Roland Romeyer était hier l'invité de l'émission "La Voix est libre" sur France 3 Rhône-Alpes. Extraits. 

"Pourquoi voulez-vous qu’on change une équipe qui gagne ? Christophe Galtier a signé un contrat de trois ans y’a pas trois ans justement, enfin je veux dire c’était l’année passée. Il a un contrat jusqu’en juin 2016. On s’entend bien, pourquoi voulez-vous qu’on change ? Prolonger son contrat, si c’était le désir de Christophe, étant donné nos relations et la confiance qu’on lui fait, ben y’a pas de souci ! Simplement, je pense que ce qu’il souhaite avoir, c’est une équipe qui soit compétitive pour continuer à grandir. Son inquiétude, c’était que des cadres puissent peut-être quitter le club. Notre objectif, au directoire et au conseil de surveillance, c’est de conserver les cadres du club. Vous savez très bien de qui je veux parler : Ruffier et Trémoulinas qu’on a recruté enfin, en prêt, depuis le mercato d’hiver et qui nous a donné totale satisfaction en tant que joueur et en tant qu’homme. Voilà, après il faudra aussi faire quelques réajustements dans l’équipe. J’ai rendez-vous avec des agents. On a des contacts depuis trois semaines avec des joueurs, on travaille avec Christophe Galtier, Dominique Rocheteau et Stéphane Tessier depuis trois semaines sur la future équipe de la saison prochaine. Ce qui nous importe, c’est que le club soit européen. On regrette simplement de ne pas récupérer notre stade fini comme c’était prévu en début de saison, on ne l’aura que lors de la deuxième partie de saison. A partir du moment où on aura cet outil de travail performant, on veut être européen tous les ans.

Le centre de formation, c’est très important. Tous les p’tits Verts de l’épopée des Verts, ils sortaient d’où ? Du centre de formation de l’ASSE ! Le président Roger Rocher, avec Pierre Garonnaire, était précurseur. C’était déjà important. Pour nous c’est encore plus important compte tenu de la tournure du football. Vous avez dans le championnat de France deux clubs où, pff, on ne discute plus d’argent, c’est Paris et Monaco. Il y a donc 18 clubs qui vont se battre. Nous on a un budget de 50 M€, c’est le septième budget. C’est pas mal mais par rapport à Lyon, à Marseille, à Lille, à Bordeaux… On parle là de grandes villes, qui d’un point de vue économique ne sont malheureusement pas sinistrées comme Saint-Etienne ! Le travail fait actuellement par Christophe Galtier et ses équipes, c’est surperformer. Le centre de formation est très important, l’avenir de notre équipe repose sur les jeunes car on ne pourra pas se payer des joueurs à coups de millions. Ce n’est pas du tout notre politique et on n’en a pas les moyens. On a une bonne école de foot et des scouts partout en France. On a ces fameux clubs partenaires, ce sont nos yeux et nos oreilles dans toute la France. On a des joueurs de partout. On gère aussi un centre de formation à Bobo Dioulasso au Burkina Faso. Au-delà du foot, Saint-Etienne a un rôle social important à jouer dans ce monde. Plusieurs gamins du Burkina sont venus à Saint-Etienne. On a eu un gardien qui joue maintenant à Drancy [ndp2 : Germain Sanou], il lui a manqué quelque chose pour rester chez nous. On a actuellement un grand espoir sur un jeune [ndp2 : Assim Traoré]. Il y a trois semaines, Bernard David, Gérard Fernandez et Sébastien Sangnier sont allés là-bas, ça progresse bien. J’espère qu’on pourra faire signer pro un Burkinabè de manière à booster ce centre de formation.

