Dagostino a écrit : ↑20 mars 2020, 19:48
Voilà c'est ça, perso je connais pas ce médoc mais j'ai écouté 2 3 vidéos de lui et tu sens qu'il connait très bien son sujet.
D'ailleurs il associe un autre truc avec la chloroquine pour éviter les infections bactériennes (un antibio qui est efficace aussi contre les virus a priori).
Bref peut être que ça ne marchera pas, peut être que si, en attendant il est un des seul à proposer une solution, comment être contre ?
Article dans Médiapart. D'un côté, la thérapeutique Raoult est testée, de l'autre, il y a un essai clinique national avec 3 traitements qui est lancé sur 3200 personnes.
https://www.mediapart.fr/journal/france ... nglet=full
La chloroquine, médicament utilisé dans le traitement du paludisme, dont les essais sont jugés « prometteurs » dans la lutte contre le coronavirus, sera incluse, aux côtés d’autres molécules, « dans l’essai français et européen qui démarre le 20 mars sous l’égide de l’OMS », a annoncé le président du Conseil scientifique.
La chloroquine n’avait dans un premier temps pas été retenue. Car, justifiaient les autorités sanitaires, les patients qui vont participer à l’essai clinique sont dans un état sévère, en réanimation. Il pourrait y avoir des interactions médicamenteuses avec les traitements de réanimation, sans oublier ses effets secondaires. De plus, la chloroquine n’est pas dans la liste des traitements prioritaires recommandés par l’OMS.
Mais, face à l’incompréhension suscitée par cette exclusion, interrogé le 18 mars dans le 20 h de France 2, Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique sur le coronavirus, a annoncé que la chloroquine allait finalement être testée dans l’essai clinique national. « Il faut poursuivre le questionnement autour de ce médicament, et d’ailleurs, il y aura dans l’essai français et européen qui démarre vendredi 20 mars avec les autres molécules sous l’égide de l’OMS [Organisation mondiale de la santé] un test avec la chloroquine », a-t-il précisé.
Depuis le 9 mars 2020, ce médicament utilisé dans le traitement du paludisme et de maladies auto-immunes comme le lupus, fait l’objet d’un essai clinique sur vingt-quatre patients de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection à Marseille, dirigé par le professeur Didier Raoult, membre du conseil scientifique qui informe le ministre de la santé Olivier Véran sur le coronavirus. Pour cet infectiologue, utiliser la chloroquine présente un avantage, celui de « connaître les risques toxiques d’un médicament utilisé depuis soixante ou soixante-dix ans ».
Le 16 mars, Didier Raoult a annoncé ses premiers résultats : au bout de six jours de traitement, seulement 25 % des patients sont encore porteurs du virus, alors que 90 % de ceux qui n’ont pas reçu ce traitement sont toujours positifs.
Le lendemain, mardi 17 mars, Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, indiquait que les essais cliniques de chloroquine étaient « prometteurs ». Et Olivier Véran donnait « l’autorisation pour qu’un essai plus vaste par d’autres équipes puisse être initié dans les plus brefs délais sur un plus grand nombre de patients ». Le ministre de la santé ajoutait que ces essais « ont déjà commencé à Lille ». Selon lui, ces nouveaux essais pourraient permettre « de conforter les résultats intéressants ». Toutefois, Olivier Véran soulignait qu’« il est absolument fondamental d’asseoir toute décision de politique publique en santé sur des données scientifiques validées, et les processus de validation ».
Quelques heures plus tard, le laboratoire français Sanofi se disait prêt à offrir aux autorités françaises des millions de doses de l’antipaludique Plaquenil, l’un des noms commerciaux de la chloroquine, pouvant traiter potentiellement 300 000 malades.
Avec cet essai clinique, validé par les autorités sanitaires, Didier Raoult espère « améliorer la prise en charge clinique pour les patients qui présentent une pathologie relativement grave », mais aussi diminuer le portage viral, à savoir la capacité d’un individu à transmettre le virus, une nécessité à l’heure où l’épidémie continue de se propager à toute vitesse. Le 17 mars à 18 heures, on comptait 180 090 personnes infectées et 7 063 décès dans le monde depuis le début de l’épidémie de la maladie Covid-19. En France, le nombre de cas s’élève à 7 730 et 175 personnes sont décédées.
La chloroquine est actuellement testée par l’intermédiaire d’une vingtaine d’essais cliniques en Chine. Didier Raoult s’appuie notamment sur les résultats d’une étude chinoise parue début février. Mais plusieurs spécialistes français interrogés par l’AFP sur cette étude estiment que cette piste doit être accueillie avec la plus grande prudence. Pour deux raisons : l’étude a été publiée de façon préliminaire, sans avoir été validée par un comité d’experts scientifiques et elle ne donne pas de chiffres permettant de quantifier l’efficacité de la molécule.
Pourquoi prendre ces résultats avec précaution ? Parce qu’il faut beaucoup de patients pour valider un réel effet d’une molécule et avoir des résultats statistiquement concluants. Il faut aussi respecter le circuit habituel de la validation scientifique d’une publication par des experts. Comme l’a rappelé Bruno Canard, spécialiste de la réplication virale, dans le Journal du CNRS du 13 mars 2020, « durant l’épidémie d’Ebola, des repositionnements de médicaments ont été faits sans base scientifique sérieuse ».
