Dans son camion, dans sa cabine, dans sa cahute, dans tout ce qu’il veut mais avant tout dans sa médiocrité crasse, et sa malhonnêteté de plus en plus évidente, l’arbitre qui se pignole bien caché derrière son petit écran nous a encore enflés dimanche.


Suis vulgaire ? Oui. Tant mieux ! aurait ajouté la Maria Pacôme de La Crise. La crise de l’arbitrage français, du foot français. La crise de nerfs qui m’a pris dimanche en début de soirée, devant le scandale absolu dont nous avons encore été victimes.

Hamouma qui subit deux fautes dans la surface, sans qu’aucune n’ait donné lieu à un revisionnage par la VAR, a fini expulsé. Un peu comme une victime à qui on assène le coup de grâce en le punissant parce qu’il a osé pointer l’injustice. Quelle fumisterie ! Quelle honte !
N’en jetez plus, la coupe est pleine. Hamouma hier, M’Vila à Nantes, Khazri et Perrin contre les Vilains, KMP à Nice, Saliba et Khazri à Bordeaux, Salibur contre les Vilains au Cochonou Stadium à l’aller, Debuchy contre Rennes à l’aller également, Beric contre Amiens … L’énumération des erreurs fout le bourdon. Mais pas que…
Par principe, par éducation, par Toutatis et par Bélénos, je suis le premier à rejeter les théories du complot en général, et en particulier celles qui disent que nos malheurs ne sont pas fortuits, que tout serait orchestré.


Mais désormais le doute m’habite et voilà que mon rationalisme légendaire se lézarde. Je bascule, lentement, sûrement dans la paranoïa et le dégoût face à un enflage en règle, répété, et aux conséquences évidentes sur notre saison. C’est une place sur le podium qu’on nous vole, il faut le dire, l’écrire, le gueuler, en prose comme en vers, le chanter a (remy) capella ou le claironner partout, dans toutes les instances, à toutes les tribunes, dans tous les micros.
C’est le rôle de nos dirigeants, enfin, pour une fois, d’organiser posément, de façon réfléchie une riposte à la hauteur du préjudice. C’est leur rôle enfin d’endosser l’habit. L’habit d’une présidence qui défendrait bec et ongles son club, l’habit d’une présidence qui réfléchirait à la meilleure façon de gagner d’abord la bataille de l’opinion pour ensuite gagner celle des instances. Il faut marteler avec constance qu’on a été privés d’une dizaine de points, ne pas hésiter à en faire des tonnes pour enfin ébranler les médias, les obliger à creuser, enquêter, remuer toute la merde (oui, je reste vulgaire) que ce foot français accumule à force de laisser le pouvoir à quelques-uns.

Interpeler par exemple les médias sur l’omniprésence d’un président de club notoirement ennemi du nôtre,  à la fois membre de la liste du président de la FFF et élu au comité exécutif  de la Fédération depuis 2017 au point d’être présent dans les vestiaires de l’équipe de France quelques minutes après la victoire en Coupe du monde, un président de club ayant porté à la présidence de la Ligue une femme qui oeuvrait au sein de la fondation de son club, un président qui avait en 2000 orchestré la révélation aux médias de l’affaire des faux passeports à l’occasion d’un derby, un président qui, il y a un an à propos de la désignation des arbitres avait lâché un si révélateur « ceux qui investissent le plus dans le foot ont quand même un droit de regard sur la qualité de ceux qui influent sur le résultat, c’est-à-dire le fruit de leurs investissements ». Un président de club, qui par son omnipotence à la Ligue est aux manettes de toutes les orientations en matière d’augmentation de rémunération des arbitres.
Est-ce qu’un esprit bien calibré peut aujourd’hui, en 2019, encore croire qu’un secteur où le fric coule à flot serait totalement hermétique aux malversations, aux arrangements entre amis, bref à la corruption ? Et si ça malversationne à tout va dans le foot français, qui peut imaginer que cela n’est pas orchestré par les hommes les plus puissants ?

Vous ne voulez pas me suivre dans ma démonstration ? Moi aussi, longtemps j’ai préféré le scepticisme à la conviction absolue et absolument déprimante, que tout est vérolé. Moi aussi j’avais toujours refusé d’y croire. C’était avant.

Avant cette parodie de justice, avant ce putain de camion.