Arrivé à Sainté pour une somme que les milieux autorisés s’autorisent à estimer comme la plus grosse jamais dépensée par le club pour un joueur, Loïs Diony sort d’une saison convaincante chez le promu dijonnais. L’aboutissement d’un parcours tortueux, que le joueur lui-même a eu l’occasion de décrire plusieurs fois à la presse. 


En octobre 2012, à l’occasion de ses premiers pas en Pro à Nantes, il raconte son parcours à Presse Océan : « À quatre ans et demi, je suis arrivé au Stade montois avant que Guy Hillion ne me recrute aux Girondins à 12 ans. J'y ai passé six ans et les Girondins m'ont proposé un contrat amateur d'un an. Entre-temps, M. Hillion était revenu à Nantes en tant que directeur sportif. Il m'a proposé de venir. J'ai réfléchi et il m'a convaincu. C'était un pari difficile car j'avais mes repères à Bordeaux. Il a fallu repartir de zéro. »

De sa formation bordelaise, il retient, dans une interview à Ouest France,  un contexte compliqué et des éducateurs qui ont su le titiller : « J'étais amené à jouer avec les U19 voire la CFA. Mais j'ai connu les Gourcuff, Chamakh, Diawara, Alou Diarra et compagnie. Ce fut six années difficiles. J'étais trop nonchalant. Du coup, les Girondins m'ont mis des piques. Il y a des coaches, comme André Penalva (éducateur des U17 à Bordeaux) et surtout Philippe Lucas (entraîneur des U19 chez les Girondins), qui ont réussi à me faire changer. Je les remercie beaucoup. »


Arrivé à Nantes en 2011 il est rattrapé par ses blessures de jeunesse :  « J'ai attrapé la maladie d'Ozgood à 13 ans (ndp² : douleurs au genou fréquentes chez les enfants footeux). Après huit mois, j'ai continué à jouer, à forcer durant toute ma période bordelaise. Avec le temps, j'avais appris à jouer avec cette douleur en continu. Arrivé à Nantes, le doc m'a dit d'opérer. Mon père m'a beaucoup forcé aussi. Aujourd'hui, huit mois après l'opération, je me sens libéré. Je ne ressens plus rien. »
Sa première saison chez les Canaris est délicate, mais il parvient à percer la seconde. A 20 ans il claque 8 pions avec la réserve des Canaris, sous les ordres de Loïc Amisse. Convoqué par Der Zakarian avec les Pros, Il a la chance le 30 novembre 2012 de faire ses premiers pas en Ligue 2 contre Niort :  « Dès la mise au vert, on m'a mis à l'aise. J'ai même réussi à ne pas chanter. J'ai réalisé un rêve d'enfant. Quand je suis entré dans le vestiaire, toutes les tenues étaient pliées ! Au moment où le coach fait appel à moi, la pression est montée. J'ai fait ce que j'ai pu. Sur deux ballons, j'en redonne un et je perds l'autre. Les conditions n'étaient pas évidentes. Après, j'ai eu mes parents. Ma mère était super contente de voir « son » fils à la télé. » A la sortie du terrain, il confie son bonheur :  « Mon maillot ? Je vais le floquer à mon nom, l'encadrer et l'offrir à mes parents », révèle au passage qu’il est « fan du PSG et d'Anelka » et reste modeste quant à la suite : « Je ne suis pas pro. Je ne vais pas commencer à me dire qu'il faut que je sois dans le groupe à chaque fois. Vendredi, c'est déjà du passé. Je vais commencer la semaine avec la CFA. Des joueurs pros vont aussi faire leur retour. Ils seront prioritaires et c'est logique. Mais si jamais coach Der Zakarian me reprenait, ce ne sera que du bonus. Je ne vais pas me monter la tête, même si je garde cette idée dans un coin. »
Hélas, la suite est moins rose. A la fin de saison, en juin 2013, il n’est pas retenu par le FC Nantes : «Nantes m’a dit que je n’avais pas les capacités pour être professionnel » avouera-t-il, avec un brin de rancune, en 2017 dans Le Bien Public. « Ils se sont bien foutus de ma gueule. Nantes, je leur en veux énormément mais c'est du passé » complète-t-il dans une interview à France Football)

