Je me permets de venir partager mon analyse du métier d'AESH dont je peux parler avec une certaine connaissance dans la mesure où j'ai exercé le job pendant 4 ans.Faiseur de Tresses a écrit : ↑07 oct. 2020, 02:02 https://www.francetvinfo.fr/societe/edu ... 22703.html
Déjà, au recrutement, j'ai une 1ère fois clairement été refusé pour un poste pour la raison que j'étais trop diplômé (dixit l'inspecteur adjoint himself). Pourtant mes diplômes et mon CV mentionnaient précisément des références longues comme le bras d'expériences professionnelles auprès des enfants (direction de colos entre autres) et c'était un peu pour ça que je pensais donc que je pouvais postuler ... Déjà ça pose question sur la qualité professionnelle des gens qu'on veut mettre à ces postes...
Pour le poste où j'ai été pris, l'entretien a duré montre en main, 10 mn. Je me suis toujours dit que si j'avais dû être recruté pour un EHPAD, ça aurait durer bien plus longtemps et m'ont m'aurait poser des questions bien plus sérieuses et compliquées ... Là, la seule question "piège" à laquelle il fallait bien répondre c'était celle qui est là pour vérifier que tu ne te prennes pas pour l'instit et que tu passes toujours par lui pour quelque décision que ce soit vis à vis du môme (ce qui n'est pas déconnant de s'en assurer évidemment ) Bref! recrutement bidon juste pour s'assurer de pas recruter des dingos quoi ...
Mais question niveau d'instruction et même d'intelligence, houla! ça pique! On est censé épaulé des enfants en situation de handicap et les handicaps les plus représentés sont le handicap mental,scolaire et comportemental (qui évidemment peuvent être intimement liés) Du coup, quand un AESH fait des fautes à chaque phrase qu'il écrit, se trompe dans une multiplication à 2 chiffres, parle mal à un môme, est laxiste quand il faut être ferme, rigide quand il faut de la souplesse, ou t'avoue à la pause café que sa petite-fille (cette collègue était grand-mère oui) en CE2 lui a demandé de l'aider pour un problème de géométrie et qu'elle n'a pas su le résoudre, ça t'en dit long sur sa capacité à aider scolairement les enfants dont on est responsable.
Et encore, on ne parle là d'accompagnement de handicap mental ou scolaire. Quand il s'agit d'encadrer un enfant en situation de handicap comportemental, on passe un autre level Mon expérience m'a amener à m'occuper d'une môme de 11 ans en CM2 (elle fera deux CM2 d'ailleurs) sous camisole chimique, limite obèse, et d'une violence inouïe avec tout le monde comme avec elle-même. Pendant le 1er mois environ, quotidiennement 'elle m'insultait ouvertement en classe, elle me disait que je puais et qu'elle ne voulait pas que je l'approche ou ne voulais plus travailler parce que j'avais touché son cahier et que du coup il était sale ... Et ben, sincèrement, je sais que si je n'avais pas eu d'expérience préalable auprès des enfants, ni la maturité que me donnait mon âge (et ma taille!), je n'aurais jamais pu m'occuper de cette enfant. Pour faire la part de son agressivité et ne pas la prendre pour soi mais comme une manifestation de son mal, il faut un recul et un savoir professionnel qu'on ne peut pas avoir si on démarre dans le métier. Parce que d'une part, ben, c'est déjà violent et puis quand ça vient 'd'un enfant qui part en couille, c'est toujours plus impressionnant parce que ça fait voler en miettes l'image de la douceur qu'on associe généralement aux enfants et encore plus aux filles et d'un coup quand t'en vois un presque dans un état second ne plus rien respecter, ni l'autorité, ni les copains, ni le langage (le nombre de fois où elle m'a dit qu'elle m'enc.lait ) et bne... si on n'est pas un minimum blindé, si on n'a pas l'expérience pour savoir précisément la nature de ce qui se passe, on ne peut pas être un bon accompagnateur de ce genre d'enfant. Pire : on va l'enfoncer encore plus. Et pourtant, on recrute des AESH sans AUCUNE expérience ni même diplômes avec les enfants.
Mais, la 1ère année où tu bosses tu es formé dans le même temps. Déjà, ça pose souci, parce que tu es en contact direct avec le môme dés le 1er jour et ta formation, elle, commence quelques semaines après la rentrée et s'étale sur toute l'année. J'ai donc rencontré à ces journées de formation tous mes autres collègues du département et les remarques, les questions, les méconnaissances, les conneries que j'ai entendues au sujet de l'éducation, du fonctionnement des enfants, du comportement pédagogique à adopter à cette occasion sont carrément effrayants de la bouche de gens travaillant précisément avec des enfants, et pas les plus "aidés" pour s'en sortir. J'ai été formateur BAFA et dans nos stages on avait une exigence envers nos stagiaires ( des mômes de 17/20 ans majoritairement) concernant ce qu'ils doivent savoir de l'éducation, des stades de l'enfance, du handicap qui était largement supérieure à ce que j'ai vu qu'on demandait à un AESH pourtant agissant dans le cadre de l'Education Nationale (quand les animateurs sont destinés à ce qu'on appelle l'éducation populaire des centres de vacances, de loisirs ou sociaux)
J'ai pu m'entretenir avec la psychologue qui assurait une part de notre formation après une séance de travail où j'avais vu dans son regard l'effarement d'entendre ce qu'elle entendait comme conception du métier de presque la totalité des AESH présents à cette réunion. Je lui ai dit que personnellement j'étais atterré de ce que j'entendais comme réflexion ou comme problématique (en gros, très souvent, l'AESH se soucie de lui bien avant le bien-être de l'enfant dont il s'occupe jusqu'à par exemple gueuler parce que l'enfant ne vient plus à l'école pour des raisons médicales graves parce qu'en tant qu'AESH, la personne se sent d'un coup inutile et que c'est dur à vivre pour elle). Bref! la psy m'a dit qu'en fait ils recrutaient tous les candidats parce qu'il y avait plus de postes que de candidats et que la demande était tellement forte (c'est pourtant un protocole long et particulier pour faire reconnaître son enfant comme ayant besoin d'un AESH) que tous les enfants n'étaient malheureusement pas accompagnés...
Et c'est là que c'est dramatique car on est prêt à prendre "n'importe qui" pour s'occuper d'enfants qui ont besoin de tout sauf de n'importe qui justement. Et quand on voit le niveau des accompagnants, c'est juste scandaleux, c'est une politique éducative déplorable (d'ailleurs c'est une politique qui est tout sauf éducative) et tellement méprisante pour les enfants en situation de handicap de les "aider" de cette manière, que ça en dit long, très long, sur notre société, voire, notre civilisation.
Quand on s'occupe de ses enfants les plus défavorisés, les plus fragiles en leur adjoignant des adultes tout aussi fragilisés qu'eux et pas du tout compétents pour l'exigence et la subtilité d'un tel travail on est un traitre envers le ministère dont on a la responsabilité, comme envers les enfants et leurs parents.
Franchement, j'ai eu honte. Non pas de faire ce métier mais de voire comment on traitait les enfants et comment on se foutait de leurs parents. C'est purement et simplement de l'escroquerie. On prétend rendre un "service" que les gens employés ne sont pas aptes à rendre. J'ai eu honte et j'ai encore honte de cet état de fait.