Ancien entraîneur des Verts et de Montpellier, Robert Nouzaret nous a livré ses impressions avant le match qui opposera l'ASSE au MHSC ce soir en ouverture de la 10e journée.


Robert, à 74 ans tu es toujours Vert mais c’est à Montpellier que tu as repris du service...
Oui, je retravaille au club depuis un an. C’est Louis Nicollin qui m’avait demandé de restructurer la cellule de recrutement du centre de formation. J’ai réorganisé la cellule en choisissant des régions, des hommes. Je m’emploie à faire tourner tout ça, à l’intérieur comme à l’extérieur. Comme l’ASSE, le MHSC a des partenariats avec pas mal de clubs et je m’implique là-dedans.

C’est Loulou qui t’a missionné. Comment vis-tu son absence ?
Je la vis mal parce que c’était un gars tellement généreux. Il avait un tel charisme. On passait des bons moments ensemble. On travaillait un moment et on rigolait très longtemps. Les visites à son bureau au mas, les parties de rigolade, ça manque à tout le monde maintenant ! On avait l’impression qu’il était immortel. Il y a des gens qui décèdent, c’est malheureux mais c’est le moment. Lui, on avait l’impression que ça n’arriverait jamais. Il avait une telle présence.

Quel regard portes-tu sur le début de saison des Montpelliérains ?
Ils sont partis un peu en tâtonnant. Entre le recrutement de l’hiver dernier et celui de cet été, il y a eu beaucoup de changements dans l’effectif. Comme à Saint-Etienne, il y a eu un changement d’entraîneur. Michel Der Zakarian est arrivé là, il ne connaissait pas tout le monde. Il a dû prendre ses marques, s’habituer à tout ça. Il a maintenant trouvé une organisation bien adaptée à l’effectif qu’il a à sa disposition. Les derniers matches montrent que ça marche.

Comment caractériserais-tu cette équipe de Montpellier ?
Je pense que c’est une équipe qui est plus faite pour contrer que pour jouer suite au départ de Ryad Boudebouz. Mais Sessegnon commence à s’y mettre et à comprendre son véritable rôle, il prend désormais ses responsabilités. Comme techniquement il n’est pas mal, ça apporte beaucoup à l’équipe. Je pense que le potentiel offensif est intéressant mais il doit être bien alimenté. Pour l’instant, c’est surtout la sécurité défensive qui permet à l’équipe d’avoir confiance.

Elle a notamment permis de faire de bons résultats contre les trois premiers de la saison passée.
Effectivement, on a vu que Montpellier est capable de gêner beaucoup d’autres équipes, même les plus fortes. Le MHSC a la meilleure défense du championnat. Faire match nul contre Paris et à Monaco ça donne confiance. En plus ce sont des résultats acquis sans défendre à 100%, en jouant aussi. C’est intéressant. Montpellier a surfé sur cette bonne dynamique en ayant battu Nice le week-end dernier.

Tu as évoqué le bon potentiel offensif du MHSC. A quels éléments faisais-tu allusion ?
Je pense que Montpellier a de bons joueurs offensifs mais ils n’ont pas encore atteint leur pleine mesure. Le retour de Casimir Ninga est déterminant, à mon avis ça va être à l’avenir un très grand attaquant. Il avait déjà montré de belles choses en réalisant notamment un début de championnat tonitruant il y a deux saisons. La saison passée il a réalisé un triplé contre Dijon et un doublé contre Caen avant de se faire les croisés à l’entraînement. C’était il y a un an quasiment jour pour jour. On sait qu’il faut du temps pour se remettre d’une telle blessure. Il rejoue cette saison et ne devrait plus tarder à être de nouveau décisif.

A part ce monstre gentil, quels joueurs offensifs sont dangereux à Montpellier ?
Il y a également Giovanni Sio, qui a une grosse expérience. Je trouve que c’est un buteur très intéressant même s’il n’a scoré qu’une fois cette saison. Les jeunes Isaac Mbenza et Jonathan Ikoné sont des joueurs qui ont une belle carte à jouer avec l’aide de Stéphane Sessegnon. Ils peuvent surtout s’exprimer avec le nouveau style de l’équipe, caractérisé par l’utilisation des couloirs avec des gars très rapides. Je pense que ces joueurs seront capables de faire souffrir beaucoup d’équipes lorsque tout le monde sera au même rythme.

Que t’inspire le début de saison des Verts ?
En termes de résultats, il est très positif vu le renouvellement d’effectif très important. Dès que j’ai l’occasion, je regarde les matches des Verts. Leur nouvel entraîneur, Oscar Garcia, me paraît très compétent et réaliste. C’est bien mais l’équipe stéphanoise est dans une période de recherche d’un style et d’un équilibre. Le fait d’obtenir des résultats permet aux Verts d’avoir confiance et de prendre le temps d’arriver à cet objectif-là.

