Lu aujourd'hui dans
La Dépêche du Midi :
Toulouse a-t-elle été volée ?
Ecartée de l'Euro 2016 de football, Toulouse ressent comme une terrible injustice la décision de la Fédération Française de Football. Le Capitole parle de «petits arrangements».
Non retenue parmi les neuf villes organisatrices de l'Euro 2016, la quatrième ville de France restera à l'écart du seul événement planétaire qui se déroulera sur le territoire national au cours des dix prochaines années. Questions autour de ce que les Toulousains ressentent comme une injustice :
Toulouse sait-elle faire du lobbying ?
Non, à l'évidence. L'échec de la candidature pour l'Euro 2016 en rappelle un autre, essuyé lors de la désignation de la capitale européenne de la culture en 2013. À ce niveau d'enjeux, Toulouse manque sérieusement d'entregent et de réseaux d'influences. La candidature de Nancy était défendue par Michel Platini, celle de Lens par Gervais Martel, des voix qui comptent dans le monde du foot. Le premier est président en exercice de l'UEFA, le second président du Racing Club de Lens et membre du conseil fédéral de la FFF. Adjoint au maire de Toulouse en charge des sports, François Briançon se dit en colère : « C'est une énorme déception ». Selon lui, « la Fédération française de football a fait de la géopolitique footballistique. Il n'y a eu aucun débat, les membres de la FFF sont passés directement au vote. On a assisté à des petits arrangements entre amis. La FFF a surtout préparé ses futures élections ». Amer, l'élu toulousain reproche aussi à la FFF « un manque d'élégance assez étonnant : nous n'avons reçu ni coup de téléphone ni explications ». « Il n'y a pas d'explications particulières » a d'ailleurs jugé le président de la FFF, Fernand Ducahussoy.
Le dossier toulousain était-il à la hauteur ?
« Oui, répond François Briançon. Notre dossier était solide. Nous avions même été félicités pour son sérieux lors de la présélection. » Le projet toulousain, qui était le moins cher, était aussi le moins ambitieux : extension du Stadium à 40 000 places aux normes UEFA avec la construction d'un anneau supérieur et la possibilité d'y organiser des concerts. Coût : environ 60 millions d'euros. Seulement voilà : il ne s'agit que d'une rénovation et non d'une enceinte neuve. Un argument que balaie François Briançon : « Le Stade de Nice entièrement neuf n'aurait été ni plus beau, ni plus grand, ni plus confortable que le Stadium ».
Toulouse a-t-elle manqué d'envie ?
Sans doute. Le groupe Facebook dédié sur internet à l'Euro 2016 à Toulouse n'était plus alimenté depuis l'été dernier. Et aucun événement festif majeur n'a accompagné le dossier de la candidature toulousaine. Au Capitole, la majorité socialiste, qui n'avait pas fait de l'extension du Stadium l'un de ses engagements de campagne, n'a pas voulu polémiquer avec les élus Verts, opposés au projet. D'ailleurs, le maire, Pierre Cohen, a martelé que les travaux ne seraient réalisés que si la candidature de Toulouse était retenue.
À la FFF, Fernand Duchaussoy estime que « le fait qu'ils aient dit qu'ils ne s'engageraient que s'ils avaient l'Euro a peut-être été mal ressenti ». Si les travaux envisagés ne sont pas réalisés, le Stadium ne sera même pas retenu comme réserviste. « Peut-être que la Ville rose reverra sa position, veut croire Duchaussoy. Il faut lui laisser du temps.»
« Quelque chose ne va pas, rien ne change, la décision de la FFF est à la hauteur de son image.»
François Briançon, adjoint au maire de Toulouse en charge des sports. «On a peut-être péché par naïveté, pas par honnêteté» observe l'élu qui fait aussi remarquer qu'hormis Bordeaux, aucune ville de l'ouest de la France n'a été retenue pour accueillir des matches de l'Euro 2016.
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Le chiffre : 12
voix négatives> Vote de la FFF. Toulouse est la ville qui a recueilli le plus de voix négatives. «Il n'y a eu aucune contestation et le choix a été très net», a d'ailleurs expliqué le président de la FFF, Fernand Duchaussoy.
Toulouse a obtenu 12 voix négatives, Saint-Etienne 11, Lens 5, Nancy 3 et Nice 1.
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Martin Malvy : « La FFF doit s'expliquer »
Président du conseil régional Midi-Pyrénées, Martin Malvy souhaite que « la Fédération française de football s'explique sur les raisons pour lesquelles la ville de Toulouse n'a pas été retenue. C'est une déception. Candidate, la 4e ville de France, méritait d'être retenue. Nous avions donné notre accord de principe à la Ville pour participer aux investissements nécessaires qui auraient d'ailleurs servi ultérieurement à d'autres disciplines ». Le président du conseil général de Haute-Garonne, Pierre Izard, estime que « cette décision est une déception. L'Euro 2016 était un grand rendez-vous sportif pour lequel la Ville, le Conseil Général et le Conseil Régional étaient totalement mobilisés. Nous espérions d'autant plus une décision positive que cette candidature, appuyée sur un dossier argumenté, permettait également de rééquilibrer la répartition géographique des villes sélectionnées pour accueillir cette compétition européenne ».
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