Originaire de la région rémoise, il a décidé d'y revenir depuis qu'il a mis un terme à sa carrière de footballeur professionnel. Arrière-gauche exemplaire sous l'ère Galtier, l'ancien Stéphanois Jonathan Brison (36 ans), aka "Paprika", a accepté de répondre à nos questions avant le match de dimanche (17h00).


Installé à Reims, que deviens-tu ?

Je suis originaire de là à la base donc j’ai décidé de revenir dans ma région d’origine. Je suis en train de préparer un diplôme pour devenir coach sportif. Je joue dans une petite équipe d’un quartier de Reims, avec des copains de mon frère, histoire de garder le plaisir du ballon. Ça me permet de me faire plaisir de temps en temps sans avoir à m’entrainer toutes les semaines.

Tu en profites pour aller voir la magnifique saison du Stade de Reims à Auguste-Delaune ?

Alors non, je ne vais pas souvent au stade. Je m’intéresse aux résultats des équipes que j’aime bien et globalement de la ligue 1, mais je regarde rarement les matchs. Je profite de mes weekends pour faire autre chose maintenant.

Pour revenir sur ton parcours, tu as été formé à Nancy, quels souvenirs en gardes-tu ?

Je suis arrivé à 16 ans au centre de formation, j’ai débuté en pro à 20 ans et j’y suis resté jusqu’à mes 29 ans. C’est mon club formateur, j’y ai vécu une grande partie de ma carrière donc j’ai gardé beaucoup d’attaches là-bas. J’avais fait le choix de Nancy car à l’époque Reims venait de faire son dépôt de bilan, donc ils avaient été relégués. Il n’y avait pas de centre de formation alors quand j’ai été repéré par Nancy qui jouait en D1, le choix était vite fait.

Le surnom « Paprika », en raison de la couleur de mes cheveux, est apparu à cette époque au centre de formation, puis c’est resté. Je garde de très bons souvenirs, dont la coupe de la ligue remportée en 2006, mais le plus beau c’était la saison 2004-2005 où on monte en ligue 1. J’étais jeune donc je n’avais aucun recul, j’ai pris tout ce qu’il y avait à prendre, il y avait une ambiance géniale dans l’équipe, on faisait souvent la fête, on gagnait quasiment tous nos matchs… c’était super !

Ensuite tu as décidé de suivre les traces de Platini en signant à Saint-Etienne ?

(Rires) Non, je ne me compare pas du tout à lui c’est certain ! C’est quand Pablo Correa est parti, ça ne se passait pas super bien sur le plan sportif avec le nouvel entraîneur Jean Fernandez. J’ai eu l’opportunité d’aller à Sainté car Christophe Galtier cherchait un deuxième arrière-gauche avec Faouzi. J’ai sauté sur l’occasion car Saint-Etienne est un club mythique qui fait rêver quand on est footballeur. J’ai signé avec grand plaisir et je n’ai eu aucun regret par la suite.

Galette t’avais fait venir en tant que n°2 à ce poste-là ?

Non pas vraiment, il me dit de venir pour être en concurrence avec Faouzi, tout en sachant qu’il faisait une très bonne saison et qu’il partirait titulaire au début. C’est vrai que Faouzi était excellent donc j’ai très peu eu l’opportunité de jouer, mais de toute façon j’ai toujours connu la concurrence et encore plus à Saint-Etienne car c’est un très grand club. Ça ne m’a jamais fait peur, et finalement j’ai beaucoup plus joué l’année suivante.

Ensuite il y a eu les deux Benoit (Trémoulinas et Assou-Ekotto), et Franck Tabanou, mais plus on monte en niveau, et plus la concurrence est élevée, il ne faut pas avoir peur de ça. J’ai toujours eu une concurrence saine, et j’ai toujours eu des très bons rapports avec eux. Le coach fait ses choix, et il n’y a aucun problème, je n’ai jamais contesté les décisions d’un entraineur. Évidemment, j’étais déçu quand je ne jouais pas, mais ce n’était pas la faute du concurrent, c’était à moi d’être meilleur pour prouver au coach.

