Dagostino a écrit : ↑20 mai 2022, 23:53
Punky a écrit : ↑20 mai 2022, 23:49
Je ne pense pas prendre le problème à l'envers. Tu amènes le débat sur la relation joueur / supporters, alors que ce n'est pas la question. C'est plutôt de savoir comment l'homosexualité serait acceptée dans un vestiaire et au quotidien.
Un article intéressant à ce sujet :
https://www.cahiersdufootball.net/artic ... iaire-7507
Je ne ramène pas le débat, c'est la base de ce débat justement : on est sur un forum de foot, sur un topic ou un tweet d'un joueur de foot a été posté, ce tweet provient d'un club de foot qui a fait sur son site officiel un communiqué s'adressant donc en 1er lieu aux supporters de ce club puisque ce sont eux qui lisent le site, disant en gros qu'il faisait son coming out. Donc non le débat il est là, la relation joueur / supporter et je trouve simplement que ce genre de chose doit rester du domaine du privé, mais pas que pour les homos, pour les hétéros aussi, les transgenre la même, etc...Sincèrement y'a qu'au stade ou les différences (dans la majorité des cas) sont laissé à l'entrée, y'a pas besoin de se dévoiler dans ce genre de cas, je ne suis pas sur que ça lui apporte ce qu'il espère.
Pour le vestiaire c'est autre chose, mais à aucun moment les supporters doivent prendre part à ce genre de révélation, enfin c'est mon avis en tout cas, ça change strictement rien à son apport sur le terrain ou le fait de faire lever le stade en plantant des missiles de 35 mètres.
Je vois que t'as l'air sincère dans ton argumentation, donc tout d'abord je m'excuse pour le ton assez agressif de mon intervention d'avant. Cela dit, je pense que tu prends pas le problème par le bon bout (

) en le ramenant plusieurs fois à ton jugement personnel de la sexualité des joueurs, et au jugement que tu estimes partagé par les gens en kop. T'as l'air d'en avoir honnêtement rien à cirer (pas comme certaines personnes qui ont un discours du type "oui oui je m'en fous mais mettez ça loin de ma vue svp"), c'est tout à ton honneur. Mais le problème de l'homophobie dans le foot ne se limite pas à ton jugement à toi. Derrière, tu élargis ça au jugement perçu du KN. Des homophobes en KN et dans toutes les autres tribunes je pense qu'il y en a, mais effectivement bien qu'il puisse y avoir débat (qu'on va pas refaire, ce serait beaucoup trop long) sur certains chants contenant certaines insultes, ça paraît assez improbable de voir le KN ou toute autre tribune à Sainté cibler spécifiquement un joueur en raison de son orientation sexuelle. Mais le problème de l'homophobie dans le foot ne se limite pas au jugement du KN.
L'homophobie est un problème extrêmement répandu dans la société. A tous les âges, dans toutes les classes sociales, toutes les cultures. Elle prend des formes très diverses: l'une de ces formes est bien évidemment la plus flagrante, à savoir la violence physique ou verbale directe, mais il y en a d'autres un peu plus difficiles à repérer. Parmi elles se trouve l'invisibilisation, à savoir un discours qui considère l'homosexualité (on va en rester à ça pour l'instant) comme une déviance qui n'est pas corrigeable, parfois en le teintant de raisons religieuses ("c'est une épreuve que Dieu met sur ton chemin pour tester ta foi") et qu'il faudrait donc à tout prix empêcher de devenir publique pour ne pas "pervertir" plus de monde. C'est la position officielle du gouvernement russe, mais aussi de l'armée américaine jusqu'à récemment ("don't ask, don't tell") sur le sujet et même si c'est moins violent de prime abord, c'est tout aussi destructeur.
