Article paru le 8 juin dans l'édition ligérienne du
Journal des Entreprises :
Stade Geoffroy-Guichard. Qui va gagner des millions ?
En un an et demi de travaux, la facture de la rénovation de Geoffroy-Guichard est passée de 58,6 à 65,3 millions d'euros. Au final, 40% de cette manne financière devrait profiter aux PME locales. Si on est encore loin du compte, certaines ont d'ores et déjà tiré leur épingle du jeu.
Le stade Geoffroy-Guichard s'agrandit au fur et à mesure que les travaux de rénovation avancent. C'est aussi malheureusement le cas de la facture présentée à Saint-Étienne Métropole par le mandataire Léon Grosse et le cabinet d'architecture parisien Chaix & Morel Associés. Annoncé initialement à 58,6millions d'euros (TTC), le coût de la rénovation du mythique "Chaudron" est passé à 60,9millions d'euros en 2011, puis à 65,3millions d'euros dans le budget 2012 de la communauté d'agglomération. Une augmentation de 11,4% qui s'explique par l'inévitable révision annuelle des prix, prévue par l'index de construction (900.000euros), mais aussi par des travaux non prévus au niveau du PC de sécurité et de la tribune visiteurs (832.000euros). «Il a aussi fallu rajouter 300.000euros pour des clôtures escamotables devant les kop Nord et Sud», précise Rolland Goujon, vice-président de Saint-Étienne Métropole en charge des équipements sportifs. Et d'ajouter: «Nous avons également signé un avenant avec Léon Grosse d'un montant de 3millions d'euros pour la construction du musée du club».
Déjà 12,5millions d'euros pour les entreprises locales
Si l'opposition municipale s'inquiète et peste contre une augmentation de 6,7millions d'euros en à peine un an et demi de travaux, il convient tout même de préciser que l'argent investi par la collectivité dans le nouveau Geoffroy-Guichard est d'ores et déjà source de retombées pour l'économie ligérienne. En effet, si sur les 65,3millions d'euros (TTC), une grosse partie revient au contractant général, en l'occurrence Léon Grosse et Chaix & Morel Associés, les sous-traitants ne sont pas en reste. Parmi la trentaine d'entreprises sélectionnées par Léon Grosse pour participer aux travaux, 20 sont domiciliées dans la Loire. Au total, ces 20 entreprises se sont vues attribuer pour l'instant près de 12,5millions d'euros (HT) de marchés, contre un peu moins des 10,7millions d'euros (HT) pour les entreprises extérieures au département.
Du chiffre et des perspectives
Amenée à évoluer tout au long de la durée des travaux, cette somme n'est d'ores et déjà pas négligeable pour le tissu économique ligérien, surtout en temps de crise. «Pour nous, ce chantier représente au global une demi-année de chiffre d'affaires. Alors certes, ce montant est réparti sur deux ans et demi, mais c'est tout de même très intéressant financièrement. Et puis, le fait d'être ventilé sur plusieurs années, cela nous donne une certaine visibilité. Dans la période de crise actuelle, ce n'est pas donné à toutes les entreprises! Comme j'ai l'habitude de dire, ce qui est pris n'est plus à prendre», commenteHugues Bruyère, dirigeant de l'entreprise couramiaude Changenet BHB (620.000euros HT). Même son de cloche du côté de la société Deca Carrelage à La Fouillouse. «Le chantier de Geoffroy-Guichard va nous rapporter près de 200.000euros de chiffre d'affaires sur trois ans (ndlr: 192.850euros HT). Par an, cela représente tout de même 7% de notre chiffre d'affaires. C'est donc un client intéressant pour nous», confirme Hervé Javelle, le P-dg. Et de poursuivre: «C'est aussi un chantier référence sur le département. Tout le monde en parle. Il y aura certainement des retombées d'images pour les entreprises qui y participent, voir même des possibilités de nouveaux marchés. Pour ma part, j'ai déjà été contacté par des cabinets d'architecture pour répondre à des dossiers. Cela m'ouvre des perspectives intéressantes sur le marché des professionnels». En effet, Deca Carrelage qui réalise 60% de son chiffre d'affaires auprès des particuliers entend bien s'appuyer sur la rénovation de Geoffroy-Guichard pour développer son activité à destination des professionnels. «Cela montre que l'on sait faire autre chose que de la douche italienne», plaisante Hervé Javelle.
Un chantier de prestige
«Cela sert effectivement l'image de l'entreprise, mais ce n'est pas ça qui amène du boulot derrière», prévient toutefois Daniel Paquet, directeur général de Dousson. Chargée de réaliser l'ensemble des installations électriques (courant fort et courant faible), la PME stéphanoise est une habituée de Geoffroy-Guichard. «Nous avons déjà participé aux travaux de rénovation pour la coupe du monde 1998. Geoffroy-Guichard, il faut le voir avant tout comme un chantier de prestige, une belle référence, mais avec le système des appels d'offres, il n'est pas certain que cela joue vraiment dans l'attribution ou non d'un marché», complète Daniel Paquet. À défaut de compter sur la rénovation du stade pour remporter ultérieurement d'autres marchés, Dousson peut au moins se féliciter de faire partie des entreprises ligériennes qui auront empoché le plus d'argent sur l'opération. En effet, elle va se partager la coquette somme de 3,798millions d'euros avec l'entreprise d'Annecy Perrin, avec qui elle est associée sur l'opération.
