C’est rien. Une phrase quelconque, une sortie banale. Une déclaration d’apparence anodine dans une longue trêve (pléonasme).


« La plus-value qu’elle occasionnera sur le plan économique ? On ne l’a pas évaluée, mais ça ne suffira pas à acheter un joueur. »

On pourrait passer sans s’arrêter sur cette phrase. Sans marquer le stop. Sans que la police de la pensée verte ne siffle. Après tout qu’a-t-elle de scandaleux cette réponse de Roro à un journaliste de France Bleu Saint-Etienne ? Dans une période où le peuple vert a mille autres raisons de s’interroger (sur le profil de l’équipe l’an prochain) et de s’inquiéter (sur la navigation à vue comme seul projet pour le club), une info portant sur l’utilisation du Chaudron devrait en toute trivialité assumée nous en toucher une sans faire bouger l’autre. Surtout que prise et retournée dans tous les sens comme Thérèse, l’info en question -la convention entre la ville et le club pour l’utilisation de GG ces douze prochaines années- semble plutôt réjouissante.

Si si, moi ça me réjouit. En gros, non content de venir poser son séant en Faurand le samedi, le salarié et sa petite entreprise pourront venir séminariser à GG le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi, de l’aube à l’aube, une partie de la matinée. L’ordre du jour sera sans surprise avec un package visite du musée, descente dans les vestiaires et avant de rentrer pour commencer à nous échauffer, tous en cœur nous chantons, on va teambuilder dans le Chaudron.


Réjoui donc. Mais pas que. Agacé aussi.

T’aurais pu faire un effort Roro ! Faire semblant au moins. Faire illusion, donner le change ! Mais non, Sainté et toi c’est un très vieux couple, alors tu ne te donnes même plus la peine de simuler. Pourtant, Roland, c’est pas si compliqué. A ta place, si Lazard ne fait pas bien les choses, j’en aurais trouvé des meutes de consultants encravetouzés, des bcg, des accenture, des qui descendent de leur tour, malette à la main, pc en bandouillère, et sont ravis de venir ramener leur science en chiant du power point au kilomètre, coulant des business plan en bronze, déféquant des ROI, en veux-tu en voilà. Avec eux, tu les aurais bluffés comme qui rigole ces journaleux sans prétention et surtout sans la moindre notion d’économie plutôt que de leur servir un tièdasse On ne l’a pas évaluée….


Mais Roro, ce serait pas le résumé de ta vie en vert ça, le on ne l’a pas évaluée ? Piniok brille comme un ouf avant la trêve, et là paf des enfoirés d’outre A47 (re-pléonasme) viennent lui faire la danse du ventre, mais nous on avait pas évalué le risque. Bamba a fait toutes les sélections de jeunes en EDF et on n’avait pas évalué la pertinence de lui montrer qu’on comptait sur lui, au moment où il ne croulait pas sous les propositions. Sablé n’a coaché que des ados attardés zé acnéiques et on n’avait pas évalué le risque qu’il aille dans le mur en lui confiant un groupe pro en pleine crise ? Le sergent veut nous faire jouer le tiki taka façon Barça et on n’avait pas évalué la difficulté d’enchaîner trois passes sans contrôle avec Söderlund, Pogba et Dabo ? On a la meilleure image d’un club en France au sortir de la Coupe de la Ligue en 2013 et on a oublié d’évaluer l’opportunité de prendre un risque financier pile à ce moment-là, en profitant du vent qu’on avait dans le dos pour, au hasard, casser le salary cap et tenter de prolonger un PEA qui, nous aurait amené plus haut que cette déjà belle 4ème place de mai 2014 ?


Sacré Roro. Mais s’il en connaît pas des BCG, il avait qu’à demander à Bozzo et ses fa/fumeux réseaux d’aller débaucher Lenglet et son salaire de fonctionnaire et de misère (re-re pléonasme) sur France Télé. Déjà ça lui aurait fait un projet abouti, une idée qu’il concrétise, à notre ami Bozzo. Rien que pour ça, pour cet accomplissement-là, un Lenglet, ou à défaut, un apprenti Lenglet, comme on en trouve en pagaille dans les écoles de commerce (et des moins chers et moins chauves encore) ben on n'aurait pas craché dessus.


Il est vraiment loin le temps du ferme et irrévocable. Place désormais à l’à-peu près et au non-mesurable. J’ai mis du temps à me faire une opinion franche au sujet de Roro, abusé que j’étais par la sympathie qu’il m’inspirait, (l’effet sans doute d’un atavisme altiligérien). Mais avec le temps, je crois l’avoir bien cerné, façon BCG, je pourrais même en faire le SWOT du Roro. Son truc à Roland, c’est l’em-pi-rique ! Une recette marche, je ne cherche pas à tortiller du derche, je la décline jusqu’à épuisement. Illustrons : J’ai touché le jackpot en intronisant Galette, je tente de bisser avec Sablé. J’ai innové avec le salary-cap, j’en use et abuse au-delà du raisonnable, même s’il est désormais inadapté.


Oh Roro, on se réveille, le foot à la papa, ça eut marché, mais ça ne marche plus. Un succès ne se pérennise :
- que si on en comprend les clés d’une part
- que si on en analyse les limites d’autre part
Dit autrement, qu’est-ce qui fait que tel choix, dans tel contexte, à tel moment, avec ces hommes-là s’avère bon ? Et en fonction de quels changements de mon écosystème ma recette risque de moins fonctionner ? Gouverner c’est prévoir. Dans ce foot dopé aux pétro-dollars, si t’en as pas, du pétrole, t’es condamné à avoir des idées, et des bonnes de préférence.


Personne ne se plaindra du choix de miser encore sur JLG pour confirmer l’élan qui nous porte depuis janvier. Personne. Personne n’osera dire cependant qu’un tel choix relève d’une vision stratégique de haut vol.

En revanche chacun peut s’accorder sur l’importance d’anticiper le coup d’après. Quel est le projet pour les cinq ans à venir ? Quelle vision pour Sainté, quelle stratégie choisir, et comment se donner les moyens de l’appliquer dans la durée ?
Oui, JLG étant, qu’on le veuille ou non, A bout de Souffle, il est temps pour Roro d’identifier en quoi consistera notre nouvelle vague. Sinon y aura de quoi s’exclamer : c’est vraiment dégueulasse !