en miettes le bloc stéphanois sur le côté droit, mais il faut aussi souligner que les Verts l'ont rendu possible avec leur placement loin des adversaires directs ou le manque de conviction quand il faut suivre son adversaire qui fait un appel...
 
 
 

Des conclusions...

 
... on ne peut pas en tirer, après un seul match, préparé pendant seulement deux jours par le nouveau staff. On a laissé jouer les Lillois sur des points forts (possession du ballon, jeu sur les côtés), sans les défier sur leur point faible (fébrilité défensive), avec des joueurs stéphanois très en manque de confiance. Le match suivant, la réception de Strasbourg, sera plus révélateur : un adversaire théoriquement plus faible, à domicile, avec plus de temps pour le préparer. De plus, c'est un concurrent direct pour ce qui est le nouvel objectif de l'ASSE cette saison et ça sera probablement le dernier match dans un Geoffroy-Guichard avec des kops pleins avant 2018...
 
 
 
 

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