En effet, considérer que la sexualité des gens ne devrait jamais s'exprimer dans un monde où toute sexualité autre que l'hétérosexualité est un écart à la norme assez mal perçu, c'est condamner à terme les personnes qui vivent hors de cette norme à ne pas pouvoir exprimer qui ils sont au même titre que les autres. Un exemple très simple: quand tu vas prendre le café avec tes collègues, c'est pas rare de parler de sa vie de famille, donc entre mecs de ta femme ou ta copine la plupart du temps. Dans ce genre de moment-là, la pression sociale à être hétéro (aussi nommée hétéronormativité) est tellement forte que rien que lâcher une phrase qui commence par "mon copain" suffit à te faire craindre très fort la réaction de tes collègues, que tu connais vite fait de loin, mais clairement pas assez pour te confier à eux. Vont-ils être choqués ? En faire des blagues qui pourront devenir relou ? L'utiliser pour me bloquer dans ma carrière ? Me rejeter de leur cercle de discussion ? Et quand tu le racontes à plein de gens à la fois que tu ne connais pas beaucoup, statistiquement, c'est un miracle si tu rencontres pas un de ces types de réaction.
Ce genre de mécanisme est aussi très vicieux en ce qu'il permet de brouiller les différences dans le discours entre des personnes homophobes, mais qui ne le montrent pas ouvertement par stratégie et des personnes tolérantes, mais qui n'accordent pas plus d'intérêt que ça à la question de la protection des personnes LGBTQ+. Tu m'as clairement l'air de faire partie de la seconde catégorie, mais quelqu'un de la première catégorie qui veut que les LGBTQ+ restent en marge de la société et incapables de s'exprimer publiquement en tant que tels aura tout intérêt à tenir un discours très proche du tien pour ne pas risquer d'être perçu comme ayant une haine particulière envers les personnes LGBTQ+.
C'est pour cette raison que l'initiative de Jake Daniels est si importante et que c'est une très bonne chose que le club relaye son communiqué. En faisant ça, Blackpool montrent qu'ils soutiennent leur joueur dans sa démarche et qu'il comprennent que son geste représente un pas en avant pour toutes les personnes LGBTQ+ dans le foot qui auront un peu moins à craindre d'être discriminées. Le but à terme est de permettre à de plus en plus de joueurs LGBTQ+ de s'affirmer en tant que tels jusqu'à ce qu'à peu près tout le monde finisse par s'y faire. (Ça leur fait aussi un peu de pub, on va pas se mytho

mais y'a rien de mal à ça si ça empiète pas sur le message)
C'est pas pour rien qu'en France on appelle ça "sortir du placard", donc sous-entendu d'une position cachée mais aussi inconfortable. Devoir mentir en permanence sur sa sexualité, en particulier dans le milieu du foot où l'homophobie est encore très présente pour plusieurs raisons (restes du stéréotype du gay prédateur sexuel dans un vestiaire où tu vois très souvent les autres nus, côté viriliste du foot, convictions religieuses), c'est extrêmement difficile à vivre et pour arriver à un monde où la sexualité des autres ne pose plus de problèmes à personne, il faut passer par ce genre de coups d'éclat pour montrer aux joueurs et aux gens en général qu'ils n'ont plus besoin de vivre dans le mensonge.
PS: C'est assez intéressant que tu parles de la question des athlètes transgenres parce qu'elle s'est pas encore trop posée dans le foot, mais je suis assez curieux de voir comment elle serait traitée par les instances. Probablement beaucoup plus mal, étant donné que faire un parcours de transition agit directement sur ton corps et pourra modifier tes performances sportives d'une façon que des clubs pourraient percevoir comme soit un risque de baisse, soit une "triche". Quand on voit le traitement des athlètes transgenre (ou même juste d'athlètes femme avec de très haut taux de testostérone) dans des sports individuels, ça augure rien de bon pour les sports co.
(Évidemment on peut être trans sans faire de parcours de transition, mais je parle de ce cas en particulier parce que c'est celui qui risque d'être le plus débattu)