300 millions pour rêver affichait à sa Une la Pravda le 27 janvier évoquant le prochain mercato du QSG.

200 millions pour sauver l’OM affichait cette même Pravda, toujours en Une, le 9 février.

Pour éviter toute ambiguïté, et aller au bout de cette logique je propose de barrer la prochaine Une d’un plus clair Salauds de pauvres !


Dans cette fascination écoeurante pour le fric roi dans le foot, la Pravda n’avance pas seule. Sans qu’on sache qui a tiré le premier, qui a entrainé les autres dans son sillage, il est pathétique d’assister au spectacle de la troïka médiatico-footballistique (Canal +, l’Equipe, RMC) fantasmant chaque jour un peu plus sur les multimillionnaires du QSG, et distillant en parallèle de plus en plus ostensiblement son mépris pour les clubs normaux, dont la tare absolue est d’être pauvre relativement au club qataro-parisien.

Ô Pravda jadis vénérée (oui, moi aussi j’ai eu ma jeunesse sombre, chacun son passé vichyste), ô Pravda auto-proclamée quotidien du sport, j’eus aimé que tu te préoccupASSEs un peu plus de sport et un peu moins d’argent, et que tu réhabilitASSEs un peu les vertus des succès au goût d’aventure, des victoires non planifiées, des épopées à moindre frais.

 

Mais non.

Ce doit être l’époque. Qui, non contente de glorifier les douteux goûts musicaux des années 80, remet à la mode le triomphe décomplexé du fric comme au temps bien gerbant de la "grande" époque de Bernard Tapie. Tous les médias se pâment (Ewing) devant les pétrodollars d’un club dont l’âme a sombré au fonds d’un puits (de pétrole, bien entendu).

 

Et Sainté dans tout cela ?

Les Verts, avec leurs armes, un soir de janvier, ont failli traverser Paris. Las, salauds de pauvres, ils n’ont pu, hélas, malgré une envie et une énergie folles, renverser les lois de l’économie, et ont fini par s’incliner face à plus forts -parce que plus riches- qu’eux. Battus, donc. Mais avec les honneurs et non sans afficher fièrement leur différence. Pauvres et laborieux sur le terrain. Mais vivants et vibrants en tribunes où, par quelques banderoles pleines de bon sens, Magic et Green ont souligné que le fric tout puissant avait ôté toute chance aux pauvres de Ligue 1 de briguer le titre comme aux pauvres de Paris de briguer une place au Parc. De telles affirmations ne devraient pas choquer la bienpensance médiatique, et pourtant …

 

Pourtant, dès le match terminé sur les ondes de la très populaire/iste radio qui jadis soutenait Monaco, un supporter stéphanois intervenant pour saluer la pertinence des messages des banderoles fit sortir de ses cons ce grand gond de Riolo (ou l’inverse….) qui se répandit (comme le veut la coutume sur une radio qui se flatte de parler vrai) en injures.

Qu’avait donc fait l’auditeur, qui avait le talent et la dignité de répondre aux injures par des arguments toujours servis sur un ton calme et aimable (chapeau à lui) ? Rien d’autre que de défendre un modèle de football où les stades vivraient encore, où ils seraient encore accessibles à tous et en particulier à ceux qui font ce sport en tribune comme sur le terrain (les couches populaires de la population), un modèle de football où la glorieuse incertitude ne serait pas un lointain souvenir piétiné par l’argent sans limite des pays du Golfe. Toujours classe, Riolo d’expliquer alors que les 45 000 spectateurs (qui peut les appeler supporters ?) du Parc prenaient du plaisir et que si le kiff (sic) de l'auditeur était de se faire ch… en assistant au pauvre spectacle de son équipe de pauvres, libre à lui.

 

Classe. Vraiment.

Classe, parce qu’il faut être demeuré pour feindre de ne pas comprendre que les couches populaires ont été exclues du Parc et que s’il est toujours plein, cela ne représente pas un exploit dans une ville de 10 millions d’habitants, a fortiori pour voir une équipe de ce niveau là.

