baggio42 a écrit : ↑20 oct. 2019, 22:58
Sur l'Union Européenne, sans elle, des pans entiers de notre économie auraient disparu, l'agriculture en premier.
L'UE a rendu l'agriculture dépendante de ses subventions, qui sont au passage pour une bonne part empochées par de grands groupes productivistes utilisateurs de pesticides. L'UE signe aussi le CETA par exemple. Les petits agriculteurs galèrent, pour certains abandonnent le métier et d'autres se suicident comme jamais ce n'était arrivé auparavant. L'agriculture ne disparaît pas, ce sont les agriculteurs qui disparaissent.
baggio42 a écrit : ↑20 oct. 2019, 22:58Vous avez une propension assez incroyable à voir le verre à moitié vide, alors qu'il est bien rempli.
Si l'EU n'existait pas, Toulouse serait une ville sans Airbus et tous les emplois qui vont avec.
Airbus n'a pas attendu la création de l'UE en 1992 pour s'installer à Toulouse. Comme le rapprochement franco-allemand après la Seconde Guerre Mondiale n'a pas attendu les premiers accords économiques de la CEE pour se mettre en place. La construction de la CEE puis de l'UE ont certes accompagné l'instauration de la paix mais elles n'en sont pas à l'origine contrairement à ce que dit la légende urbaine. L'UE favorise même plutôt aujourd'hui des rejets, des rivalités, des oppositions néfastes entre citoyens européens en organisant la concurrence de tous contre tous, où l'on critique les tarifs du plombier polonais, où l'on se refile les migrants entre l'Espagne, la France, la Grèce, l'Italie, et où les entreprises d'Europe de l'Ouest partent en Europe de l'Est pour payer leurs ouvriers moins cher.
baggio42 a écrit : ↑20 oct. 2019, 22:58Des exemples comme celui ci je peux en citer quelques uns.
N'oublie pas de citer aussi Whirlpool qui ferme son usine d'Amiens pour aller s'installer en Pologne, malgré la promesse électorale de 2017 de Macron de sauvegarder l'usine en France. Des exemples comme celui-ci, on peut en citer des centaines.
baggio42 a écrit : ↑20 oct. 2019, 22:58Sur la SNCF, là aussi, il y a des combats d'arrière garde.Le système des retraites coûte à l'état chaque année 700 millions.
Désolé, mais pour moi, ce système n'est pas viable.Pour en revenir sur cet incident de Champagne Ardennes, j'aurai apprécié que dès la découverte de ce dysfonctionnement, les syndicats fassent une conférence de presse en relatant les faits et annoncent une grève dès Lundi prochain.Au lieu de cela, ils ont décrété un mouvement en catimini, qui avait pour seul de but d'emmerder les usagers d'une manière lâche.
Ce n'est pas de cette façon qu'ils vont s'attirer les sympathies des usagers.Tu me diras ils s'en cognent royalement.
Mais tout le monde s'en fout des états d'âme des salariés de la SNCF ou de ceux des urgences, des écoles, de France Telecom, etc etc. Tout le monde s'en fout qu'ils fassent des conférences de presse, des communiqués, qu'il y ait des gens qui crient dans le vide parce qu'ils sont mis sous pression par des fonctionnements indignes et des méthodes de management féroces. Tout le monde s'en fout...jusqu'à ce que ce soit leur mère qui se trouve sur un brancard depuis 4 heures, leur cousin qui s'est tiré une balle dans son bureau de France Telecom, leur train qui déraille et fait X victimes. Et quand on invite les mécontents à exposer leurs revendications à la télé, c'est pour mieux les prendre de haut, les déconsidérer, pour les traiter de "preneurs d'otages", pour mieux les questionner sur les usagers qui râlent, avec des "journalistes" qui ânonnent les éléments de langage du gouvernement.
On le voit bien avec les urgentistes qui bossent comme des dingues jusqu'à l'épuisement, avec des responsabilités énormes et au risque de se tromper dans les diagnostics : ils ont mis une banderole "en grève" sur la porte de leur hôpital et tout le monde s'en fout parce que le service est assuré quand même, dans des conditions indignes d'un pays développé, avec des heures et des heures d'attente. Et cerise sur le gâteau, les plus égoïstes et les plus bêtes de leurs patients les insultent parce qu'ils ont trop attendu, comme si c'était de leur faute.