Diony rentre alors chez lui, à Mont-de-Marsan, des larmes plein sa bière (le bistrot va fermer, et il gonfle la taulière) pour essayer de se relancer. Dans la même interview à France Football, il précise : «Je voulais rebondir. J'ai retrouvé mes amis et ma famille. Ils m'ont supporté. Et j'ai rebondi en six mois.». Au Stade Montois, il profite en effet de sa première demi-saison (8 buts en 13 matchs) pour taper dans l’œil des recruteurs Dijonnais qui le récupèrent en janvier 2104.
Ses 6 premiers mois en Côte-d’Or ne lui permettent pas de se faire une place en équipe première, mais en 5 titularisations, Diony saisit sa chance en plantant 3 fois.
Les promesses affichées donnent envie au coach de lui donner plus de temps de jeu. Las, il n’en profite guère, son bilan en fin de saison 2015 se limite encore à 3 pions, ce qui, cette fois-ci,est décevant en 33 matchs dont 16 titularisations.
Ses vrais galons de titulaire, il les gagne progressivement l’année de la montée en claquant cette fois-ci 11 fois en 24 titularisations.
Cerise sur le gâteau de sa première belle saison en Pro, il est nommé par ses pairs dans le 11 type de la Ligue 2 en mai 2016 et savoure tout cela dans une interview au Bien Public : « Je ne m’y attendais vraiment pas. C’est une très belle surprise, ça veut dire que les joueurs  voient le travail que je fais sur le terrain. De nombreuses personnes m’avaient dit que j’allais m’enterrer lorsque je suis retourné à Mont-de-Marsan. Deux ans et demi après, je suis en Ligue 1, je n’ai pas de mots pour ça. »
Il rappelle alors ce qui fait son style et son succès : cette rage jamais démentie :  «Je marque des buts, mais je dois vraiment être un chien devant la cage, être plus tueur. Quand on a une occasion, il faut la mettre au fond ». Une rage qui lui a aussi parfois joué des tours, comme il l’explique, décrivant les conditions de son expulsion contre Metz : « J’étais sur le côté, près du banc de touche. Le coach me dit : “Ne lâche pas Loïs ! Ne lâche pas.” Je suis un joueur qui aime tacler, j’ai mis peut-être un peu trop de vitesse et d’engagement. »
A l’orée de sa première saison en Ligue 1, de retour à Nantes avec Dijon, il se confie à Ouest France et ses propos témoignent d’une force de caractère certaine :
« Je suis quelqu'un de déterminé. J'ai toujours dit que ce soit au Japon ou n'importe où, je finirais par être pro. Je savais qu'en rentrant à Mont-de-Marsan, il fallait que je fasse bien les choses. Si je marquais des buts, ça allait se savoir. Quand on vient d'un club pro et qu'on retombe chez les amateurs, c'est toujours difficile mais j'étais conscient de ma force. »
Même s’il s’en défend, son retour à Nantes avec un statut de joueur Pro confirmé a alors pour lui un goût de revanche :  « Je leur ai montré que s'ils m'avaient fait plus confiance, j'aurais pu faire de belles choses chez eux. Je suis très heureux d'être là. Ce que je fais aujourd'hui, ce n'est pas pour être revanchard vis-à-vis d'autres clubs mais pour Dijon et moi-même. Il faut que je continue et que je prouve que j'ai le niveau Ligue 1 (…) Je veux avoir le plus de temps de jeu possible, marquer et faire marquer. On a toujours des objectifs personnels, on verra s'ils se réaliseront... »


On ignore si venir à Sainté en était un, mais il remplit parfaitement son objectif de prouver qu’il a le niveau en Ligue 1 : aligné 31 fois dès le départ, il claque encore  11 pions.
C’est donc un caractère fort, et un joueur en pleine confiance qui déboule chez nous pour confirmer dans un contexte certes plus excitant, mais également plus concurrentiel qu’en Côte-d’Or.