Vitrine des savoir-faire
Jolie carte de visite, la rénovation du stade est pour beaucoup d'entreprises ligériennes l'occasion de faire étalage de l'ensemble de leurs savoir-faires. «Ce n'est pas tous les jours que l'on a la chance d'être sur un chantier avec 7 ascenseurs. Au-delà de l'aspect financier qui n'est pas négligeable (ndlr: 162.540,25euros HT), c'est surtout une belle vitrine de nos compétences», concède Jean-Jacques Tessier, P-dg de Loire Ascenseurs. Daniel Pellier, qui co-dirige Etancoba avec José Esteves, abonde dans ce sens. «De par la surface à traiter et la hauteur, c'est un chantier qui sort de l'ordinaire. Travailler à 30 mètres de haut avec un environnement de chantier différent des chantiers classiques, cela n'arrive pas tous les jours. C'est en participant à ce genre de chantier que l'on se démarque de la concurrence», expose le dirigeant de la PME de Bussières, spécialisée dans l'étanchéité des terrasses et toitures et dans le bardage industriel.
Outil de cohésion en interne
Hugues Bruyère, P-dg de Changenet BHB va même plus loin. «C'est effectivement un chantier intéressant par sa complexité. On apporte de la valeur ajoutée avec des cloisons à haute technicité qui sortent des cloisons basiques. Nos salariés travaillent des matériaux nobles qu'ils n'ont pas l'habitude de travailler tous les jours. Du coup, cela leur permet de montrer leur savoir-faire et d'avoir une certaine fierté. Cela crée inévitablement une motivation supplémentaire et une cohésion en interne. Beaucoup de salariés me demandent d'aller travailler sur le stade. Bien entendu, je ne peux pas envoyer tout le monde, mais c'est un élément fédérateur pour l'entreprise», développe le dirigeant. «Geoffroy-Guichard galvanise. Je ne sais pas si c'est un outil de motivation pour tous mes salariés, mais pour ceux qui aiment le foot et le club, c'est une évidence. À mon sens, le chantier de Geoffroy-Guichard est un formidable outil de communication à la fois externe et interne», conclut Daniel Pellier, co-dirigeant d'Etancoba.
«40% du marché global pour le local»
La rénovation de Geoffroy-Guichard pèse pour l'instant 65,3millions d'euros TTC. Quelle est la part qui reviendra aux entreprises locales?
Il m'est difficile de vous donner des chiffres précis aujourd'hui. Ce n'est qu'à la fin du chantier que l'on connaîtra précisément le montant de la manne financière qui revient aux entreprises du territoire. Ce que je peux vous dire, c'est que le groupement qui a été retenu lors de l'appel d'offres a proposé que 40% du marché global, co-traitance et sous-traitance confondues, profitent aux entreprises locales. Cela a fait partie des éléments qui ont pesé dans notre choix. Dans notre esprit, il a toujours été clair que la rénovation de Geoffroy-Guichard devait avoir des retombées pour l'économie locale. Nous avons d'ailleurs imposé une clause d'insertion pour que Léon Grosse fasse appel à des personnes en difficulté. Pour chaque million d'euro de travaux, on a en face 500heures d'insertion.
Pour l'heure, la manne financière attribuée aux entreprises de la Loire s'élève à environ 12,5M€ HT. On est encore très loin des 40% que vous évoquez!
C'est normal, tous les actes de sous-traitance n'ont pas encore été attribués. Je prends un exemple. Pour les salons, nous ne savons pas encore si l'on va mettre de la moquette ou du carrelage. Ce montant va donc évoluer tout au long des travaux pour tendre au final vers ces 40%. Ce sera d'ailleurs peut-être plus!
TOP 10 DES MARCHÉS ATTRIBUÉS
1- DOUSSON/PERRIN avec HT avec 3.798.000 euros
2- ORIOL CSE avec 3.111.250 euros HT
3- CHAZELLE avec 1.800.000 euros HT
4- TPCF/SACER avec 855.000 euros HT
5- CHANGENET BHB/URSO avec 653.000 euros HT
6- CHASTAGNER/ATOUT SERVICES avec 614.500 euros HT
7- ETANCOBA avec 474.327,27 euros HT
8- METALLERIE DU FOREZ avec 456.000 EUROS HT
9- SERIC FOREZ avec 283.991,77 euros HT + 300.000 euros pour les clotures escamotables
10-DECA CARRELAGE/FCPS avec 192.850 euros HT
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