Faiseur de Tresses a écrit :Nous différons seulement sur la stratégie : face au corps touché par la gangrène, je préconise l'ablation du membre malade ; toi, tu penses que c'est foutu d'avance et tu proposes l'euthanasie.

Et il semblerait que c'est cette deuxième voie qui sera choisie par le peuple de gauche, soit. Mais n'empêche que je voterai pour le candidat qui aura un discours (et un programme) le plus proche de mes propres de mes convictions.
Non mais gros, c'est trop bête. Je sais que je ne te convaincrais pas (une fois que t'as décidé quelque chose...

), mais quand même : lis attentivement.
Au début, tu ne disais pas que les deux, Hamon et Mélenchon, devaient faire cause commune pour gagner ? Si oui, c'est donc que tu peux voter Mélenchon.
Maintenant regarde qui est Hamon. Un gars sympa, mais qui n'a jamais existé en dehors de l'appareil du PS. Sa candidature n'est qu'une longue agonie. Son meeting hier Place de la République, en termes d'affluence, c'est comme s'il n'y avait que 5000 personnes pour un derby à GG. Derrière lui, que Vallaud-Belkacem qui retournera gentiment au bercail dès dimanche matin et Aubry qui finira misanthrope dans son beffroi. La vieille garde verte, Mamère et Bové et les autres ? 30 ans de stupidités politiciennes ne leur ont même pas permis de tirer des leçons suffisantes pour ne pas se faire bouffer par des Placé et des de Rugy, que même toi et moi on voyait venir avec leurs gros sabots. Et tu y vois le fondement d'un avenir possible ?
Maintenant, prends Mélenchon. Le gars, c'est Mitterrand qui lui a donné le biberon - comme Cruyff a donné le biberon à Guardiola. Mitterrand on peut le détester, mais on ne pourra pas lui retirer une chose : en tant qu'animal politique, dans l'histoire contemporaine de la France, il ne se peut comparer qu'à de Gaulle. Autant dire que les sales coups, Mélenchon, il les connaît tous pour les avoir vu faire, et probablement pour les avoir faits lui-même.
A Mélenchon, tu ne l'as lui fera pas. Il y a 10 ans, il est parti tout seul, comme beaucoup d'autres avant lui. Comme Bayrou que tu aimais tant. Sauf que Bayrou, comme tous les autres, n'a jamais été en mesure de réussir son coup. Mélenchon l'est. Il tient le PC et son appareil par les couilles. Il siphonne aujourd'hui la majeure partie de l'électorat écolo et de gauche déçue par les éternels reniements du PS.
Mieux : il défend un projet cohérent et global qui, pour ce que je connais de tes convictions, devrait te plaire beaucoup.
La fameuse Chantal Mouffe, son idéologue : elle a signé le manifeste du convivialisme, disais-je. Qu'est-ce ? Une contribution d'intellectuels au changement de paradigme. Quels intellectuels ? Tous les alter ! La fine fleur de la décroissance française toutes tendances confondues (Latouche, Viveret, Gadrey, Moulier-Boutang), les pontes de l'économie sociale et solidaire (Alphandéry, Laville), Alternatives Economiques canal historique (Clerc, Frémeaux) mais aussi des gens plus fréquentables, tels Edgar Morin ou Dominique Méda, et ça, ce n'est encore pour parler que des Français !
Enfin - Noël ! - sa mesure phare : casser cette satanée monarchie républicaine qui rend le pays incapable de devenir une démocratie aboutie.
Il est là, l'éco-socialisme que tu appelles confusément de tes vœux. Il est chez la France Insoumise, ce n'est déjà plus un enfant, c'est un adolescent qui ne demande qu'à grandir.
Chez Hamon, dès dimanche, ce sera un bébé mort-né. Je l'ai lu son programme, à Hamon : il ne fait pas système. La taxe sur les robots, c'est original, mais what else ? Le revenu universel, excellente idée : mais pourquoi a-t-on l'impression à 3 jours de l'échéance qu'il ne s'agit que d'un super-RSA ? Pourquoi sa supposée Sixième République est-elle si pâlotte comparée à la Constituante de la France Insoumise ? Cela justifie-t-il vraiment de perdre encore du temps ?
Il y a peut-être quelque chose qui se joue, là. Si mon hypothèse de départ était bonne, sois cohérent jusqu'au bout avec l'appel initial à l'union des gauches: fais bloc avec le candidat qui a une chance de gagner, fût-elle aussi infime.