vertigogo a écrit :Dodo a écrit :Oui je voulais rajouter à la fin "désolé pour les clichés les poncifs et le baratin facile" et puis j'ai oublié et j'ai cliqué sur envoyer. Merci d'avoir réparer cet oubli.
Au plaisir.
Tu étais à Saint-Louis ?
Non, pire
Je rajoute vite fait : j'admets volontiers que mon petit laïus est plein de clichés, je suis pas naïf à ce point, à condition de comprendre qu'à partir du moment où l'on s'aventure dans les vécus de chacun, oui les poncifs guettent. J'aurais peut-être dû choisir un autre angle que celui de ma petite histoire personnelle. Je suis de gauche, il y a des gens de droite (et chacuns tout autant intoxiqués par les discours de chaque camp, ne me faites pas rigoler), très bien, basta, je ne voulais pas faire une tribune politique.
La gauchiste qui se coltine l'éducation des moutards des quartiers difficiles, oui c'est cliché, mais c'est aussi une réalité, et pas une facile à vivre.
La peur du licenciement, oui c'est un cliché, mais c'est ce que vit l'ensemble de la métallurgie européenne en ce moment.
L'absence d'immigrés dans mon lycée (alors qu'au collège il y en avait pleins) et les pétasses à serre-tête, c'était une réalité qui ne tenait en rien d'une réalité géographique mais bien d'une réalité de classes. Aux Pays-Bas, où j'ai vécu il y a quelques années, il y a des écoles publiques blanches et des écoles publiques noires, conséquence du libre choix. Veut-on de ces dérives, de ce "développement séparé" pour reprendre un mot célèbre à Pretoria ? (oui, cliché aussi, je sais, je sais)
Le racisme latent de classe, oui c'est un cliché, et pourtant c'est à mon sens la racine du mal de vivre de nombre de populations dans ce pays, et au final, de "la mort à petit feu de Sainté" comme d'autres. Je ne crois pas être hors-sujet. Tant que les politiques et les intellectuels, de droite comme de gauche (mais surtout de droite
) (désolé, peux pas m'empêcher
) n'auront pas compris le mépris ressenti (je dis bien "ressenti", je ne dis pas systématiquement réel) dont se sentent victimes, à tort ou à raison, des gens dont le métier (quand ils en ont un) est de fabriquer ou faire pousser des trucs qui servent à tout le monde, (je veux dire par là que ces gens sont essentiels, contrairement à nombre de branle-couilles s'auto-évaluant pensant bien (mais surtout pas bien-pensantes, hein, ça non, ça c'est le cliché réservé à l'idéaliste de gauche)), tant que ce mépris ne sera que l'objet de petites analyses théoriques à la mord-moi-le-nœud de gens n'ayant jamais vécu dans la merde, tant que ce mépris ne sera pas compris et combattu, vous pourrez toujours gloser éternellement sur qui est le plus méchant de l'arabe en phase de salafisation rampante ou du blanc en phase de lepénisation avancée, la méfiance sera de mise, et derrière elle, le repli, la ghettoïsation (et pas seulement des quartiers, on pourrait parler de la campagne "profonde" de la même manière), l'incivilité, la fuite vers des géographies plus accueillantes et in fine la mort à petit feu.
Et enfin oui le déterminisme social est à sa manière un cliché. Et pourtant je le "vois" tous les jours.
Je n'ai pas la (votre ?) prétention à comprendre les phénomènes, ni même à les analyser correctement. La sociologie m'a toujours emmerdé. Et je n'ai, bien évidemment, pas le moindre début d'un embryon de solution. Mais je sais ce que je vis, comme celui qui pleurniche parce qu'on lui a taxé trois clopes à proximité du kebab du coin sait ce qu'il vit. Je vis, comme vous, une succession ininterrompue de clichés.
Alors désolé d'avoir rabaissé le niveau (ah, tiens, la condescendance du pseudo-intello... un cliché ?), moi j'aime juste raconter des histoires et faire des bisous.
Bisou !