Malgré l'ampleur du score lors de leur première défaite de la saison, les Verts ont bien défendu - par contre, pour la qualité offensive, on est resté sur notre faim.


L'annonce du 11 du départ de l'ASSE a créé une certaine confusion chez les supporters et les analystes, il était difficile de déduire la disposition et la volonté tactique des Verts pour ce match. Par contre, une fois le match commencé, les choses sont devenues plus claires, le système tactique, mais aussi le plan de jeu, évidents. On les illustrera par la suite, tout en parcourant le match chronologiquement pour mettre en évidence certains moments clé de cette confrontation. 
 
 

Le système


Pour ce match, le staff stéphanois a fait le choix d'un système de jeu pas encore utilisé, le 5-4-1. Pour mieux comprendre pourquoi, il faut regarder le positionnement des joueurs des deux équipes :


En tout début de match on aurait pu croire à un 4-3-3, tellement Janko était avancé dans le couloir droit. Les adversaires avaient 3 attaquants, donc les 4 défenseurs Verts suffisaient, mais c'était sans compter sur les latéraux parisiens très offensifs. Ainsi, c'était à Gabriel Silva de prendre le latéral droit adverse :


KTC suit l'ailier droit, Perrin et RPG serrent l'avant-centre et donc Janko joue finalement en défenseur latéral, sur cette image en charge de l'ailier gauche. Le système de l'ASSE commence à être visible sur cette image : un 5-2-3. Avec des latéraux plus offensifs, ça devient un 3-4-3, mais, surtout, pour une équipe qui défend souvent, privée de ballon, c'est plutôt un 5-4-1 :


Le jeu parisien est caractérisé par un mouvement continu des ailiers - parfois ils sont dans le couloir, parfois ils sont dans l'axe (et les latéraux dans les couloirs), parfois ils sont reculés en meneurs de jeu au centre du terrain. Par contre, dans tous les cas, il y a une présence de 4 joueurs sur le front de l'attaque, d'où la nécessité de 5 défenseurs pour les Verts :


Quant à la ligne de 4 Stéphanois au milieu, son rôle est de pouvoir occuper toute la largeur du terrain, vu que Paris change souvent de côté - une ligne de 3 laisserait trop d'espaces en coulissant.
 


Il faut bien négocier les contres...

 
Le plan de jeu de l'ASSE a été assez classique : bien défendre, essayer de contenir les différentes formes d'attaque parisiennes et essayer d'être dangereux en contre. Exemple à la 18ème, un changement de côté parisien est intercepté de la tête par Gabriel Silva...


... le ballon arrive à Dabo qui monte balle au pied, sans être attaqué :


Plusieurs Stéphanois se projettent en attaque, Gabriel Silva accompagne l'action dans son couloir, Bamba et Hamouma font des appels croisés, Habib Maiga apporte du nombre dans l'axe, mais Dabo tergiverse, ne donne pas le ballon dans la course et le perd presque sur un mauvais contrôle. Finalement il arrive à le donner à Maiga...


... qui ouvre vers Bamba à droite. L'attaquant stéphanois est bien décalé, mais seul et les 4 défenseurs adverses sont maintenant en place. Il essaye un 1-2 avec Hamouma...


... mais ils perdent finalement le ballon, tous seuls entre de nombreux adversaires. Après avoir récupéré le ballon bas, les Verts se sont projetés rapidement et en nombre vers le but adverse - mais quand la dernière passe a failli, ils n'ont pas poursuivi l'action, il a manqué de la conviction dans ce contre. Comme dans plein d'autres exemples où Janko se trouvait décalé dans son couloir, en position de centre, mais avec un seul coéquipier dans la surface, parfois même personne.
 
 

Les erreurs d'inattention se paient cash

 
Quasiment dans la foulée de l'action précédente, les Parisiens ont une attaque placée :


Le ballon est vite remonté, mais la défense stéphanoise est en place, alors le jeu est calmé, le milieu offensif ("10") joue avec son ailier droit (qui décroche au centre du terrain) :


En ce moment les 5 défenseurs Verts n'ont qu'un seul adversaire à surveiller, l'avant-centre. L'ailier gauche se balade entre les lignes, l'autre ailier s'y projette aussi et tout se joue en ce moment :


Le un-deux entre le milieu central et l'ailier gauche aspire Pierre-Gabriel qui sort de la défense. L'avant-centre adverse se positionne évidemment à cet endroit et l'ailier droit se place entre les deux autres défenseurs centraux pour les occuper. Et la passe en profondeur vient pile dans la course du premier :

 
Perrin est attiré par l'appel dans son dos et non seulement Janko n'est pas placé pour couvrir la montée hasardeuse de Pierre-Gabriel, mais il est mal tourné. Tous les joueurs, défenseurs et attaquants, ont le corps tourné pour faire une course vers le but, sauf lui. Le temps de se retourner, il est en retard et laisse l'avant-centre lui passer devant, l'arbitre accordant un penalty...
 
