La phase des matchs retour commence bien pour les Verts, auteurs à Guingamp de leur deuxième victoire à l'extérieur en championnat cette saison.


Les Stéphanois ont évolué dans leur nouveau système à base d'une défense à 3 pour le quatrième match consécutif. Il est difficile de cataloguer ce système en seulement quelques chiffres. En phase offensive, c'est un 3-4-1-2, avec Cabella en soutien des deux avant-centres, on peut ainsi parler d'un triangle pointe haute au milieu. On verra des exemples de ce positionnement, mais aussi des situations où c'est plutôt un 3-1-4-2, c'est-à-dire avec un triangle pointe basse, M'Vila plus bas que Selnaes et Cabella. Quant au bloc défensif, il est habituellement en 5-2-3, mais vers la fin du match à Guingamp, pour mieux sécuriser les côtés, deux éléments offensifs venaient défendre dans les couloirs, transformant ainsi le système en 5-4-1 :

 
Mais "peu importe le système, ce qui compte c’est l’animation et l’état d’esprit" (Gasset après le match). Les Verts ont fait preuve de beaucoup de maîtrise et confiance, surtout dans la première demi-heure, ce qui leur a permis de faire "des bonnes sorties de balles" (Kolo après le match). On verra par la suite des exemples de cette maîtrise, ainsi que de l'animation basée par des passes verticales tranchantes et appels en profondeurs de Diony. Sans négliger l'élément essentiel pour toute équipe évoluant avec une défense à 3/5 : la bataille dans les couloirs. 
 
 

Sorties de balle

 
Si on s'intéresse aux relances propres, qui partent du gardien, il y a pléthore d'exemples côté stéphanois en première période. Celui-ci commence à la 14e minute :
 
 
Ruffier et Saliba échangent plusieurs passes en attendant des solutions. Sur cette image on voit un positionnement particulier, "spécifique relance", pour les Verts. Si normalement le triangle au milieu M'Vila-Selanes-Cabella est pointe haute, avec le dernier en soutien des attaquants, quand il faut construire une attaque, c'est une pointe basse, avec le premier plus proche des défenseurs. Ainsi, quand l'ASSE construisait ses attaques, il y avait en place un 3-1-4-2, voire un 3-1-4-1-1 : M'Vila fait le lien entre les lignes de 3 et de 4 et Khazri ne reste pas à côté de Diony, mais vient proposer des solutions supplémentaires. Saliba joue avec Selnaes...
 
 
... et le pressing breton s'intensifie, chaque Stéphanois présent dans ce coin du terrain étant pris. Mais Selnaes ne panique pas, et ouvre de l'autre côté, avec Kolodziejczak. S'il y avait 6 joueurs de Guingamp à gauche, il ne reste plus grand monde à droite : quand l'ailier droit monte sur Kolo, il libère un espace où Khazri vient proposer une solution. Il reçoit le ballon mais tergiverse et attend ses coéquipiers, ce qui permet aux adversaires de se replacer :
 
 
Khazri-Selnaes-Cabella combinent dans l'axe et si on regarde seulement cette image, on peut avoir l'impression que l'ASSE joue en 4-3-3, avec Saliba et Kolo latéraux, Perrin et M'Vila défenseurs centraux, un triangle au milieu, KMP et Gabriel Silva ailiers et Diony avant-centre. Quant à Guigamp, leur ligne de 4 milieux n'est pas alignée, KMP étant oublié dans son couloir, surtout que Diony fait un appel vers l'axe amenant le latéral gauche adverse avec lui. Selnaes n'ouvre pas vers l'aile droite mais joue en retrait avec Perrin...
 
 
... avant de proposer une solution plus haut. La paire Selnaes-Cabella bouge beaucoup et c'est le dernier qui reçoit le ballon. Entre temps, le latéral gauche adverse est monté sur KMP ce qui permet à Diony de faire un appel en profondeur dans son dos :
 
 
Il est parfaitement servi par Cabella, aspirant avec lui un défenseur central, laissant ainsi le duo Silva-Khazri en 2-contre-2 dans la surface :
 
 
Malheureusement, Diony ne parvient pas à centrer vers ses coéquipiers.
 
Malgré la forte présence adverse dans leur moitié, les Stéphanois n'ont pas paniqué et ont sorti proprement le ballon, alternant jeu long pour changer de côté et passes courtes, parfois temporisant et parfois accélérant le jeu.
 
