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Joueur intelligent et régulier, chef de défense expérimenté, Sylvain Kastendeuch a su se faire apprécier sur et en dehors du terrain.
Portrait de l'un des meilleurs de sa génération, que ce soit pour défendre son but ou les droits des footballeurs...


Sylvain KASTENDEUCH
Né le 31 août 1963 à Hayange (57)
Taille: 1,80m
Poids: 72 kg
Poste: Défenseur central
Palmarès: Coupe de France 1988 (Metz), Coupe de la Ligue 1996 (Metz), Vice-champion de France 1998 (Metz)


Printemps 2000. L’AS Saint-Etienne reçoit le FC Metz. Devant l’entrée de Geoffroy-Guichard, le bus messin arrive. Si les quelques sifflets "réglementaires" qui accueillent traditionnellement l’équipe adverse se font entendre, un groupe de supporters entonne un tout autre refrain, beaucoup plus rare: "Kastendeuch ! Kastendeuch !" crient-ils en brandissant leurs écharpes vertes. Un joueur adverse dont le nom est scandé avant même qu’il ait posé le pied sur la pelouse, l’anecdote est révélatrice de la trace laissée par Sylvain Kastendeuch dans les souvenirs des supporters des Verts! 



Sylvain Kastendeuch au FC Metz: une évolution au fil des années


Dix-huit années plus tôt, en septembre 1982, Sylvain Kastendeuch effectuait ses premiers pas sur une pelouse de Division 1. C’était déjà avec Metz et c’était déjà contre Saint-Etienne, à Geoffroy-Guichard. Et ce soir-là, les Verts l’emportaient 3-1.
Jusqu’en 1990, Sylvain sera de tous les combats du club cher au président Molinari, hormis une parenthèse lors de la saison 1984-85 qu’il dispute pour s’aguerrir en Division 2 sous les couleurs du Red Star. A l’intersaison 1985, Kastendeuch revient en Lorraine où il s’impose définitivement comme le patron de la défense grenate. Défenseur intraitable, toujours bien placé, leader des lignes arrières messines, modèle de correction (aucun carton rouge en 577 matchs de D1 !), Sylvain ne tarde pas à attirer l’œil du sélectionneur de l’équipe de France.
Au sortir de la Coupe du Monde 1986, avec la retraite de Platini et de quelques glorieux anciens, l’équipe de France est en reconstruction et mise sur de nouveaux visages: Kastendeuch est de ceux-là. En novembre 1987 au Parc des Princes, il fête sa première sélection en match amical contre la RDA (0-1). Au total, Sylvain joue à 9 reprises sous le maillot Bleu entre 1987 et 1989. Dans l’intervalle, sous les couleurs messines, il en profite pour déflorer son palmarès en 1988 en remportant la Coupe de France (victoire aux tirs au but contre Sochaux).



Kastendeuch en Bleu en 1987


Pourtant, en 1990, Sylvain a un peu fait le tour de la question à Metz. L’AS Saint-Etienne, qui opère un gros recrutement (Lubomir Moravcik arrive au même moment), lui propose un nouveau challenge. Kastendeuch quitte donc le maillot grenat pour le maillot vert s’impose immédiatement comme l’homme de base de la défense forézienne. Il enchaîne trois saisons pleines avec l’ASSE, contribuant à stabiliser et à faire progresser la muraille stéphanoise.



Kastendeuch en Vert en 1991


Aux côtés notamment de Deguerville et de Cyprien, il sécurise l’arrière-garde ligérienne, qui termine deuxième meilleure défense du championnat en 1993 (avec à la clé une 7e place au classement général). Certes, il marque contre son camp un but fatal lors d'un derby dominé de la tête et des épaules mais les supporters ne font pas cas de cette bévue et le plébiscitent à son poste.



L'horrible CSC de Kastendeuch face à l'OL dans le derby 1993


Pourtant, après 3 ans de bons et loyaux services, Kastendeuch est victime à l’intersaison 1993 de la folie des grandeurs de l’attelage Guichard-Larqué qui prend les rênes du club. Les deux dirigeants débarquent à l’ASSE avec dans leurs valises l’international Laurent Blanc au poste de libéro. La nouvelle charnière centrale sera Blanc-Cyprien et il n’y a plus de place pour Kastendeuch, barré alors qu’il commandait efficacement une défense de fer. Il ne dispute qu’un seul match de championnat avec les Verts avant de s’en aller à Toulouse.