Et tu as eu la chance de vivre une très belle période pour les verts…

Oui, quand je suis arrivé on termine 7e, puis on a toujours fait mieux que cela. Il y a une saison où on ne prenait pas de buts à domicile, puis celle où on va gagner la coupe de la ligue, on marquait pleins de buts avec Aubam’… Je me suis vraiment régalé, il n’y a pas eu de moments difficiles avec le public, c’était toujours la fête.

Donc je me considère chanceux d’avoir vécu tout cela. Même à Nancy, quand je suis parti on avait bien réussi à installer le club en ligue 1, et j’arrive à Saint-Etienne où il y avait eu des difficultés les saisons précédentes, et finalement on joue le haut de tableau et l’Europe. J’ai eu la chance de tomber dans les bons groupes au bon moment, avec les bons entraîneurs.

J’ai pu remporter un trophée dans chaque club et jouer la Coupe d’Europe. C’était un vrai plaisir pour moi l’Europe car ça fait découvrir des nouveaux stades, de nouveaux pays, on voyage… 

Si tu devais retenir qu’un seul souvenir sous le maillot vert, ce serait lequel ?

C’est toute la saison où on gagne la Coupe de la Ligue (saison 2012-2013). Il s’est passé plein de trucs : on avait une attaque de feu, il y a le match sous la neige contre Montpellier, l’épopée en coupe de la ligue… On prenait un plaisir fou, avec un super groupe, sans tension.

Et ce but contre Marseille (saison 2014-2015) ?

C’est un beau but mais il n’a servi à rien car on a perdu ce match. On m’en parle beaucoup parce que c’est un joli but au Vélodrome, il fait plaisir car c’est le seul que j’ai marqué avec le club mais ça reste une défaite. Je me souviens d’une fois avec Nancy où on en avait mis 3 au Vélodrome, j’étais impliqué sur les trois mais je ne marque pas, et ce match-là reste pour moi beaucoup plus marquant que celui qu’on perd avec Saint-Etienne.

Qu’est-ce que tu retiens de ces années vertes ?

C’est ce groupe super. On jouait tout le temps aux cartes, avec parfois jusqu’à douze joueurs. On se voyait beaucoup en dehors, on vivait vraiment bien. Je ne sais pas si les gens se rendent bien compte de tout le temps qu’on passe hors du terrain. Mais moi ce qui me manque le plus à l’heure actuelle, hormis l’adrénaline du terrain, c’est la vie de groupe.

Quand on arrive tous les matins avec la banane à l’entrainement, on rigole, on se chambre, on se parle de ce qu’on a fait la veille… Et qu’en plus on vit de notre passion, c’est vraiment génial ! Aujourd’hui, c’est vraiment ça qui me manque. Même si je retrouve un peu cette vie de groupe dans mon petit club, ça ne sera jamais pareil qu’un déplacement en Turquie ou je ne sais où, avec des problèmes d’avion, les stages d’avant-saison où on passe beaucoup de super moments…

Tu as gardé contact avec tes anciens coéquipiers stéphanois ?

Oui. J’ai Lolo, Jessy et Kévin assez fréquemment. J’ai d’ailleurs eu Jessy tout à l’heure pour le match de ce weekend. C’est dommage, je ne pourrai pas assister au match car je passerai le weekend en famille. Mais ce sont des gens avec qui je m’entends très bien, j’ai eu la chance d’aller les voir à l’entrainement lors des vacances d’octobre, c’est une partie de ma vie.

Après, - et c’est pareil avec mes ex-coéquipiers de Nancy -, on n’a pas besoin de s’appeler souvent, mais quand on se revoit c’est comme si on ne s’était jamais quittés, ce sont toujours des bons moments. Il y a quelque-chose qui s’est créé entre nous, une sorte d’alchimie, un lien qui restera à jamais.

 Après tes belles années vertes, tu es parti à Niort. Comment ça s’est fait ?

Alors je me suis gravement blessé à la cheville trois mois avant la fin de mon contrat avec Sainté. Et tout est parti de là car je n’ai jamais vraiment récupéré de cette blessure, j’ai encore mal aujourd’hui.

