Je ne défends ni thèse ni argument, ici. J'ai simplement dressé une liste - très incomplète - de films adulés par les jeunes gens de ma génération (et de la tienne, si tu le veux, mais elles ne sont guère éloignées et ces films ont connu une popularité folle avec le téléchargement sur internet), et je me désolais de leur succès. Un peu comme si je me désolais de constater la gloire de Justin Bieber ou James Blunt dans le domaine de la musique. Il y a là nulle thèse ni début d'argument, juste un constat un peu désabusé.
Ces films ont tous de bonnes raisons d'être devenus cultes, sinon ils ne le seraient pas devenus - certes, c'est de l'ordre du truisme. Mais enfin, ce sont des films relativement bas de gamme. La narration déstructurée, les flash-backs, la violence, les dialogues enlevés - tout cela a été fait et mieux fait avant.
La grande réussite de ces films, c'est justement d'avoir popularisé des techniques, des audaces de réalisation, des dialogues pimentés et les avoir mis à la portée de tous - le tout sur des thèmes porteurs et un peu faciles, propre à séduire une génération en manque de repères culturels solides : violence, rejet de la société de consommation, banditisme. Ce n'est pas du mauvais cinéma, c'est du cinéma facile et un brin populiste ; voilà tout ce que je disais. Pas la peine de fouetter un Quentin Tarantino pour si peu.
> vermeer
Ça me rappelle un cours d'histoire de l'art où il était question de la notion de chef-d'oeuvre. Et de sa disparition pour ne pas dire son absence de raison d'être au XXème siècle, à mon avis Marcel Duchamps n'y est pas étranger.
Là encore, vaste question qui aurait toute sa place sur un autre topic. Je ne crois pas que quelques hardiesses modernistes ou que la perte de sens aient signé son arrêt de mort à l'art, et par extension à la notion de chef-d'oeuvre (ou, si c'est le cas, il ne nous reste qu'à nous susciter, l'art étant la seule forme de transcendance restante de nos vieilles sociétés fatiguées). On peut caractériser le chef-d'oeuvre par son intemporalité : Vermeer est intemporel, Bach est intemporel, Pouchkine est intemporel ; les formes qu'ils ont laissé au monde seront aussi dignes d'admiration dans trois siècles que maintenant. Je crains un peu plus pour Duchamp, en revanche, dont l'oeuvre ne s'explique que par son contexte.