A l’aube de leur 5ème match consécutif dans un Chaudron à guichets fermés, les Verts, c’est une certitude, vont nous offrir de l’immense…


Immense bonheur, immense désillusion. L’alternative est dépourvue de tiède, l’issue sera sans nuance, la soirée sans mesure, la nuit sans sommeil.
C’est pas MU en Coupe d’Europe, c’est pas un derby de feu, c'est pas une finale au SdF, c’est Rodez. Ça fait peut-être pas rêver Rodez ... et Ajaccio en 99 ou Châteauroux en 2004, ça faisait rêver ? Oui, c’est Rodez en face, et pourtant ce sera un sommet. D’émotion, d’espoir et et et … d’extase ou d’amertume, rayez la mention inutile.
Pour tuer le temps et éteindre le feu qui nous consume, on adorerait se glisser à l’Etrat, écouter les discours mobilisateurs de Dall’Oglio, scruter la détermination des joueurs, déceler dans les attitudes les indices d’une perspective joyeuse. On aimerait tant apaiser nos âmes, chasser ces papillons qui colonisent nos ventres, s’avancer sereins face à la certitude d’une joie annoncée, d’un sacre inévitable, d’un triomphe écrit à l’avance.
Car oui, il s’agit de ça. Mathématiquement certes, rien ne sera fait à 23 heures vendredi, pourtant personne ne doute que l’alea sera bien jacta, la missa bien ite. Qui imagine franchement que le club classé 2ème à 23 heures ne montera pas directement ?
Et pourtant, quelle que soit l’issue, la nature étant aussi bien (ou mal) faite que l’a écrit Cioran (on demeure esclave aussi longtemps que l'on n'est pas guéri de la manie d'espérer), on tournera et retournera longtemps dans nos têtes et nos draps des 7 nuits qui suivront, les raisons de croire en un miracle en barrages ou de craindre un coup de Trafalgar à Diochon.
La torture est coriace, et nous accompagnera après Rodez, je le sais, nous le savons, c'est notre croix. N’empêche, puisqu’on garde un peu de lucidité, entre deux délires de supporter au bord du précipice, on le sait bien que l’élan du 2ème sera définitif, et qu’en cas de barrages, plutôt que les vannes, c’est les veines qu’on finira par s’ouvrir.
Ces barrages dont on osait plus rêver en février sont devenus en mai notre pire cauchemar. Le Racing, Rennes et Auxerre nous remontent à la gueule, comme une gerbe de désillusions toutes vécues à GG, alors qui ose envisager sans inquiétude un duel face au 4ème dans le Chaudron ?
Y a pas à tortiller, le seul barrage qu’on veut voir, c’est celui que nos Verts opposeront à l’amertume en nous offrant vendredi un bonheur comme on en connaît un ou deux par décennie.
Le vertige après la boule au ventre. La consécration au bout de la progression. De Dunkerque à Rodez, avec de l’envie, des matchs à l’arrache dans des stades sans naming, des coups de sifflet sans VAR, des chalalalalalala à gogo dans le chaudron, la Ligue 2 qu’on a aimée, la Ligue 2 qu’on veut quitter.

Puisque nos fébrilités sont toutes à la recherche de raisons d’être optimiste, convoquons, pour conclure, nos croyances éternelles : celle par exemple qui dit que la longue histoire des Verts est une succession de triomphes que rien n’a su empêcher et de chutes que rien n’a pu enrayer.
Notre parcours depuis deux mois relève indubitablement de la première catégorie, alors rendez-vous pour l'inéluctable apothéose !