Un club de ligue 1 m’avait contacté à l’époque, mais quand ils ont appris ma blessure, ils ont été clairs avec moi, ils ont été francs donc il n’y a aucun soucis.

Puis j’ai eu deux offres en Ligue 2, et j’ai choisi la sécurité à Niort où on me proposait trois ans de contrat. Mais ça a été très difficile à cause de ma cheville, elle était toujours gonflée. J’ai donc été réopéré, et je n’ai pas pu jouer une grande partie de la saison. La deuxième année, j’ai pu participer un peu, mais je n’ai pas vécu la même aventure qu’à Nancy ou Sainté, il y avait une ambiance un peu particulière dans le club. Et surtout, je commençais à décliner physiquement, j’étais moins bon et j’avais du mal à enchainer les matchs à cause de ma cheville. Puis j’ai pris un gros choc en fin de saison dernière, avec un pneumothorax et une côte cassée. Je me suis demandé si ça valait vraiment le coup de prendre de tels risques alors que ma carrière était faite. J’adore le sport, alors si je ne pouvais plus courir après ma carrière ça aurait été un gros problème, donc on a décidé de se séparer.

J’ai tout de même gardé de très bons contacts à Niort, mais quand on n'est pas à 100% et qu’on ne peut pas aider le club comme on l’aimerait, c’est dommage. Donc j’ai quelques regrets, ça ne s’est pas passé comme je l’espérais, j’aurais aimé finir en bonne santé, mais je jouais toujours en pensant à ma cheville alors forcément j’étais moins concentré.

Sur l’ensemble de ta carrière, quel est le meilleur joueur avec lequel tu as évolué ?

Alors j’ai joué avec de très grands joueurs, Aubam, Max Gradel, Stéphane Ruffier… Mais c’est marrant, et je le dis tout le temps : celui qui avait le plus gros talent, je pense que c’était Julien Féret que j’ai connu à Nancy. J’adorais vraiment ce joueur, souvent décisif, bourré de talent.

Après, c’est vrai qu’Aubam réalise une très grande carrière, il est allé plus haut car il a de meilleures qualités physiques et sûrement un meilleur mental : il voulait aller là, il savait qu’il en avait les capacités et il a bossé pour. Il y a aussi Max, il n’a jamais douté malgré sa blessure au genou ; ce sont des joueurs qui ont une superbe mentalité, mais en qualité footballistique pure, j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à voir jouer Julien.

Du coup tu t’es vraiment détaché du foot professionnel maintenant ?

Oui. D’ailleurs, pour être honnête c’est rigolo car j’ai regardé mon premier match de Champions League hier soir : Manchester-Tottenham, ça m’a un peu réconcilié avec le foot (rires). En fait c’est pas que j’ai saturé, mais j’aime bien m’intéresser à autre chose que du foot.

Je suis les résultats, je regarde quelques résumés… Je supporte un peu Reims car c’est ma ville d’origine mais c’est tout.

Après, je vois Saint-Etienne finir devant Reims dans la course à l’Europe, et je crois même qu’ils vont aller chercher la troisième place, car le voisin est un peu en difficulté, donc je pense sincèrement qu’il y a un coup à jouer.

Tu as récemment joué un match de gala avec d'anciens verts, dont le coach de Reims David Guion. C'était comment ?

Oui, je ne le connaissais pas avant mais c’est un gars très sympa.

C’est avec ce match que me suis dit que le foot de haut-niveau me manquait. Car quand je suis rentré sur la pelouse d’Auguste-Delaune, devant environ 10 000 spectateurs, un peu d’ambiance, j’ai retrouvé cette excitation que j’avais sur le terrain. Donc je me dis qu’une fois comme ça de temps en temps ça peut vraiment être sympa.

Tu ne pourras pas assister au match ce dimanche, mais comment tu l’imagines ?

Oui c’est dommage je ne pourrai pas y aller, mais c’est aussi ça ma vie maintenant, c’est privilégier la famille. Je pense que Saint-Etienne est dans une meilleure dynamique, mais Reims a une très bonne défense, même si elle a un peu explosé à Strasbourg. Je crois que Saint-Etienne est favori, même si c’est à l’extérieur.

 

Merci à Jonathan pour sa disponibilité.