séléctionnez une date pour un autre éphéméride

De jeune espoir de l'ASSE à sélectionneur des Espoirs français, retour sur le plus stéphanois des Bleus du XXIe siècle...


C’est le 18 mars 1977 que le petit Willy voit le jour dans la ville alors dorée du football hexagonal, à Saint-Étienne, deux jours après le rendez-vous héroïque de Liverpool. Est-ce de ce timing particulier qu'il développe précocément un talent inné pour le football ?
Originaire de Saint-Didier-en-Velay, c’est en fait à Montfaucon, tout à côté, que le jeune Sagnol fait ses premiers pas de footballeur. Entre les verts pâturages de sa campagne et la verte pelouse de Geoffroy Guichard, il n’y a qu’un pas qu’il franchit allègrement.


Premier match en pro pour Sagnol face à Giuly lors du derby 1996

En 1990, il intègre le centre de formation de l’ASSE. D’aspect chétif et malingre, le dirigeant du centre de formation et futur recruteur du club, Christian Larièpe, lui explique qu’avec un tel gabarit, il ne percera jamais en pro… 
Mais Sagnol possède une bonne fée qui s'est penchée sur son berceau un soir de mars 1977: Dominique Bathenay, fraîchement nommé entraîneur au début de l’année 1996, se dit qu’il faut sauver Willy. Avec l'accord de Larièpe et Bossis, qui lui avaient offert son premier match pro le 27 février de la même année (un mémorable 1-1 dans un derby où il avait accompli unmatch courageux au marquage de Ludovic Giuly, Babatte entrevoit en lui des qualités de battant supérieures à la moyenne. Son entrée dans le onze vert lors de cette saison 1995-96, lui permet de fouler par 10 fois les pelouses de D1, mais ne peut empêcher le club d’être relégué.


Sagnol à la lutte avec Laurent Blanc, face à Auxerre en avril 1996

L’année suivante, en D2, il devient l’une des pièces maîtresses de l’effectif, en disputant 36 matches pour un but (un magnifique coup franc contre Toulouse). Il évolue même le plus souvent, en position de libéro où sa maîtrise technique fait merveille. Il est également appelé en équipe nationale junior et atteint les quarts de finale du championnat des -20 ans.

Les millionnaires de la Principauté le repèrent sans tarder et la situation financière de l'ASSE étant au plus mal, c'est avec regret mais avec le sentiment d'aider son club qu'il rejoint en 1997 le Rocher où il gagne d’emblée le "glorieux" Trophée des Champions. En 3 saisons au pays de Stéphanie, le Stéphanois cumule comme un ouragan 71 matches de championnat, 18 soirées européennes et surtout un titre de champion en juin 2000. Il se décide alors à franchir le Rubicon et la frontière allemande pour succomber aux appels des riches sirènes des bords du Rhin (montant du transfert: 6,3 M€).


Sagnol atteint les demi-finales de C1 avec l'AS Monaco en 1998

C’est au Bayern de Munich que Willy Sagnol va écrire les plus belles pages de sa carrière. Les ailiers gauche de tous les clubs de Bundesliga apprennent alors à connaître les interventions solides, les relances millimétrées et le sens de la passe de l’enfant du Forez. Il s’impose assez facilement au sein de la défense du FC Hollywood, sur le flanc opposé à celui de son ami et compatriote Bixente Lizarazu. Il est ainsi l’un des artisans des victoires du Bayern dans son championnat en 2001, 2003 et 2005, en Coupe d’Allemagne 2003 et 2005, mais aussi et surtout, cerise sur le gâteau, en finale de la Ligue des Champions 2001 !
Il complète d'ailleurs sa fabuleuse année 2001 par une Coupe Intercontinentale et une finale de la SuperCoupe d’Europe. La précision de sa passe lui permet régulièrement de bien figurer au classement des meilleurs passeurs décisifs du club. En 2003-04, une opération au genou, un bras fracturé et une blessure à la cheville limitent néanmoins à 20 le nombre de ses matches disputés. Malgré de nombreux raids offensifs, il doit cependant attendre 66 matches avant d’inscrire son premier but sous les couleurs bavaroises.


Willy Sagnol sous les couleurs du Bayern en Champions League 2004

Son arrivée au Bayern, club médiatique, met en lumière l’excellence de ses performances. Roger Lemerre le sélectionne alors chez les Bleus juste après le triomphe de l'Euro 2000. Il gagne avec ce dernier la Coupe des Confédérations en 2001 (décidément) au Japon, un trophée qu'il remportera de nouveau en 2003 dans son pays. Seulement, l'année qui suit n'est pas une réussite avec ce terrible Mondial 2002, le sélectionneur des Bleus ne l'aligne pas et l'équipe de France sombre dès le premier tour. Roger Lemerre est alors licencié par la Fédération Française et Willy Sagnol, qui n’a jamais ni sa langue ni son tacle ravageur dans sa poche, ne cache pas à la presse son désaccord avec le sélectionneur.
En août 2002, Jacques Santini est nommé nouveau sélectionneur de l'équipe de France. L'ancien Stéphanois fait confiance à Willy et fait souvent appel a lui lors les matches éliminatoires de l'Euro 2004. Malheureusement (ou heureusement, c'est selon), ce dernier se blesse pendant la phase finale et ne participe pas au naufrage en quarts de finale face à la Grèce (0-1), lors duquel son pendant Lizarazu se fait ridiculiser. Le nouveau sélectionneur, Raymond Domenech compte alors sur ce brillant défenseur pour relancer les Bleus en vue d’un mondial qui aura un peu lieu chez lui.