S'ils arrêtaient de prodiguer les soins (ce qu'ils ne feront pas car ils ont une conscience professionnelle et un sens du
service public), ce serait un tel scandale qu'ils obtiendraient le jour-même des améliorations de leurs conditions et en plus le gouvernement pourrait difficilement les traiter de fainéants, de gens qui abusent du droit de grève ou dire qu'ils sont juste des égoïstes et des nantis qui veulent emmerder les patients.
baggio42 a écrit : ↑20 oct. 2019, 22:58Enfin, sur un point politique, tu parles de changer les choses.Mais comment? Quel programme viable et pouvant atteindre la majorité est capable de l'emporter en 2022?
Quand je vois les résultats des dernières élections, sur 30 ans, j'ai pas l'impression que la majorité des Français veuille changer radicalement de politique.
Et heureusement d'ailleurs.Car quand je vois des fous présider aux destinées des USA, de la Turquie, de L'Italie et bien d'autres pays, je me dis que nous avons des présidents qui font que la France est parmi les pays les mieux structurés et démocratiques du monde.
C'est sûr que si tu en restes à l'affirmation mille fois répétée "
il n'y a pas d'autre alternative" en te disant que pour toi ça ne va pas trop mal et en disant à ceux pour qui ça va moins bien qu'il faut qu'ils bossent plus, qu'ils serrent les dents, qu'ils se bougent les fesses, qu'ils attendent que ça ruisselle, alors effectivement il ne faut rien changer. C'est faux de croire que ceux qui sont dans la galère sont des gens qui n'ont pas fait assez d'études, qui n'ont pas fait d'efforts pour avoir ou conserver un boulot, ou pire, que ce sont des fainéants, des profiteurs du chômage, des arnaqueurs de la sécurité sociale. Les rues, les manifs, les couloirs de Pôle Emploi, les maisons (car tout le monde ne manifeste pas, surtout quand on risque de se faire tirer dessus au LBD !), sont remplies de gens qui sont des bosseurs mais dont le boulot est dur, précaire, pas intéressant, mal payé et ne permet plus de vivre correctement, dignement, d'avoir des projets.
Si tu ouvres un peu les yeux, si par curiosité tu lis d'autres programmes politiques, tu verras qu'il y a des propositions concrètes, tenables, intéressantes, qui sans être parfaites et sans prétendre avoir des solutions à tout, sont bien plus ancrées dans la réalité que la poursuite du système économico-politico-médiatique qui est profondément antisocial, injuste et antiécologique qui gouverne en France depuis 30 ans. Si tu passes au-delà de l'adjectif "populiste" sans cesse répété même s'il ne veut pas dire grand chose mais sert à effrayer les foules, si tu es capable de passer outre la figure controversée de Mélenchon, lis donc par curiosité intellectuelle "
L'avenir en commun", qui était en 2017 probablement le programme le plus abouti, le plus réfléchi, le plus centré sur l'humain, le plus économiquement et écologiquement réaliste (les deux termes sont associés à dessein). J'insiste sur le réalisme, sur l'ancrage dans la réalité car dès lors que l'on défend des idées de gauche aujourd'hui (la vraie gauche, pas celle qui s'est trahie et qui s'est fourvoyée dans le macronisme, hein !) on est souvent taxé de doux rêveur, de candide, d'idéaliste, de Bisounours, de pas réaliste, etc etc.
Comme si à la manière de Macron et de ses clones étrangers gouverner au profit de la richesse de quelques uns, comme si détruire les mesures sociales, comme si privatiser tous les profits, comme si supprimer les systèmes de solidarité dont l'Etat était jusqu'ici le garant, comme si casser les services publics dont bénéficient tous les citoyens, comme si offrir une vie de plus en plus insupportable aux travailleurs les plus modestes, comme si abîmer toujours plus la planète était un programme sérieux, d'avenir, réaliste et viable !