S’il n’y avait pas de supporters, l’ASSE ne serait pas ce qu’elle est. A Geoffroy-Guichard, il n’y a pas de violence. On n’a eu aucun souci de ce côté-là. Notre douzième homme était présent. On a simplement eu quelques "débordements" au niveau de l’utilisation d’engins pyrotechniques, c’est tout ce qu’on a à déplorer. En déplacement, il y a eu quelques affrontements, notamment à Nice, un club où il y a toujours eu des complications avec l’ASSE. Je le déplore, nous sommes contre la violence verbale et la violence physique. Ce jour-là, avec Dominique Rocheteau qui était sur le terrain avec moi, on était malheureux de voir ces irresponsables donner une image négative du football. Moi j’essaye de faire le maximum pour que la couleur verte brille le mieux possible. Je suis déçu, ça coûte cher financièrement, il faut aller discuter à la Ligue, après il y a les amendes, éventuellement des huis clos. Cette année on en a eu deux, ça nous a pénalisés énormément. On travaille au quotidien pour donner une bonne image, et en un quart d’heure on vous la dégrade ! On ne peut pas l’accepter ! J’avais demandé à Frédéric Thiriez de recevoir les groupes de supporters. Il m’avait fixé deux dates, qui à chaque fois ont été reportées. Après on n’a plus eu de suites… J’avais demandé à ce que la Ligue reçoive les supporters pour dialoguer avec eux. C’est facile d’appliquer des amendes ou des suspensions contre un club qui est responsable, mais pourquoi et comment engager la responsabilité d’un club ? A Nice, ce n’est pas l’ASSE qui fait les palpations, ce n’est pas le club qui a la vidéo. Ça se passe à Nice, pourquoi ne pas interpeller de suite les fauteurs de trouble ? Pourquoi surtout pénaliser un club à Geoffroy-Guichard alors que les désordres se sont passés à l’extérieur ? 

Les  supporters stéphanois qui viennent à Lyon en dehors d’un match tabasser des supporters lyonnais, c’est déplorable, comme les Lyonnais qui viennent tabasser des supporters stéphanois sur leur lieu de travail. En ce qui concerne l’ASSE, on fait le maximum au niveau de la sécurité, mais on ne peut pas faire la police ni rendre la justice. Chacun à sa place ! Nous avons été convoqués deux fois au ministère de l’intérieur, j’avais demandé à Manuel Valls que chacun fasse son travail. Que les clubs soient responsables des supporters dans leur enceinte, je veux bien. Je le répète, il n’y a aucune violence à Geoffroy-Guichard. Que le club soit responsable dans les enceintes extérieures, je ne suis pas d’accord !  Qu’on parle des désordres dans la rue, ce n’est pas notre problème, c’est au Ministère de l’intérieur de s’en occuper. L’autodissolution des Green Angels n’est pas une bonne chose, ils n’existent plus. Je le déplore car pendant longtemps ils ont animé une partie de la tribune du kop sud. Tous ceux qui veulent continuer de supporter l’ASSE, s’ils font partie d’un nouveau groupe, il faut qu’ils créent une nouvelle association sinon on ne peut pas les reconnaître et ce sont des supporters lambda. Je n’y peux rien, il y a une loi et la préfecture qui met la pression. Moi je ne peux rien faire.

Saint-Etienne est un club populaire, c’est une ville qui souffre économiquement. En plus l’ASSE a un club qui a des supporters sur toute la France. Ils font d’énormes sacrifices financiers, passent beaucoup de temps sur les routes. On ne pénalisera pas les supporters. On a  les tarifs les moins chers de France, je crois qu’on est le 18^ème club. Il n’est pas question d’augmenter les prix des places. L’Angleterre est un mauvais exemple. Là-bas ils ont augmenté les prix, certes il n’y a plus de débordements mais l’ambiance s’en ressent. Ça a seulement déplacé le problème de la violence dans les clubs inférieurs. Pour moi ce n’est pas une solution, il faut en trouver d’autres, se mettre autour d’une table. Moi je suis quelqu’un de très respectueux qui aime les gens. Si je suis à la tête de ce club, c’est que j’ai connu des moments extraordinaires à Geoffroy-Guichard. Avant, les joueurs sortaient du vestiaire, traversaient tous les supporters pour aller s’entraîner sur le terrain annexe. On se côtoyait les uns les autres, un match de football c’est la fête. Il faut un gagnant et un perdant, on se serre la main et ensuite on boit le verre de l’amitié. C’est ce que je souhaite, malheureusement, la société est en dérive. Les débordements qu’on retrouve dans les stades, on les retrouve dans la société. Ce sont les mêmes qui vont piller les magasins ou casser les devantures lors de manifestations diverses. Ce qui manque en France, c’est qu’on n’est pas assez sévère, voilà, c’est tout !"