Ancien latéral droit de l'ASSE et actuel président de l'Andrézieux-Bouthéon Football Club, François Clerc nous a livré ses impressions avant le match qui opposera les deux clubs ce mardi à 19h00 à l'Envol Stadium.


C'est parce qu'il a déjà un pape François, que tu as décidé de rester clerc ?
Ça commence fort, qu’est-ce que tu veux que je réponde à ça ? (rires)

C'est parce qu'il n'y avait plus de François président que tu as décidé de le devenir ?
Non, rien à voir ! (rires) C’est quelque chose qui m’a toujours attiré. Ce que je connais le mieux, c’est le football, depuis tout petit c’est ma passion. Beaucoup de joueurs se tournent vers le coaching mais ça ne m’attirait pas plus que ça. Je me voyais plus dans la peau d’un dirigeant, c’est la globalité d’un club qui m’intéresse. Ça m’a toujours attiré de piloter un club, c’est pour ça que j’exerce désormais ces fonctions. Je n’y pensais pas tous les jours en me rasant quand j’étais un jeune joueur, mais au fil des ans j’ai muri ce projet. Ma bonne connaissance du monde du foot est un atout mais j’ai encore beaucoup de choses à apprendre, j’apprends au jour le jour. Je dois parfaire ma connaissance de l’administratif, j’apprends vite. J’avais déjà quelques bases, il faut maitriser la comptabilité, la gestion d’une masse salariale. Je me suis porté candidat pour suivre la formation de manager général dispensée au centre de Limoges.

Quel bilan fais-tu de tes cent jours à la tête d’Andrézieux-Bouthéon ?
C’est une très belle aventure. J’ai rencontré des gens sympathiques, je travaille dans un club très sain. Il y a des gens très motivés et très compétents à Andrézieux. On a déjà fait évoluer pas mal de choses depuis mon arrivée. Sportivement, on n’est pas passé loin de la montée en National 1. On a changé le nom du club, on a changé de logo. Administrativement, on s’est renforcé. On a également travaillé sur plein de choses au niveau du recrutement. On a bossé dans le domaine de la communication. On a aussi travaillé sur l’organisationnel afin d’être plus efficace. On essaye de s’inspirer de ce qui se passe chez les pros tout en gardant notre identité.

Dans la Loire, l’ASSE a le monopole du cœur. Il y a de la place pour un peu de rouge et bleu à côté du vert ?
Les Verts sont incontournables dans la Loire et leur rayonnement dépasse d’ailleurs le département. Nous on reste à notre place, je pense qu’il y a une petite place pour nous. On va essayer de la prendre. On sait qu’on ne concurrencera jamais les Verts mais on peut être un bon complément de l’ASSE. Pour y avoir passé quatre super belles années, je connais l’engouement qu’il y a dans la Loire autour du sport, du foot. Je suis persuadé qu’il y a de la place pour Andrézieux, sinon je ne serais pas là ! Il y a de la place pour deux, de la place pour un club de très bon niveau et un club un petit peu en-dessous. Je crois en une saine et respectueuse cohabitation entre Saint-Etienne et Andrézieux-Bouthéon.

Toi président, tu renforceras le partenariat entre les deux clubs ?
Le partenariat s’est officiellement terminé le 30 juin, mais il est prévu qu’on en rediscute avec le président Roland Romeyer. On joue demain l’un contre l’autre, ce sera l’occasion d’échanger à ce sujet. Nous, c’est vraiment notre souhait de continuer le partenariat. Ce serait super. Le match amical programmé demain montre qu’il y a des liens entre les deux clubs, ce sera un évènement sympathique. Il n’y pas de raison qu’on ne continue pas le partenariat.

François, tu es un président normal ou tu veux exercer les pleins pouvoirs. Demain, c’est toi qui t’occuperas du coaching de ton équipe, c’est toi qui diras « le changement, c’est maintenant ! » ?
(Rires) Non, le coaching, c’est le domaine réservé de l’entraîneur. Chacun son rôle. Je pense que je serai quand même un président bien présent mais pas omniprésent. Il faut laisser l’entraîneur travailler. Par contre je serai là pour accompagner l’équipe, accompagner le coach. Je serai à leurs côtés pour les aider, pour donner des conseils. J’aurai un œil avisé sur ce qui se passera, et s’il y a quelque chose à dire sur le sportif je le dirai. Mais en aucun je ne me permettrais de faire des choix qui relèvent de l’entraîneur.

