Recruteur à l'AS Monaco, l'ancien Vert Gérald Passi a répondu au débotté à quelques questions à 48 heures du match qui opposera son club à l'ASSE au Stade Louis-II lors de l'avant dernière journée de L1.


Que deviens-tu Gérald ?
Je démarre ma 3e année dans la cellule de recrutement de l’AS Monaco. J’avais auparavant travaillé plusieurs années comme recruteur dans le club voisin, à l’OGC Nice. Mais c’est à Saint-Etienne que j’ai fait mes premières armes dans ce domaine. J’étais en effet revenu à l’ASSE en 2009 pour travailler sur le recrutement avec Damien Comolli. Je ne suis resté qu’une année car mon contrat n’a pas été renouvelé quand Damien Comolli est parti.

Tu as joué deux saisons à Monaco puis deux saisons à Sainté. Que retiens-tu de ces deux expériences ?
Ce sont deux univers différents. J’ai eu des résultats très intéressants à Monaco, il faut dire qu’on avait une très belle équipe entraînée à l’époque par Arsène Wenger. On a terminé deux fois à la deuxième place en championnat derrière l’OM. On a gagné la Coupe de France en 1991, j’avais d’ailleurs inscrit le but victorieux à la dernière minute de la finale contre Marseille. Et la saison d’après, on est allé en finale de Coupe des Coupes contre le Werder de Brème. J’ai quitté Monaco pour Sainté car André Laurent et Jacques Santini, que je connaissais bien pour l’avoir eu à Toulouse, m’avaient présenté un projet intéressant. Ma première saison en vert a été plutôt sympa, même si on raté de peu une qualification en Coupe d’Europe que ce soit en championnat ou en Coupe de France. Ma seconde saison a été plus délicate…

Quels matches t’ont le plus marqué ?
Ce qui m’a le plus marqué lors de mon passage à Sainté, ce que je retiens au-delà de tel ou tel match, c’est le public. L’ambiance à Geoffroy-Guichard est extraordinaire. C’est vraiment stimulant d’évoluer dans un tel environnement ! J’ai notamment en mémoire mon but contre l’OM dans le Chaudron en Coupe de France et mon but à Gerland. Gagner ces matches un peu spéciaux, c’est important quand on défend les couleurs de Sainté. J’ai été très heureux dans ce club mais aussi dans cette région stéphanoise. Quand je suis venu de Monaco, André Laurent m’a dit : « A Saint-Etienne, on pleure deux fois ; la première en arrivant, la seconde en repartant. » Je me suis dit : « il est fou » mais il n’avait pas tort. Encore que… En fait n’ai pas pleuré en arrivant, je me suis beaucoup plu dans la région, j’habitais à Saint-Genest-Lerpt. Mais c’est vrai que j’ai pleuré en quittant Sainté pour rejoindre le Japon.

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Tu continues de suivre les Verts ?
Je me focalise avant tout sur Monaco, mais forcément j’ai bien sûr un petit faible pour les Verts. Je me réjouis de les voir en bien meilleure posture qu’ils ne l’étaient à la trêve hivernale. Ça me fait plaisir pour le peuple vert mais aussi pour Jean-Louis Gasset, que j’ai côtoyé au début de ma carrière professionnelle à Montpellier. J’ai partagé ma chambre avec lui lors de mon premier match de D1 quand j’avais 17 ans, contre Tours. J’arrivais avec ma jeunesse et mon inconscience. Mais moi je me suis mis à la sieste et j’ai dormi alors que lui, pourtant beaucoup plus responsable et concerné avait du mal à dormir ! (rires) On a joué ensemble pendant quelques années au milieu de terrain. C’était un milieu assez dur, plutôt un meneur d’hommes. Je trouve ça bien qu’il ait volé de ses propres ailes. Jean-Louis, c’était le petit de Montpellier, son père était un ami intime de Loulou. Ce n’était pas évident de tracer sa propre route mais il l’a bien fait. Je suis très heureux de ce qui lui arrive aujourd’hui. Il fait mieux que donner un coup de main à Saint-Etienne ! Le renouveau des Verts lui doit beaucoup !

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Titulaires le week-end dernier à Caen, les jeunes Kévin N’Doram et surtout Moussa Sylla se sont particulièrement illustrés. Peux-tu nous les présenter ?
Ils font tous les deux partie des jeunes qu’on essaye de lancer et qu’on tente progressivement de faire rentrer dans l’effectif pour promouvoir la formation de l’A.S. Monaco. Kévin N’Doram, ça fait déjà deux ans qu’il est avec les pros. Il a fait 7 ou 8 apparitions toutes compétitions confondues la saison dernière et cette saison il doit en être quasiment à une quinzaine. Petit à petit, on lui donne sa chance. C’est un joueur polyvalent de la génération 1996. Il peut jouer soit au milieu, soit dans l’axe. Physiquement il est intéressant et dans le jeu il est intelligent. Moussa Sylla, lui, n’a que 18 ans, il est de la génération 1999. Il était déjà entré en jeu les deux précédentes journées lors de la défaite à Guingamp puis du nul contre Amiens. A Caen, pour sa première titularisation, il a réalisé un doublé. On est ravi pour lui mais il ne faut pas s’enflammer. Moussa doit encore travailler. C’est un attaquant excentré qui peut aussi jouer devant comme second attaquant. C’est un garçon intéressant notamment par sa qualité d’explosivité.

Tu t’attends à quel match samedi soir au Stade Louis-II ?
Je m’attends à un match compliqué pour Monaco car on est dans une spirale difficile. Mais on a des joueurs de qualité et on n’est plus très loin d’aller chercher ce qu’on veut aller chercher. On se doit de gagner ce match contre Sainté par n’importe quel moyen, de n’importe quelle manière. Ce ne sera pas facile car on sait que Saint-Etienne aussi se bat pour tenter de décrocher une place européenne. Mais c’est très important pour nous d’assurer cette place qualificative pour la Ligue des Champions. Je vois un match serré, disputé, mais je pense qu’on va gagner 2-1.

Les supporters stéphanois ont été interdits de faire ce déplacement. T’en penses quoi ?
Je peux concevoir que les supporters des Verts soient un peu désabusés voire remontés. J’ai vu que des groupes semblent résolus à venir quand même à Louis-II samedi soir. Mais Monaco, c’est quand même un endroit un peu spécial, attention ! Moi, si j’étais supporter, je respecterais cet arrêté. Monaco, ce n’est pas vraiment la France. Ce n’est pas la France. Ils sont assez stricts ici. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de braver l’interdiction…

 

Merci à Gérald pour sa disponibilité