Classe, parce qu’il faut être demeuré pour ne pas comprendre que Sainté, comme d’autres clubs, fait avec les moyens du bord; que Sainté, sans aucun doute serait brillant sur le terrain et concurrencerait le QSG s’il avait eu les moyens de garder PEA, Zouma, Guilavogui, Ghoulam, Gradel and co. Mais que Sainté n’a pas ces moyens là et voit non seulement l’écart se creuser avec certains pays européens, mais également dans son championnat avec ce club d’extra-terrestres qu’est devenu le QSG. Sainté, comme 18 autres clubs de Ligue 1 est victime de cela, que ses supps s’en plaignent paraît donc naturel. Et bien non, vous êtes pauvres et en plus vous êtes des salauds beugle Riolo qui reste persuadé qu’on fait exprès de mal jouer, qu’en fait Soderlund vaut Ibra, qu’Eysseric vaut Di Maria, mais qu’ils jouent délibérément 10 niveaux en dessous, sous l’emprise d’un Galtier qui exige que les contrôles soient approximatifs, les passes mal ajustés et les frappes dévissées.

 

Allez, on pourrait en rire tant l’éternelle et unique lubie du triste sire à propos de « ce si nul foot français… » est désormais connue au point qu’on se demande s’il ne devrait pas, pour son équilibre moral, demander à ce qu’on lui applique la déchéance de la nationalité. Tu serais si heureux outre Manche, Daniel. Allez hop, un coup d’Eurostar, promis, on ne te retiendra pas à Calais, et tout le monde s’en portera mieux.

On pourrait en rire, mais la deuxième lame est arrivée, il fallait s'y attendre. A un autre sommet du triangle footballisitico-médiatique L’Equipe 21, dont la ligne éditoriale reste au ras du gazon et rivalise dans la pensée unique, a pris dès le lendemain sans hésiter le relais en affichant son mépris pour les banderoles et ceux qui les ont portées.

Que dit la pensée unique ? Qu’on ne s’attaque pas au QSG. Que le QSG fait du bien au foot Français qui, sans lui, serait moche, triste et pauvre. Ces banderoles ont scandalisé les dirigeants parisiens, et il ne viendrait pas à l’idée des journalistes du quotidien du sport, d’interroger la pertinence des messages. Non, car ces banderoles ont fait du mal au club qui fait du bien au foot français. Alors, c’est mathématique, ces banderoles sont mauvaises, idiotes, déplacées, indécentes, voire racistes (si, si je vous assure, ils l’ont dit).  

Point final. La Ligue devra sanctionner. Affaire suivante.

 

Nous en sommes là. Le foot français en est là.

Le foot ? Non pas le foot. Ses dirigeants (dont un des nôtres qui n’aime rien plus que de parader entre Nasser et Sarko dans la corbeille du Parc) et ses suiveurs, ses consultants, ses observateurs qui ne jurent que par la BBC, la NSM et le QSG.

A propos de NSM (Neymar Suarez Messi pour les non-initiés), dans un dernier argument qu’il pensait fatal, Riolo ce fameux dimanche soir déclarait vouloir que les ultras aillent au bout de leurs idées et ne regardent pas les matchs du Barça. Rassure-toi Daniel, je n’ai pas, depuis l’époque Stoïchkov, vu un match entier de ce club dont les exploits ne m’ont jamais fait vibrer.

 

Car non, le foot n’est pas un spectacle, c’est une passion.

Oui Sainté, même laborieux, nous fera toujours plus triper que n’importe quel grand club Européen. Parce que notre club a une âme, parce que le Chaudron est unique, parce que ses tribunes vivent et bougent, parce qu’on est encore libre d’y dire et écrire ce qu’on pense.

Parce que ce club et ce stade sont garantis 100% vrai football.