La chloroquine fait de l’ombre à un autre essai clinique national attendu avec impatience depuis son annonce le 11 mars. Cet essai est le projet le plus significatif parmi les vingt priorités de la recherche sur le coronavirus en France. Huit cents patients français dans un état sévère vont participer à cet essai clinique qui comptera 3 200 personnes infectées.
Comme avec la chloroquine, efficace contre le paludisme, cet essai clinique qui va évaluer des traitements qui ont déjà fait leurs preuves contre le VIH, Ebola, ou des coronavirus responsables des épidémies de Sras et MERS. Cette stratégie de « repositionnement de médicaments » est classique dans l’urgence épidémique. En parallèle, la lutte contre la pandémie se fait aussi par d’autres équipes de recherche et industriels qui s’activent dans la recherche de vaccins, qui peut prendre au moins un an, voire plusieurs années. Pour lutter contre ce coronavirus, SARS-CoV-2, des équipes de recherche vont donc tester quatre traitements différents dans des hôpitaux de l’AP-HP et des CHU en région.
Rappelons qu’un essai clinique est une recherche biomédicale pratiquée sur l’humain, après des pistes confirmées in vitro, sur les paillasses et in vivo chez l’animal, généralement la souris. Cela permet d’enrichir les connaissances biologiques ou médicales. Quand l’essai porte sur un médicament, on cherche à obtenir des données pharmacocinétiques – pour savoir comment ça se passe quand on absorbe ce médicament, comment il se distribue dans le corps et comment on l’évacue. On cherche aussi à savoir comment le médicament fonctionne (données pharmacodynamiques) et bien évidemment quelle est son efficacité (données thérapeutiques).
Cet essai clinique à « quatre bras d’intervention » est piloté par la professeure Florence Ader, cheffe adjointe du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon. Les 3 200 malades vont recevoir un des quatre traitements de manière aléatoire.
Le premier traitement n’en est pas vraiment un, mais sert de témoin, puisque les patients de ce groupe ne recevront que les soins habituels en réanimation, tels que l’assistance respiratoire, indispensable pour les infections respiratoires les plus graves.
Dans le deuxième groupe, les malades vont être soumis au remdesivir, produit par les laboratoires américains Gilead. Cet antiviral a été testé contre le virus Ebola, avec succès en laboratoire et chez l’animal, mais pas chez l’humain. Ce médicament, expérimental et non commercialisé, est un inhibiteur de polymérase, c’est-à-dire qu’il bloque l’enzyme qui resynthétise le génome du virus afin qu’il se réplique. Testé aussi aux États-Unis et en Chine actuellement, il est considéré comme un bon candidat contre le coronavirus SARS-CoV-2, puisque c’est un antiviral dit « à large spectre ».
Troisième traitement : le Kaletra, développé par le laboratoire américain AbbVie. Le Kaletra est un antiviral utilisé dans les trithérapies contre le VIH, le virus du sida. Deux molécules sont combinées dans ce médicament. Le lopinavir est un inhibiteur de protéase du VIH : en bloquant cette protéase, il empêche la reproduction du virus. Quant au ritonavir, il sert de « booster » au lopinavir : il augmente la concentration de ce dernier dans l’organisme.
D’après le professeur Philippe Sansonetti, titulaire de la chaire Microbiologie et maladies infectieuses au Collège de France, la panoplie des molécules anti-VIH est mise en place contre le SARS-CoV-2, « parce qu’il y a des éléments communs dans la machinerie », comme il l’a expliqué dans sa conférence du 16 mars au Collège de France.
Le cocktail antiviral « lopinavir-ritonavir » a d’ailleurs déjà fait ses preuves contre les coronavirus responsables des épidémies de Sras en 2003 et de MERS qui sévit depuis 2012 au Moyen-Orient. En 2004, une étude a montré que ce cocktail antiviral représentait un « bénéfice clinique substantiel » pour des patients atteints du Sras.
Le Kaletra servira aussi pour le quatrième traitement, en association avec un interféron bêta, du laboratoire Merck. Cette combinaison s’explique car « on sait qu’un antiviral peut ne pas suffire », a indiqué par le professeur Yazdan Yazdanpanah, directeur de REACTing, le consortium scientifique qui a sélectionné les vingt projets prioritaires.
Les interférons bêta qui viennent ici en renfort de l’anti-VIH, sont notamment utilisés chez les patients atteints de sclérose en plaques, maladie liée à un dysfonctionnement du système immunitaire, qui touche le cerveau et la moelle épinière. En cas d’infection virale, les interférons sont naturellement produits par notre système immunitaire. Ce sont des molécules de signalisation, c’est-à-dire qu’elles agissent comme un messager, et vont déclencher une série d’événements pour moduler l’activité d’autres cellules du système immunitaire et ainsi contribuer à la défense de notre organisme.
L’essai va démarrer avec ces traitements, mais il est adaptatif. « Si un traitement ne marche pas, nous l’arrêterons, mais si un traitement efficace apparaît, nous l’ajouterons », a précisé Yazdan Yazdanpanah.