Avec leur large victoire lors du dernier match à domicile, les Verts sont désormais certains de finir quatrièmes du championnat et retrouver ainsi la Coupe d'Europe.


Après la défaite à domicile de la semaine dernière, il y avait beaucoup de pression pour ce dernier match à Geoffroy-Guichard. Une victoire était obligatoire pour confirmer une future campagne européenne, mais aussi nécessaire pour bien fêter la fin de cette saison devant ses supporters. Et même si le score est large, ce succès n'a pas été facile à se dessiner. Les Stéphanois n'ont pas fait leur jeu habituel et les statistiques sont sans appel, à l'opposé de ce qu'ils produisent d'habitude. Par exemple, 32% de possession et seulement 75% de passes réussies (quand leur adversaire en réussissait 91%) entre les deux buts de Beric. Et ce n'est rien comparer à la dernière demi-heure, avec 25% de possession et 2 passes ratées sur 5 !

Et ce n'est pas seulement une question de possession et de passes, mais aussi de tirs. On peut se poser des questions quand on concède 19 tirs à domicile, mais si on regarde en détail, c'est un peu plus nuancé. Le deux équipes se trouvent à égalité concernant les tirs effectués dans le jeu (pas suite à des CPA) sur les montants (1 chaque) ou cadrés (2 chaque, dont 2 buts pour les Stéphanois). C'est là où la différence a été faite, les Verts ont su concrétiser leurs occasions. Ou, comme le dit l'entraîneur adverse, "la différence, c’est l’expérience qu’il y a entre les deux équipes".

Avant de regarder l'opposition tactique entre les deux équipes, la composition des Verts mérite le détour, surtout dans le contexte des suspensions et blessures (dont une après 20 minutes de jeu). En absence de Khazri et Cabella, c'est Hamouma qui a joué en soutien de Beric et Yannis Salibur a pris une place à l'aile :


Et en absence de Debuchy, Saliba a démarré le match en latéral droit. La blessure musculaire rapide de Polomat a changé la défense : Fofana est entré à droite pour sa première apparition en Ligue 1 et Saliba, Perrin et Kolo ont tous glissé d'une place vers la gauche :


Après le but du 2-0, Salibur est sorti pour laisser sa place à Vada, qui est entré en "10", en soutien de Beric, excentrant ainsi Hamouma à droite. Ce dernier a été remplacé par Ghezali pour les dernières minutes, du poste pour poste.

 

Sortir du pressing adverse

 
Si le système de jeu stéphanois a été donc du classique, 4-2-3-1 (4-4-2 en phase défensive), l'absence de certains titulaires a été visible dans l'animation offensive. Ou plus précisément, dans son absence : les Verts ont abusé des longs ballons qui ont sauté le milieu et ils ont produit très peu d'attaques placées basées sur une grosse séquence de possession, comme à leur habitude.

Par exemple, à la 5e minute Ruffier remet le ballon en jeu avec un long dégagement :


Le bloc stéphanois est haut (on voit bien les lignes de 4 et 2). Beric perd le duel de la tête et le ballon est récupéré par les Niçois


Ils combinent dans un petit périmètre avant de lancer l'ailier gauche dans son couloir. L'animation offensive de Nice étant basée principalement sur la qualité de dribble des offensifs (les deux ailiers et l'avant-centre), un duel en un-contre-un dans le couloir est exactement ce qu'ils recherchent à mettre en place. Sauf que dans cet exemple Polomat arrive à récupérer le ballon et jouer en arrière :


Ruffier écarte de l'autre côté et on peut s'attendre à voir enfin une construction propre de la part des Verts. Saliba cherche des solutions et subit le pressing adverse...


... avant d'écarter à gauche, avec Kolo. Il y a une forte présence niçoise dans cette moitié du terrain et les Verts ont du mal à sortir :


Hamouma et Nordin décrochent pour proposer des solutions, Polomat est déjà haut, mais M'Vila, qui reçoit le ballon de Kolo, est tout de suite pris par un adversaire. A 5 contre 5 dans leurs 30 mètres, les Verts doivent passer par Ruffier. Qui garde un peu le ballon...


... avant de dégager loin, sans autres solutions. Beric perd de nouveau le duel aérien, mais ses coéquipiers sont vite montés et Aït Bennasser récupère, avant de lancer Hamouma. Le milieu a été sauté, mais le ballon est stéphanois, dans les 30 mètres adverses :


Hamouma avance balle au pied avant de décaler Yannis Salibur à droite. Les quatre offensifs de l'ASSE se trouvent à leur place, mais les six défensifs de Nice aussi. L'ailier stéphanois doit donc attendre du soutien...


... qui arrive avec Aït Bennasser, qui essaye de combiner avec Nordin, venu de l'aile opposée. M'Vila et Polomat étaient aussi montés haut, mais trois autres adversaires avaient suivi à leur tour - les Verts ne sont toujours pas assez nombreux et il n'y a pas de décalage, ni du jeu posé pour en créer. Nordin perd le ballon et Nice part dans un contre qui se finit par un tir juste au dessus de la transversale.