J'ai lu presque tous les programmes en 2017. Le programme de Hamon proposait aussi plein de choses intéressantes. Ces programmes authentiquement de gauche ne viennent pas de nulle part, de grands économistes dont la pensée est respectée ont bossé dessus (Généreux, Piketty….), de grandes organisations internationales (des ONG notamment, car elles pensent à l'humain d'abord) les ont encouragés et validés. Alors ouais, ceux qui les défendaient ont perdu plus (Hamon) ou moins (Mélenchon) largement la présidentielle de 2017, mais ils n'ont pas bénéficié comme Macron du soutien unanime des grands médias, de l'aide financière et intéressée des grands patrons, on leur a par contre sorti des procès en idéalisme et en bisounoursisme, on ne leur a pas loué des salles gratuitement pour leurs meetings et dans les journaux à trois jours du premier tour on ne les a pas vus en photo main dans la main, détendus et souriants avec leur épouse.
La réalité du quotidien pourtant, ce n'est pas augmenter la taille du porte-monnaie des actionnaires ni suivre aveuglément l'absurde règle des 3%, ce n'est pas chercher quelle taxe on va créer pour tenter de colorer en vert une politique économique qui détruit la planète. La réalité, ce n'est pas appauvrir les pauvres et les mépriser en leur disant de traverser la rue pour se bouger pour trouver un boulot ou en les traitant de feignasses ou de réfractaires. La réalité, ce n'est pas encourager la caissière de Carrefour sous-payée, traitée comme de la merde et obligée de bosser le dimanche contre son gré à détester le directeur d'école qui a vu deux classes fermer cette année, qui a maintenant 32 élèves devant lui en classe et qui s'en plaint ou à détester le cheminot qui estime que la sécurité des usagers n'est plus assurée dans son train et qui utilise son droit de retrait (qui peut sérieusement soutenir que quand il n'y a plus que le conducteur dans un train ce n'est pas dangereux pour les usagers en cas de problème important ?).
La réalité, c'est d'abord l'humain, ne pas laisser crever le travailleur qui va au boulot tous les matins, qui vit dans la maison ou dans l'immeuble d'à côté, qui ne s'en sort plus dès le 15 du mois et qui a du mal à nourrir, vêtir, chauffer ses deux gosses. La réalité, c'est faire des efforts écologiques réels, notamment sur les énergies renouvelables ou l'isolation des logements, et pas juste de la comm' sur ce sujet.
Sur l'état de la démocratie en France, comment ne pas voir qu'elle est un peu plus abîmée chaque jour depuis 30 ans ?
Sans revenir sur le traité de Lisbonne qui fut un désolant déni de démocratie, l'un des phénomènes souvent passé sous silence mais terriblement cynique est d'avoir aligné le mandat des députés sur celui du président (5 ans). On vote en mai pour élire un président et en juin de la même année pour élire des députés qui ont donc toutes les chances d'être affiliés au même parti que le président tout juste élu ; c'est le cas tous les 5 ans depuis 2002, date d'entrée en vigueur de cette réforme. Et sur 4 présidentielles depuis 2002, on a eu deux fois le RN au second tour alors que ce n'était jamais arrivé auparavant. Coincidence ?
En dehors des européennes ou des municipales qui amusent la galerie mais dont les résultats pèsent en réalité très peu sur la scène politique nationale, il n'y a plus aucun vrai scrutin intermédiaire dans le quinquennat dans lequel la population pourrait voter pour vraiment remettre en cause la politique présidentielle.
En Marche est battu aux européennes ? Ils n'en ont rien à foutre. S'ils font un fiasco aux municipales, ils n'en auront rien à foutre non plus et ça ne fera pas varier leur politique d'un iota. Les mandats de 5 ans alignés du président et des députés permettent d'éviter les cohabitations et parfois le sentiment d'immobilisme qui en découlait (quoique de 1997 à 2002 pas mal de mesures de gauche sont passées sous un président de droite...), mais cela a avant tout permis de supprimer un garde-fou, d'ôter la seule vraie possibilité de freiner un président, d'avoir des députés ne validant pas comme un seul homme chaque décision ou limitant les éventuelles dérives du président et de son parti.