Kastendeuch, homme de derbies (ici devant N'Gotty en 1993)


Le TFC, où il s'impose sans sourciller, ne sera qu’une étape car en 1994 Sylvain rentre chez lui. Le FC Metz retrouve son grand libéro et Kastendeuch ses bonnes habitudes: il redevient le joueur-référence, le capitaine écouté et respecté de la formation messine. Il enchaîne 7 nouvelles saisons avec les Grenats. En 1996, il étoffe son palmarès en remportant la Coupe de la Ligue, avant de disputer en 1999 une nouvelle finale, perdue cette fois-ci, de la même épreuve.
Surtout, Kastendeuch et Metz manquent le coche en 1998 en championnat. Au coude à coude toute la saison avec Lens, les Lorrains emmenés entre autres par Pirès, Pouget, Blanchard, Boffin et Rodriguez, ont l’occasion de remporter leur premier titre de champion puisqu’ils reçoivent les Nordistes en fin de saison. Mais les Lensois viennent s’imposer au stade Saint-Symphorien pour s'octroyer le titre suprême.

A la reprise, nouvelle désillusion puisque les Messins ratent l’accession à la Ligue des Champions en se faisant éliminer au tour préliminaire par les modestes Finlandais d’Helsinki. Le club aura beaucoup de mal à se remettre de ces déceptions et Kastendeuch vient de laisser filer ses derniers espoirs de rêve européen.



Aux prises avec Alex lors d'un ASSE-Metz en 2000


A la fin de la saison 2000-2001, Sylvain Kastendeuch, âgé de 38 ans, décide de mettre fin à une longue carrière qui l’aura vu évoluer au plus haut niveau pendant 19 saisons ! Son match d’adieu se déroule à Saint-Symphorien, pour la réception de Bordeaux et Kastendeuch va terminer sur une note plutôt originale: il est en effet mis KO par le ballon sur un centre de Bonnissel ! Il sort sur une civière, mais le public messin n’oublie pas de lui réserver l’ovation qu’il mérite pour l’ensemble de son œuvre.



Rideau insolite pour Kastendeuch


Entre temps, il intègre l'équipe de campagne de Jean-Marie Rausch pour les municipales de Metz et devient en mars 2001 maire-adjoint chargé de la jeunesse et des sports, poste qu'il occupe jusqu'en 2008 et la défaite aux élections municipales des élus sortants. En 2006, il est élu co-président de l'UNFP, le syndicat des joueurs professionnels, puis réélu en 2008. Il est également président de la Fédération Nationale des Associations et des Syndicats de Sportifs, le syndicat des footballeurs, rugbymen, basketteurs, handballeurs et cyclistes.

On le retrouve régulièrement dans le paysage footballistique français, dès qu'il y a lieu de défendre ses valeurs du football, parmi lesquelles:
- Le sujet de l'arbitrage vidéo: "La vidéo ? Je ne suis pas spécialement pour. Je suis plutôt sur la lignée Platini qui est de renforcer l’humain, plutôt que d’aller vers la technologie et la déshumanisation"
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La défense des droits des footballeurs à la vie privée: "Il est facile de venir contrôler tous les jours pendant onze mois de l’année, le footballeur sur son lieu de travail, alors pourquoi vouloir le suivre sur son lieu de vacances et porter, par la même, atteinte à sa vie privée ? (...) Si l’on cherche à apporter la preuve que les sportifs sont innocents, la première chose est de ne pas les traiter comme des coupables"
- La défense des arbitres: "Un arbitre ne fait jamais exprès de se tromper. Si un arbitre prend la mauvaise décision, c'est parce qu'il a mal vu l'action ou parce qu'il ne l'a pas vue du tout"
- La question de la trêve hivernale prolongée: "Les joueurs ont besoin d'une coupure. On nous ressort l'exemple de l'Angleterre, mais ils ont des conditions climatiques plus tempérées, les distances de déplacement ne sont pas les mêmes et leurs stades sont mieux équipés"
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La taxe à 75%: "Le football va devoir s’affranchir d’une taxe alors que certains salariés, comme les acteurs les mieux payés ou des grands chefs d’entreprise, ont les moyens d’y échapper. Il y a une différence de traitement là. Il ne faut pas oublier non plus la contribution astronomique des clubs. Par exemple, des millions d’euros passent du football professionnel aux amateurs. Si on met des clubs en difficulté, on va forcément appauvrir cette contribution"



Kastendeuch en 2014 devant son portrait en 1996


Impérial dans toutes les défenses centrales qu'il a composées, Kastendeuch, gentleman footballeur, aura marqué de son empreinte tous les clubs dont il a porté les couleurs. Un modèle, un exemple à suivre pour tous les défenseurs centraux qui auront eu la chance de l'admirer fouler les pelouses de D1.