 

Il faut bien négocier les contres... (2)

 
L'ouverture du score n'a rien changé dans le plan de jeu des deux équipes, toujours le 5-4-1 et la projection en contre pour l'ASSE, avec un exemple positif cette fois-ci :


Après plusieurs passes au centre du terrain pour préparer une attaque, les Parisiens envoient le ballon à leur ailier gauche :


Le latéral est pris par Janko, notre ligne de milieux coulisse vers la droite - comme le couloir est bouché, il renvoie le ballon au centre du terrain pour basculer de l'autre côté :


Tout le bloc stéphanois coulisse, Gabriel Silva cherchant le latéral opposé et KTC l'ailier... et il récupère même le ballon, bien aidé par le pressing de Selnaes aussi. KTC monte un peu balle au pied, ce qui attire les adversaires, puis il sert Maiga...


... qui avance un peu, lève la tête et voit l'appel en profondeur de Bamba, qui avait déjà pris de l'avance sur la sentinelle et un défenseur central - la passe est très bien dosée, le dernier central est déposé à la course, mais malheureusement le face-à-face avec le gardien est raté par le jeune attaquant. C'était un des tournants du match - si on arrivait à revenir à égalité à peine 5 minutes après l'ouverture du score, on aurait pris plus de confiance pour le reste du match.

 

Il faut bien négocier les contres... (3)


L'autre tournant du match est intervenu sur coup franc à la 51ème - 2-0 sur le deuxième tir parisien du match (en comptant le penalty). Deux tirs, les deux cadrés et aucun dans le jeu, deux buts - à titre d'exemple, l'ASSE a eu 8 tirs en 1MT, dont 6 dans le jeu... Par contre, un seul cadré, celui de Bamba suite au contre ci-dessus. Ce 2ème but parisien a représenté un sacré coup au moral pour les Verts, surtout qu'il est survenu après 5 longues minutes au retour des vestiaires, pendant lesquelles les Stéphanois n'ont quasiment pas touché le ballon : 91% possession pour Paris avec 70 ballons touchés (aucun dans notre surface), seulement 14 pour nous.
 
 

Les contres stéphanois se sont fait plus rares à partir de la 51ème, avec l'exception notable à la 73ème:


Jeu de possession au centre du terrain, RPG (qui venait de passer en latéral gauche après l'entrée de Lacroix à la place de Gabriel Silva) un peu avancé, mais sinon le même 5-4-1 côté ASSE. Selnaes se fait un peu aspirer par le "10" adverse...


... ce qui crée un espace de passe pour trouver l'ailier gauche parisien, vite colmaté par le retour du norvégien et de Pajot. C'est donc le "10" qui est cherché, mais il est vite pris par Dabo, qui récupère le ballon...


... et qui se projette vers le but adverse, avant de donner un très bon ballon en profondeur pour Bamba, qui de nouveau avait pris de l'avance par rapport à la sentinelle et un défenseur. Mais qui de nouveau rate son face-à-face et l'occasion de revenir au score et dans le match. 
 
 

Plus le même jeu pour Paris

 
Ce deuxième contre bien mené a été le dernier du match pour l'ASSE et ceci pour deux raisons. La fatigue se faisait ressentir, mais surtout à 2-0 Paris n'avait plus besoin de se jeter en attaque. L'image suivante montre une attaque type parisienne dans le dernier quart d'heure :


Seulement 4 parisiens pour presque tout le bloc défensif Vert (il manque Hamouma et Bamba). Il était donc impossible de jouer en contre et la fatigue, le moral, le système défensif et la qualité de l'adversaire ont donné des attaques placées stéphanoises très stériles à la fin du match. Pire, obligés d'attaquer en nombre, nos joueurs se sont découvert derrière, concédant de nombreuses occasions dès la perte du ballon.


 

Conclusions

 
Ce n'est pas un drame de perdre à Paris et les Verts ont montré un visage correct, surtout en première période. S'il faut retenir quelque chose du match, c'est plutôt la discipline tactique, le bloc équipe est vraiment bien en place défensivement. Et ce n'est pas propre à ce match, ce sont des éléments entrevus dans tous les quatre matchs officiels de cette saison. Certes, la qualité défensive n'était pas l'aspect qu'on attendait de voir ressortir en début de saison, surtout assortie d'une faible possession de balle et des attaques principalement en contre. Mais pour l'instant ça paye d'un point de vue comptable, le début de saison est très bon, avec 3 victoires en 4 matchs et une présence dans le haut du tableau. Et pour finir sur une note optimiste, le meilleur reste clairement à venir : dans quelque jours le staff des Verts aura le groupe au complet (fin du mercato). Et comme le mot "travail" revient dans un peu près toutes les déclarations, staff et joueurs, on espère tous qu'après la trêve internationale les éléments tactiques mis en évidence seront offensifs, pas défensifs.
 

 

Licence Creative Commons Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International