Il n'y a rien d'innovant à faire du pressing pour empêcher l'adversaire de construire proprement - ce qui est surprenant c'est de voir l'adversaire des Verts jouer comme eux ont l'habitude de le faire. Par exemple, à la 30e, la remise en jeu du goal adverse est courte :


Et malgré une très forte présence stéphanoise (7 joueurs dans les 30 mètres adverses !), le ballon circule bien. D'abord à droite, pour attirer les Verts de ce côté...


... avant d'écarter de l'autre côté pour se défaire définitivement du pressing et pouvoir aller vers l'avant :


Aït Bennasser se fait éliminer par le milieu adverse qui avance balle au pied et la défense est un peu en déséquilibre, le bloc défensif n'étant pas en place à cause du pressing haut :


Heureusement, les Niçois ralentissent un peu, le ballon est échangé entre l'avant-centre (qui avait décroché) et les milieux, ce qui laisse le temps aux Verts de se replacer :


Sauf qu'ils sont tous très axiaux et l'ailier droit adverse a un boulevard dans son couloir. Il est bien lancé et - animation offensive niçoise standard - il élimine Kolo avant d'entrer dans la surface et tirer, heureusement à côté du cadre.

Surtout en première période, il y a une équipe qui balançait souvent devant pour éviter le pressing adverse et une autre qui savait s'en défaire, construire et créer des décalages. Et ce ne sont pas les Verts qui ont joué leur rôle habituel...


Se nourrir des ballons récupérés

 
Après la pause, les Stéphanois ont continué de ne pas construire grande chose, laissant la possession à leurs adversaires. Mais ils ont arrêté le pressing haut, préférant les attendre sur la ligne médiane et se projeter vite vers l'avant sur chaque ballon récupéré. Par exemple, à la 64e, les Niçois jouent une touche qui passe par le gardien...


... avant que le ballon soit remonté sur le côté opposé. Le latéral gauche passe à son ailier, qui se retourne et cherche à dribbler Fofana :


Que ça soit Saliba les premières 20 minutes ou Fofana ensuite, le latéral droit de l'ASSE a eu beaucoup de mal à défendre en un-contre-un... jusqu'à la pause. Le jeune défenseur stéphanois, fêtant sa première apparition en Ligue 1, a ensuite commencé à prendre le dessus peu à peu sur son adversaire direct et dans cet exemple, de le déposséder :


Il lance Yannis Salibur, qui joue plus haut avec Hamouma, qui joue en retrait avec Aït Bennasser. Le milieu stéphanois cherche une solution...


... et elle est de nouveau à droite. Les deux offensifs y sont restés et comme c'est une phase de transition, le bloc niçois n'est pas en place, il y a seulement les 4 défenseurs et la sentinelle, dans l'axe. Le deux-contre-un dans le couloir est très bien joué par Salibur, qui porte le ballon...


... avant de lancer Hamouma dans le dos du latéral, qui centre en première intention pour Beric, qui n'arrive pas à passer devant le défenseur central. Le goal adverse récupère et relance immédiatement :


Le ballon est vite remonté par un milieu, qui écarte de nouveau à l'aile où Fofana doit défendre contre son adversaire direct en un-contre-un :


Et il gagne encore une fois son duel (!) avant de se permettre même de monter un peu et lancer Yannis Salibur plus haut :


Comme dans l'exemple précédent, la défense niçoise propose une ligne de 4 et une sentinelle, et la suite est identique. Salibur fixe le latéral avant de lancer Hamouma dans le couloir...


... sauf que cette fois-ci, Beric passe devant son défenseur et convertit le centre pour son deuxième but de la soirée.

Et comme le 3e but stéphanois est aussi issu d'une récupération sur la ligne médiane, on peut clairement dire que l'approche tactique de la seconde période a été très bien choisie.
 
 
 
 

Conclusions

 
Certes, ça n'a pas été la meilleure prestation produite par les Verts cette saison. Il y a des facteurs qui ont clairement eu leur impact, comme les nombreuses absences, l'enjeu ou le résultat du précédent match. En plus, les Niçois ont bien joué, à un point que c'est plutôt eux qui ont produit le jeu habituel de l'ASSE, avec une large possession et une construction propre malgré le pressing adverse. Mais il y avait une différence de niveau et d'expérience entre les deux équipes et finalement le dernier match à domicile de la saison s'est soldé par une large victoire. Et pour que la fête soit totale, les Stéphanois ont ainsi validé leur quatrième place, synonyme de Coupe d'Europe l'année prochaine - l'objectif que le club s'était fixé en début de saison a été atteint. Il reste un match, sans enjeu, avant que les joueurs puissent profiter des vacances et que les supporters puissent stresser suite aux rumeurs du mercato estival.