Depuis, seule l'élection présidentielle est réellement importante, c'est celle-là qu'il faut gagner par tous les moyens. Et derrière les législatives ne sont qu'une formalité pour le récent élu. Il faut gagner par tous les moyens, peu importe que peu de gens aillent voter, peu importe que le RN réussisse son meilleur score de l'histoire en nombre de suffrages (2017), peu importe la méthode, il faut juste gagner pour pouvoir reconduire le système en place et finir le boulot (comme finir de démanteler les mesures sociales historiques issues du CNR). Celui qui est soutenu par le système politico-économico-médiatique, c'est-à-dire celui qui propose simplement de maintenir le système en place, fût-il injuste, inégalitaire et mortifère pour une part croissante des citoyens, l'emporte. C'est arrivé à chaque fois depuis 2002 et il y avait même parfois des plans B (Fillon ou Macron en 2017, peu importe, les deux vendaient en réalité le même paquet de lessive et d'ailleurs plusieurs ministères stratégiques sont occupés par des ministres de droite actuellement). Et c'est encore plus facile de gagner si l'on fait en sorte de se retrouver au deuxième tour contre le RN, l'assurance-vie du système, l'adversaire contre lequel on ne peut pas perdre : une bonne petite polémique bien vicelarde de temps en temps sur le voile, sur l'islam, sur les migrants, ça permet de ne pas parler des vrais problèmes des Français et de la casse sociale, ça divise pour mieux régner, et c'est la recette du fond de commerce qui marche pour faire monter le RN et s'ériger ensuite la présidentielle venue en dernier rempart contre l'extrême-droite pour être élu ou réélu.
Au besoin, on agite les peurs avec un raz de marée médiatique pour discréditer les opposants présentant un risque (Mélenchon et le Venezuela ou les perquisitions, les Gilets Jaunes violents, antisémites et d'extrême-droite....), ce qui évite là aussi de parler des véritables propositions, idées ou revendications desdits opposants. Du coup de moins en moins de gens votent, un certain fatalisme et un découragement s'installent, car on sent bien qu'au fond le bulletin de vote ne peut plus changer grand chose dans le fonctionnement du pays (et l'incessant rouleau compresseur médiatique conforte cette impression) : ça s'appelle la fabrique du consentement. La droite de Sarkozy, la gauche qui a trahi les idéaux de gauche de Hollande malgré ses beaux discours contre la finance, la droite encore plus dure, plus dégueulasse et plus cynique de Macron : on continue toujours dans la même direction économique et on accélère encore vers l'enrichissement des actionnaires et des entreprises riches au détriment des plus modestes qui triment, qu'on exploite, et pour lesquels on supprime par étapes les services publics et on remet en cause de plus en plus ouvertement et sans complexe les mesures historiques d'égalité et de solidarité (retraites, sécurité sociale, etc).
Le président élu est devenu encore plus tout-puissant, il gouverne comme s'il avait été élu avec 90% des suffrages (c'est encore plus vrai avec Macron), ses députés sont juste là pour lever la main à l'assemblée quand on leur dit de lever la main et les rares qui essaient de faire entendre une opinion discordante sont qualifiés de "frondeurs", pour ne pas dire de traîtres à la patrie ! C'est pourtant la base de la démocratie de ne pas tous être d'accord et de pouvoir le dire, de l'exprimer, sans obligatoirement et docilement se ranger dans 100% des cas à l'avis du parti.
Et au bout du bout, le passage par les urnes et les législatives ne servant plus à grand chose ou donnant en tout cas ce sentiment, les décisions politiques allant toujours dans le même sens, les élites médiatiques vous faisant passer pour des débiles arriérés si vous osez dire que vous n'êtes pas d'accord, pour les simples citoyens cela provoque soit l'acceptation de la défaite avec des conséquences plus ou moins graves (chômage de longue durée, déclassement social, SDF, galère en fin de mois, suicides, burn-out), soit la rébellion dans les rues avec manifs et grèves que le gouvernement réprime férocement pour dissuader ceux qui pourraient rejoindre ces mouvements de le faire. La convergence des luttes face au même adversaire (Macron et le système qu'il représente) est une évidence : tout le boulot du gouvernement consiste à diviser, à fragmenter, à pourrir la situation, à jeter le discrédit sur les uns ou les autres, pour empêcher cette convergence de se réaliser dans la rue et surtout dans les urnes.
Dans ce contexte, la répression est organisée avec des méthodes qui n'ont plus grand chose d'un pays démocratique quand des policiers humilient à genoux des lycéens, frappent à la matraque des pompiers, réquisitionnent des infirmières déjà épuisées à 3h du matin pour aller renforcer les urgences, tirent au LBD dans la tête des Gilets Jaunes, dispersent à la lacrymo des manifestants pour le climat ou chargent sur les bords de la Loire des gens qui sont à la fête de la musique....