> rems
J'ai cessé de m'intéresser aux questions de sociologie électorale depuis des années, et j'ai la flemme de chercher les dernières études sur le sujet.
Je prendrais donc votre bonne foi en compte, et ne remettrai pas en question vos chiffres.
Petite précision rapide, dans le public, les enseignants votants sont à 61% pour le PS-FdG et le taux passe à 31% seulement dans le privé. En 2007, Royal avait été siphonnée par Bayrou dans le public et l'implantation Modem est restée forte dans le privée. Je ne pense pas qu'on puisse parler d'homogéneité dans ce cas, sinon,
L'enseignement public constitue la grande majorité des enseignants ; et quand un segment d'un corps électoral vote à un peu de moins de deux tiers qui ce qui ne représente que 40% des suffrages généraux, on peut effectivement parler d'homogénéité (moins marquée qu'à la grande époque, certes).
(Juste une précision : d'où sortez-vous les chiffres pour le privé ?)
Aussi, concernant les taux de syndicalisation dans l'Education Nationale, c'est 20% (8,5% dans le reste de la population active) et seulement 6% pour la tranche 25-35 ans. C'est cela que tu appelles "relativement élevé"?
20% quand le reste de la population est à 8,5% - encore une fois, je prends vos chiffres, mon souvenir ne coincide pas exactement avec ceux-ci, m'enfin, on est dans cet ordre de grandeur : le terme "relativement élevé" est donc parfaitement adapté.
Ce que tu avances là n'est qu'une somme de stéréotypes qui n'ont pas résisté à l'érosion du temps et au bouleversement des valeurs de notre bonne vieille société.
Les chiffres que vous-même avancez... valident ce "stéréotype", à savoir une pregnance d'une politisation ancrée à gauche nettement plus élevée que dans la population générale. Vous excellez dans l'absurde.
Sinon, la disparition de l'éducation nationale: lol. Une bonne idée: les fils de riches sauront lire et écrire, les autres iront bosser à l'usine pour coudre des ballons pour les nouvelles élites chinoises.
Cette extrapolation est parfaitement idiote (l'éducation pour les "masses" s'est faite - et souvent mieux - avant l'éducation nationale, à côté d'elle, et lui survivra), mais, au fond, l'idée ne me déplaît pas.
Enfin, je ne vois nulle part que pour être prof, il faut avoir envie de transmettre son savoir, de partager et d'aspirer à un mieux-être collectif. Ces valeurs là, ce sont des valeurs de gauche
De la même manière que pour être un bon trader, il faut avoir un gros ego et peu de vision collective à long terme.
Absurde au carré. Dans une première partie vous nous donnez des chiffres prouvant la "gauchitude" du corps enseignant en avançant que cette idée et un mythe, et dans un second temps vous dites que les valeurs professorales sont des valeurs de gauche. Bon, passons.
Transmettre son savoir et aspirer à un mieux-être collectif, sont des "valeurs" (elles n'en sont pas, mais encore une fois, passons, on est plus à une approximation près) partagées uninanimement par la gauche et la droite. Le Clergé conservateur, contre-révolutionnaire, et crispé sur les traditions - donc de droite - n'a pas attendu l'école gratuite, laique et obligatoire pour diffuser le savoir (enfin ce qu'ils considéraient comme le savoir) aux jeunes ouailles. Aspirer à un mieux-être collectif, c'est le combat de tous les auteurs engagés politiquement, qu'ils soient de gauche ou de droite - après, que cet horizon ne soit pas celui que vous partagiez, c'est une autre question.
Seuls Nietzsche et Stirner ne s'occupaient pas du bonheur collectif, s'en désinterressaient volontairement, avec mépris, l'un tout occupé à son Surhomme et l'autre à son Moi, mais l'on aurait du mal à les classer politiquement. Même les auteurs libéraux et libertariens arquent leurs flèches rhétoriques vers le pays du bonheur collectif. Hélas, ce pays, l'Utopia de More, le Phalanstère de Fourier, ressemble à l'Atlantide : un mythe qui n'existe que dans l'esprit d'âmes trop généreuses, et trop dangereuses...