Sagnol prend le dessus sur Streller lors de France-Suisse (WC 2006)

La Coupe du Monde 2006 sera l'apothéose de sa carrière. Inflexible sur le côté droit de la défense, Sagnol enchaîne des performances de niveau mondial et prouve à tous, au sein d'une équipe de revenants, qu'il est l'un des meilleurs à ce poste, sinon le meilleur. Ses matches contre le Portugal, le Brésil ou l'Espagne sont à montrer dans toutes les écoles de football et ni Ronaldinho, ni Cristiano Ronaldo ne parviendront à le prendre à défaut. Mais il échoue, comme ses compères, lors de cette finale maudite contre l'Italie, au terme d'une compétition qu'il aura comme toujours survolée, inscrivant le dernier tir au but français de la séance.

Après le Mondial, et malgré sa quarantaine de sélections, Willy commence à souffrir de blessures récurrentes annonçant la fin de sa carrière. Il participe bien au calamiteux Euro 2008 qui sonne le glas de la génération 98 mais il est temps pour lui de laisser la main à de plus jeunes que lui. Latéral droit teigneux, accrocheur, parfois chambreur sur le terrain et en dehors, mais aussi capable de distiller une passe à la façon d’un vrai numéro 10, Sagnol annonce sa retraite sportive début 2009 avec 58 sélections au compteur et près de 500 matches en pro. Il n'aura connu que 3 clubs dans sa carrière. Coupe du Monde et Euro auront été les seuls trophées majeurs manquant à son palmarès.


La carrière sportive de Willy Sagnol en un clin d'oeil

Sa retraite consommée, il devint brièvement consultant chez Canal+ avant d'être nommé au conseil de surveillance de l'ASSE en janvier 2010. Il quittera ce poste en mai de la même année, après avoir proposé en vain de prendre plus de responsabilités.
Désireux de revenir plus près du terrain, l'ancien international français travaille quelques temps au sein de la cellule de recrutement du Bayern Munich puis est nommé en octobre 2011, manager des équipes de France de jeunes. Après un intérim en tant que sélectionneur des U20 français, il prend en main l'équipe Espoirs au début de la saison 2013-14 mais démissionne un an plus tard à peine.


Sagnol coache les Espoirs, ici au Ray en 2013

Et pour cause: il est nommé entraîneur des Girondins de Bordeaux en mai 2014, en remplacement de Francis Gillot.
Il est alors l'un des petits nouveaux de la L1, avec notamment deux autres anciens Verts, Patrice Garande (Caen) et Jean-Luc Vasseur (Reims). Si ses débuts sont très prometteurs (Bordeaux fait la course en tête lors des premières journées), Sagnol se fourvoie en novembre de la même année lors d'une interview durant laquelle il crée la polémique pour des propos maladroits: "Tant que je serai entraîneur des Girondins, il y aura beaucoup moins de joueurs africains qui rejoindront les rangs de Bordeaux (...) L'avantage du joueur - je dirais typique - africain: il n'est pas cher, généralement prêt au combat, on peut le qualifier de puissant sur un terrainMais le foot, ce n'est pas que ça, c'est aussi de la technique, de l'intelligence, de la discipline. Il faut de tout. Il faut des Nordiques aussi. C'est bien les Nordiques, ils ont une bonne mentalité"
Au centre de la tourmente médiatique, Sagnol fait profil bas et s'excuse publiquement en se reconcentrant sur son rôle d'entraîneur. Une attitude qui lui réussit puisque Bordeaux titillera les Verts jusqu'à la fin de la saison. Mais la déliquescence progressive de son équipe le conduira à être remercié au printemps 2016 à la suite d'une mémorable déroute 4-0 à Toulouse.


Sagnol fait son retour à Geoffroy-Guichard sur le banc bordelais en 2014

Après avoir pris un peu de recul, peut-être pour méditer sur la condition raciale du footballeur, Willy rentre à la maison. Enfin, pas à Sainté même s'il tente toujours d'y exister médiatiquement mais à Munich où le Bayern, lui aussi très arrangeant avec ses glorieux anciens, lui propose un poste d'adjoint de l'entraîneur Carlo Ancelotti.
Après l'éviction de ce dernier, il assure l'intérim en tant que coach principal durant une petite semaine le temps que Jupp Heynckes ne lui succède.
Suite à cette petite aventure bavaroise, Willy se reconvertit comme consultant sportif à la TV et à la radio, histoire d'encore imiter son double Bixente Lizarazu mais c'est en 2021 qu'il se distingue enfin en acceptant de prendre les rênes de la sélection de Géorgie. Une petite nation de football, il est vrai, mais qui compte alors les joueurs les plus prometteurs du Caucase...


Sagnol sur les hauteurs de Tbilissi en Géorgie (photo L'Équipe)

Bagarreur, franc du collier, opiniâtre et au final libre dans sa tête, Willy Sagnol est sans doute le footballeur stéphanois le plus talentueux des trois dernières décennies. Il faut remonter à l'Épopée des Verts pour retrouver trace de joueurs du cru ayant réussi à se hisser sur le toit du monde footballistique. Mais lui n'aura pu mettre son talent au service de l'ASSE bien longtemps, la faute à un destin farceur qui aura fait évoluer l'un des meilleurs joueurs de l'histoire de l'ASSE dans l'une des plus mauvaises équipes de l'histoire de l'ASSE...