Qu’est-ce qui t’a plu dans ce que tu as pu voir des Verts cette saison ?
J’aime bien le caractère de cette équipe. Cette équipe a de la personnalité, un peu à l’image de son entraîneur. Je ne le connais pas mais quand on le voit sur la touche, on voit que c’est quelqu’un qui ne doit pas aimer se faire marcher sur les pieds. J’ai le sentiment que c’est un gars qui doit être très compétent, passionné, motivé. Ça correspond à l’état d’esprit stéphanois.

Que t’inspire le cas Jonathan Bamba, écarté pour ne pas voir prolongé son contrat avec l’ASSE ?
C’est toujours le problème de la surenchère, quand t’arrives dans une situation où tu as les avantages de la fin de ton contrat et des sollicitations extérieures. Après, les jeunes joueurs, c’est bien joli d’avoir l’esprit club, mais ils sont tellement entourés, conseillés plus ou moins bien, que l’aspect financier prend souvent le pas sur tout le reste. Maintenant je ne connais pas suffisamment le dossier et je me méfie de ce qu’on peut lire dans les médias. Pour juger ce genre de dossier, il faut être au courant des tenants et des aboutissants. Sinon, on ne va dire que des conneries…

La Pravda a fait ses choux gras du « penaltygate à la sauce verte ». T’en penses quoi ?
Moi je pense qu’il faut désigner le tireur au départ. Parce que laisser les joueurs se démerder entre eux au feeling, selon la situation du match, selon qui obtient le penalty, selon l’état de forme des uns et des autres, selon les egos des uns et des autres, ça risque d’être plus négatif si on attend le moment du penalty que si on a tout précisé à l’avance. Moi c’est comme ça je fonctionnais; on désignait le tireur au départ. A Saint-Etienne, par exemple, l’année de la montée, c’est Patrick Revelles qui s’en est chargé. La saison d’après je ne me souviens plus trop mais je crois qu’on a obtenu très peu de pénos. Je crois que Tchiressoua Guel et José Aloisio en ont tiré un ou deux.

Deux des meilleurs joueurs stéphanois de ce début de saison sont des purs produits du centre de formation de Montpellier.
C’est vrai. J’ai vu que Bryan Dabo sera forfait contre Montpellier mais il fait un bon début de saison. A vrai dire, je ne le connaissais pas bien, je ne l'avais pas beaucoup vu jouer à la Mosson. Il a vécu une première saison difficile, il a peu joué la saison passée avec Christophe Galtier. Mais cette saison il a bien pris ses marques, il est très actif et tout se passe bien pour lui. Quant à Rémy Cabella, il apporte une touche technique très intéressante. J’apprécie ce joueur d’autant plus que c’est un bon gars. Il a un bon état d’esprit, il est sain. Y’a pas de problème avec lui. Saint-Etienne a fait un très bon choix !

Tu t’attends à quel type de match ce vendredi en match d’ouverture de la 10e journée de L1 ?
Si l’on se fie aux derniers matches des deux équipes, ça devrait être un match serré. Mais ça peut être exactement le contraire ! (rires) Dans le foot tu ne sais jamais ce qui peut se passer, il peut toujours y avoir des évènements, des faits de jeu d’entrée de match notamment si l’ouverture du score intervient rapidement. A mon avis Sainté va se méfier de Montpellier vu les derniers résultats obtenus par le MHSC contre de très bonnes équipes. Ne pas perdre contre Paris et Monaco puis battre Nice, ce n’est pas rien ! Malgré ses difficultés en première période contre Metz, l’ASSE a su égaliser puis gagner, ça permet aussi d’emmagasiner de la confiance. Les Verts sont favoris dans le Chaudron mais je pense ce ne sera pas facile pour eux.

Y’aura sans doute moins de buts que le 16 février 2000…
A priori oui ! (rires) Ce 5-4 reste l’un des matches les plus dingues de ma carrière d’entraîneur. J’en avais connu un autre du même style avec Montpellier à Lens en Coupe de France. On perdait 2-0, puis on menait 4-2, et à la fin on a perdu 5-4. Un scénario incroyable. C’est surtout bien pour les spectateurs ce genre de matches ! (Rires) Les deux fois, j’ai failli devenir fou. Avec Saint-Etienne, au moins ça s’était bien terminé mais j’étais passé par toutes les émotions.

 

Merci à Robert pour sa disponibilité