Toi président, tu t’inspireras de Nanard et Roro ? Que penses-tu d’ailleurs de la dyarchie au sommet de l’Etrat ?
C’est assez particulier, c’est vrai que c’est une vraie spécificité du club même si ça l’est un peu moins dans l’organisation car ils se complètent. Je pense qu’il y a de bonnes choses à apprendre d’eux, de bonnes idées dont je peux m’inspirer. Je ne me gênerai pas pour leur demander des conseils quand je les verrai. Président, ce n’est pas un poste facile. Il faut prendre des décisions, il faut savoir trancher. Il faut montrer de la personnalité et du caractère, ce qu’ils arrivent quand même bien à faire. Mine de rien ils viennent d'enchaîner trois quinquennats et ils sont toujours là, moi je débute tout juste mais j’espère m’inscrire dans la durée et réussir dans mes nouvelles fonctions. Je trouve que les dirigeants stéphanois arrivent à gérer plutôt bien l’ASSE. Les résultats parlent pour eux. Il y des cycles dans un club, des bons et des moins bons. Depuis quelques années, l’ASSE joue le top 5 et arrive souvent à se qualifier en Coupe d’Europe. C’est la réussite de tout un club.

Toi président d'Andrézieux-Bouthéon, tu restes quand même supporter des Verts ? Sautes-tu comme un cabri quand t'entends "Saint-Etienne, Coupe d’Europe ?"
Quelque part, je suis toujours supporter de Saint-Etienne. Bon, pas demain quand même ! (rires) Mais je suis toujours avec beaucoup d'intérêt les Verts. J'ai vécu de grands moments là-bas, j'ai ressenti une ferveur inégalable. Mais forcément il y a maintenant un petit peu plus de retenue qu’un supporter. Je suis le premier supporter d’Andrézieux-Bouthéon. Mais après, bien sûr c'est les Verts. Je pense que les gens dans la Loire sont contents quand leurs clubs vont bien, si les deux peuvent marcher, tant mieux !

Comme le disait un ancien président qui mangeait des pommes, "les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu'elles concernent l'avenir". Comment sens-tu la prochaine saison des Verts ?
Je la sens plutôt bien. Les Verts ont gardé tout leur effectif, à quelques exceptions près. Tous les joueurs majeurs sont restés. Bien sûr, le mercato n’est pas terminé mais Sainté semble s’inscrire dans la stabilité. On le voit sur le banc, c’est Ghislain Printant qui a pris la suite de son ami Jean-Louis Gasset. Il connaît très bien le groupe. Côté joueur, il n’y a pas eu de départ majeur, ils ont renforcé un peu l’équipe. Le recrutement n’est pas terminé, à certains postes il manque encore des joueurs. On sait qu’avec la Coupe d’Europe, il faut avoir un effectif un peu plus large. Mais je reste résolument optimiste pour la saison prochaine.

Qui incarne le mieux la force tranquille à l’ASSE ?
Je pense que c’est Loïc. C’est quelqu’un de calme, qui répond présent et joue bien son rôle de capitaine. A son poste, il y a joueur qui incarne aussi la force tranquille malgré son jeune âge : William Saliba. Il est impressionnant pour un joueur de 18 ans. Je pense que s’il continue de progresser, on va entendre parler longtemps en Europe voire en équipe de France sans problème. C’est une belle trouvaille du centre de formation, il faut féliciter le joueur et le club. A priori on s’oriente vers un gros transfert de l’ordre de 30 M€ assorti d’un prêt à Sainté dans la foulée. Ça peut être un deal gagnant pour tout le monde. Le joueur va pouvoir s’épanouir à Sainté, jouer des matches de Coupe d’Europe. Le club va pouvoir garder une saison de plus un joueur de grande qualité tout en touchant une grosse somme qui va permettre de développer et renforcer l’équipe.

Toi président, tu redoutes l’opposition de demain ?
On ne redoute pas l’opposition, ça reste un match amical de préparation, le premier des deux équipes. On sait que Saint-Etienne est largement au-dessus mais ça va nous permettre de vivre une belle fête. On est ravi de recevoir les Verts dans notre super stade, à L’Envol. On va les accueillir comme il se doit. Je pense que les supporters des Verts sont contents aussi de voir leur équipe, de découvrir les nouveaux joueurs, de voir Andrézieux. Je pense qu’il y a de la sympathie entre les deux clubs. Pour les joueurs de l’ASSE je pense que c’est sympa de ne pas aller bien loin pour faire un match sur une bonne pelouse. Ils seront dans les meilleures conditions, il y aura pas mal de monde au stade. Ça promet d’être une belle fête, le résultat passera après. On sait qu’on a peu de chances de gagner.

 

Merci à François pour sa disponibilité