 

Défendre les couloirs

 
Quand une équipe a deux joueurs dans chaque couloir et l'autre un seul, la clé du match passe en général par l'utilisation des côtés, comme dans cet exemple à la 30e :
 
 
On voit bien le 5-2-3 stéphanois, ainsi qu'un 4-2-3-1 breton, avec un milieu qui aide la défense à construire, un plein axe et un autre haut, à côté de l'avant-centre. Il y a deux joueurs de Guingamp dans chaque couloir, les deux défenseurs latéraux étant libres - KMP et Gabriel Silva se trouvent au marquage des deux ailiers. Mais quand le latéral gauche est trouvé, toute la défense verte coulisse de ce côté :
 
 
KMP va chercher le latéral, Saliba prend l'ailier, Perrin le milieu offensif, et ainsi suite. A noter que les 3 offensifs et les 2 milieux ferment les angles de passes, mais ne défendent pas proprement dit dans le couloir. Les Guingampais l'ont compris, le but est de changer de côté. Et quand ils le font...
 
 
... la défense stéphanoise coulisse dans l'autre sens. Gabriel Silva se trouve seul contre deux adversaires : il monte sur le latéral, pendant que Kolo prend l'ailier... mais ce n'était pas nécessaire, le ballon sortant en touche.
 
 
La remise en jeu est rapide et le ballon arrive à Kolo. Comme il est très excentré, on peut considérer que l'ASSE a deux joueurs dans ce couloir, ce qui change tout :
 
 
Selnaes, M'Vila, Perrin, sont tous pris par un adversaire, alors c'est à l'ailier droit de presser Kolo, ce qui libère Silva, qui reçoit le ballon. Ce qui oblige le latéral droit à monter sur lui...
 
 
... laissant un espace dans son dos où Diony fait un appel en aspirant un défenseur central avec lui. Un air de déjà vu ? Dans cette action, Diony temporise et arrive à servir dans sa course Gabriel Silva, qui avait fait l'effort de suivre. Malheureusement il n'arrive pas à bien frapper dans un angle fermé.
 
 

De la verticalité

 
Même si les Stéphanois ont souvent combiné avec des petites passes dans leur moitié en phase de construction, à chaque fois qu'ils ont voulu accélérer, ils l'ont fait avec des passes verticales très tranchantes. Et ça a été le cas tout au long du match, comme dans cet exemple qui commence à la 52e minute :
 
 
Le 3-4-1-2 des Verts est bien visible, avec Cabella en pointe haute au milieu. L'opposition latéral/ailier contre piston est toujours d'actualité, le jeu se trouve d'un côté, donc KMP prend le défenseur (et Saliba l'ailier), pendant que de l'autre Silva prend l'ailier (et personne le latéral). Le milieu de Guingamp change de côté, la défense commence à coulisser...
 
 
... et l'avant-centre, qui s'était excentré, est servi - son tir est détourné par Ruffier. Le corner est repoussé et les Stéphanois finissent par récupérer la possession :
 
 
Ils calment le jeu, tout le monde se met en place. M'Vila joue toujours plus bas que les autres milieux, aidant les défenseurs à combiner :
 
 
Et tout d'un coup, le jeu est accéléré ! Si 10 secondes plus tôt (deux images plus haut), Cabella, Selnaes et M'Vila se trouvaient sur la même ligne, ils ne le sont plus. Et c'est le premier qui est trouvé par une merveille de passe verticale :
 
 
Cette passe casse tout le groupe (on ne peut pas parler de ligne) des milieux guingampais . Et comme le latéral droit est monté sur Gabriel Silva, un central doit sortir sur Cabella :
 
 
2-contre-2 dans cette zone du terrain et Diony qui fait un appel en profondeur dans le dos des défenseurs montés, en amenant avec lui d'autres (un air de déjà vu...). Khazri et KMP sont complètement libres à droite mais ils ne sont pas servis, Cabella recherche et retrouve Diony en profondeur : avec deux passes verticales les Verts ont remonté 60 mètres, mais malheureusement Diony rate son face-à-face avec le gardien adverse.
 
 

Conclusions

 
Un poteau, des sauvetages, un gardien plus en forme que l'autre - plusieurs ingrédients ont été nécessaires pour que les Verts rentrent victorieux de leur déplacement à Guingamp. C'est ce que Jean-Louis Gasset appelle "un brin de réussite" en conférence de presse après le match, mais sans pourtant oublier la base de cette recette victorieuse. Une grosse qualité technique, une équipe en confiance et un système de jeu de plus en plus maîtrisé. Les Stéphanois ont su bien défendre malgré une infériorité numérique théorique sur les côtés et ont utilisé une animation offensive à base de passes verticales et appels en profondeur qui a été dangereuse et qui aurait pu être bien plus efficace. Bref, l'ASSE a été supérieure à son adversaire du jour et comforte ainsi sa place dans le haut du classement avant une double réception olympique la semaine prochaine.