thesnakke a écrit :Le truc en fait est que Charlie Hebdo dégomme tous les intégristes anti laïcs, si le pape sort une grosse connerie il se fera dégommer, quand l'actualité fait que l'islamisme radical se montre sur le devant de l'actualité ils se font dégommer, quand le pen l'ouvre il/elle se fait dégommer les mecs de Charlie ont leurs opinions ils le font savoir sous forme de dessins humoristiques parfois et souvent osés qui choquent mais le but est de faire réagir. Ma femme est musulmane sans être une fervente croyante les caricatures de Charlie la font marrer dans sa famille au pire ça dérange un peu mais pas plus. Charlie n'incite pas à la haine ils se battent souvent pour un fondement de notre republique la laïcité.
Dieudo lui n'a qu'une cible les juifs, ses vannes se vidéos ses spectacles n'ont qu'un but : casser du juif, il n'apporte rien au débat, ne donne pas envie de réfléchir, quand Charlie va provoquer avec des dessins borderline c'est pour pointer du doigt sur un réel problème pour que les gens se posent des questions, quand Dieudo invite un negationniste sur scène oui c'est provoc mais ça apporte quoi? Rien sinon juste attiser des tensions et inciter certains pauvres d'esprits à remettre en question les heures les plus noires de notre Histoire.
Pour terminer je connais pas mal de lecteurs de Charlie aucun n'est raciste aucun n'a de discours violent et tous sont des gens "normaux" tolérants, allez voir un spectacle de Dieudo sans généraliser y'a pas mal de gros boulets gratinés qui auraient pas fait tache dans les jeunesses hitlériennes.
Tout ca pour dire qu'il y a provoc et provoc, celle qui est la pour faire avancer et celle qui est la juste pour dénoncer une certaine catégorie de personne tout simplement, y'en a une que j'applaudis l'autre que je vomis...
On ne sera jamais d'accord, mais tant pis...
Pour moi, défendre la laïcité, ce n'est pas insulter bêtement et vulgairement la croyance des gens. Au contraire. Si je reprends les exemples que j'ai susmentionnés, je n'y trouve toujours pas le moindre caractère constructif, et j'y vois bien davantage que l'attaque contre l' "intégrisme anti-laïc".
Tu sembles selon moi idéaliser la démarche de Charlie Hebdo et diaboliser celle de Dieudonné avec une certaine partialité. Tu vois des questionnements sociétaux ou une volonté de pointer du doigt de réels problèmes derrière des dessins qui montrent juste un musulman pédophile, Mahomet avec une étoile dans les fesses, Jésus couvert de pisse sur sa croix ou ce même Jésus en train de sodomiser son père. Ou encore, une bouse pour représenter l'électeur du FN. C'est ton droit le plus strict.
Mais tu ne m'empêcheras pas de penser que ton raisonnement est tiré par les cheveux. Et qu'on peut sans aucun problème, en le suivant, trouver des questionnements similaires derrière certains sketchs de Dieudonné que tu décris.
Par exemple, celui avec Faurisson. Il a invité ce dernier dans le cadre d'un sketch mettant en scène une sorte de "concours des infréquentables". On ne peut pas dire qu'il ait prôné ou validé ses thèses, seulement qu'il considère Faurisson comme un infréquentable, ce qui est un fait. Est-ce si inconcevable d'imaginer que Dieudonné, plutôt que de nier les chambres à gaz, ait voulu s'interroger de façon provocatrice sur le caractère liberticide des lois mémorielles, et se demander simplement s'il est judicieux de faire d'un vieil homme à moitié sénile un monstre, un criminel parce qu'il croit en des grosses bêtises ?
Tout le monde va s'insurger, j'imagine bien. Mais j'entends aussi vous questionner sur les limites des préjugés arbitraires, peut-être conditionnés par la pensée dominante. En effet, si on admet un cadre légal à la liberté d'expression, et si on part du principe que tous mes contradicteurs sur ce topic défendent ce principe à travers ce cadre, je vous demande de répondre à ce qui suit.
Admettons qu'il existe un journal satirique, qui ferait le même type de caricatures que Charlie, mais avec des cibles différentes et un autre message idéologique, "traditionnaliste" dirons nous (mais nullement raciste, nazi, ou quoi que ce soit d'illégal). Ce journal souhaiterait dénoncer, par exemple, le vide spirituel d'une société de consommation "laïque" considérée comme moralement décadente. Il s'attaquerait à l'individualisme, à la décomposition de la famille, au règne de la vulgarité, de l'argent, de la superficialité et du sexe. Il se moquerait des extrémistes laïcs antireligieux, des certitudes athéistes, des Femen, des dérives de la gay pride, et des rites francs-maçons. Bref, le même esprit, la même satire, mais juste une vision différente de la société (encore une fois, non raciste, et tout à fait légale vis à vis des lois républicaines).
Maintenant dites moi. Si ce journal avait été victime d'un attentat par un groupe d'intégristes athées ou d'extrême-gauche :
1/ Iriez vous défendre sa "liberté d'expression" de la même manière que celle de Charlie, au nom des principes républicains de liberté et de pluralité idéologique qui transcendent nos opinions personnelles (pour reprendre ce que j'ai entendu concernant les manifestations pour Charlie) ?
2/ Le système républicain traiterait-il ce drame exactement de la même manière que celui de Charlie, en défendant les principes susmentionnés et en érigeant ce journal au rang de symbole de la liberté d'expression ? Si non, trouveriez-vous ceci normal ?
En fonction de vos réponses, je pense que j'arriverai à saisir et définir plus précisément la nature de l'idéal républicain de liberté d'expression que vous défendez, lorsque vous parlez de Charlie. Parce que votre différenciation entre Charlie et Dieudonné à ce niveau me questionne sur le concept.
Je ne défends pas, pour ma part, les idées du journal imaginaire que je vous ai décrit, mais j'essaie d'analyser les fondements réels de nos principes, leurs limites, et peut-être leurs failles.