martien a écrit :On va vraiment faire trois pages sur cette question sémantique, alors que tout le monde a très bien compris la substance de mon propos ? Le débat de fond ne serait-il pas plus intéressant ? Parce que je n'ai toujours pas compris pourquoi certains arrivaient à trouver une légitimité morale dans le fait d'empêcher des étudiants d'aller en cours pendant un mois, au nom d'une lutte à laquelle seule une petite minorité adhère. Etonnamment, je ne pense pas que vous défendriez le même mode d'action s'il portait des idéaux de "droite".
De droite, ça ne me poserait aucun souci. D'extrême-droite, en revanche, je n'ai aucun problème à dire qu'en effet, je ne le défendrai pas.
martien a écrit :C'est là la différence fondamentale entre nous. J'ai des idéaux très forts, mais si certains allaient les défendre en empêchant les gens d'aller en cours ou même au supermarché, je trouverais ça lamentable et je ne défendrais jamais mes "camarades" s'ils se font taper dans l'affaire. Soit on est dans une optique culturelle, métapolitique ou démocratique et dans ce cas, on convainc sans contraindre. Soit on est dans une optique révolutionnaire, on veut changer la société par la force, on occupe illicitement des institutions, on exerce une coercition sur les gens, et dans ce cas, on assume jusqu'au bout.
La politique est un rapport de force, et c'est évidemment dans cette optique que sont ces étudiants. Ces actions ont pour but d'acquérir un certains poids dans les rapports de force. Mais je trouve que tu amalgames bien vite rapport de force et violence. Ce sont des choses bien différentes. Donc oui, c'est une différence fondamentale entre nous. Et dont je suis fie. Moi, je ne mets pas sur le même plan un groupe d'étudiants qui tente, par une action forte, de modifier les rapports de force au sein de l'université et une milice de faf qui tabasse des étudiants. Je ne suis pas d'extrême-droite et ça me va assez bien, j'en suis désolé pour toi.
martien a écrit :Dans tous les cas, j'estime que les idéaux ne justifient jamais tout. Vous, vous êtes pour les bloqueurs d'extrême-gauche et contre les militants d'extrême-droite qui aident les SDF. Mais vous seriez contre les bloqueurs d'extrême-droite et pour les militants d'extrême-gauche qui aident les SDF (comme moi). Car le seul critère qui vous positionne, c'est l'idée politique des auteurs d'actions. Moi, je vois au delà : je suis toujours contre les bloqueurs, et toujours favorable à ceux qui permettent ne serait-ce qu'à une seule personne dans le besoin de manger, sans emmerder personne. Qu'ils soient de gauche ou de droite ne change rien à mon point de vue.
En fait, il y a vraiment un truc que tu ne comprends pas : je ne serais pas contre les bloqueurs d'extrême-droite parce que bloqueurs mais parce que d'extrême-droite. Ce n'est pas tant la méthode qui me pose problème que les idées nauséabondes, haineuses et qui, exprimées dans l'espace public constituent, je le rappelle, un délit. Après, le mix entre la méthode violente et ces idées m'inquiète encore plus, bien sur, mais ce sont d'abord les idées qui en sont la cause.
martien a écrit :Un exemple récent : j'étais contre l'invasion irrespectueuse de la basilique Saint-Denis par des militants gauchistes et des migrants. J'étais également contre l'invasion du chantier d'une mosquée par les identitaires (et j'aurais été encore plus choqué s'ils avaient pénétré le lieu de culte, comme l'ont fait les gauchistes). Je parie tout ce que j'ai que les GreenPeace, OP, FG et Ulysse ont adoré le fait de hurler dans une église, juste parce que ça vient de gauchistes qui ont les mêmes idées qu'eux. Rien à foutre de l'irrespect, la fin justifie les moyens. Par contre, je parie la même chose que vous seriez favorables à ce qu'on mette les gens qui vont manifester dans une mosquée ou un chantier de mosquée en prison ou au goulag.
J'ai pas adoré, j'étais pas au courant
martien a écrit :Les idées ne valent rien si ceux qui les portent ne respectent pas un minimum les gens et les règles de décence les plus élémentaires. Même dans le cadre d'une révolution, d'ailleurs. Entre les squadristes qui allaient frapper ceux qui ne pensaient pas comme eux, et les antifas qui feraient exactement la même chose s'ils étaient aussi nombreux, je ne vois aucune différence. C'est malsain de vouloir changer une société de cette manière, en bloquant les gens, en les frappant, ou en profanant des lieux de culte.
Penser que tout mode d'action est valable à partir du moment où on partage les idées de fond de ses auteurs, c'est sectaire et profondément immoral à mes yeux. Mais au mois, ayez la moralité de reconnaître votre immoralité, et de l'assumer. Ne cherchez pas des prétextes bidons pour défendre des actions indéfendables que vous dénonceriez à la première seconde si elle venait de l'autre camp. Dites juste ce que vous pensez vraiment : tout ce qui est d'extrême-gauche est légitime, tout ce qui est de droite est illégitime. Point.
Je persiste et je signe, ce ne sont pas les méthodes qui me posent problème mais ce dont elles sont porteuses. A manifestation égale, j'aurai, par exemple, toujours plus de sympathie pour celle qui s'en prend à l'intolérance et à la haine que pour celle en faveur de l'intolérance. Si avoir une préférence pour les actions qui défendent nos idées par rapport à celles qui défendent des valeurs opposées, c'est être sectaire, alors tout le monde est sectaire et c'est bien normal.
NB : Je précise que quand des casseurs se disent de gauche et vont tout casser dans les manifs, je ne suis pas d'accord parce que je ne suis pas d'accord avec la méthode. Quand je ne suis pas d'accord avec la méthode, c'est le cas avec tout le monde, donc quand je suis d'accord avec une action, c'est que je n'ai pas de problème en soi avec la méthode.