Colbert Marlot, qui a entraîné Yvan Neyou à Sedan en 2016, se réjouit des débuts réussis de son ancien Sanglier sous le maillot vert.


On l’a tous vu vendredi soir, Neyou est meilleur que Neymar !


Sur la rentrée qu’il a faite, il a été sinon meilleur que Neymar en tout cas son égal. Il a démontré pendant une mi-temps qu’il était à la hauteur de cette finale. J’ai apprécié sa prestation, c’est surtout là-haut, mentalement, qu’Yvan a franchi un palier. Du talent, il en avait. Quand je l’ai lancé à Sedan en National 1, le petit Neyou, il avait déjà un talent évident. C’était un bon gamin, à l’écoute. Il était pressé, comme tous les jeunes. Il voulait jouer tous les matches donc de temps en temps, il fallait le calmer. Il fallait simplement qu’il prenne un peu de mental, qu’il s’aguerrisse. Je pense que les expériences qu’il a vécues à Laval et au Portugal l’ont construit. Yvan peut être fier de sa finale. Il a tenté des choses, il a su bonifier tous les ballons qu’il a reçus.

Son talent a crevé l’écran !

Ce n’est pas le tout d’avoir du talent, encore faut-il le transcrire. Il l’a fait de fort belle manière et pas dans n’importe quel match : en finale de Coupe de France face au PSG. Crois-moi, ce n’est pas donné à tout le monde ! Ça prouve qu’il a franchi un cap. Le gamin l’a fait et il est dans de très bonnes mains pour poursuivre sa progression. Tomber sur un coach comme Claude Puel, c’est ce qui pouvait lui arriver de mieux. Je ne suis pas là pour le rincer, mais c’est le meilleur entraîneur pour lancer les jeunes en France. Parfois des joueurs talentueux ne font pas carrière faute d’être tombé sur un entraîneur qui les accompagne. Yvan a toutes les cartes en mains, il a un coach qui va lui faire franchir des étapes.

A quel poste le faisais-tu jouer à Sedan ?

Je le faisais jouer un peu plus haut. Je le faisais évoluer en 8, en 10 ou sur un côté. Aujourd’hui c’est d’avantage un 6 ou un 8, mais toujours capable d’apporter un vrai plus offensivement, on l’a vu contre Paris. Je pense qu’aujourd’hui il a trouvé son poste. A l’époque où je l’avais, il avait 19 ans, il manquait de force. Ce n’est pas une bestiasse. Il avait besoin de travailler sur du gainage, de se remplir un petit peu. Ce ne sera jamais une grande carcasse mais il avait besoin de s’étoffer pour davantage exister. Quand tu joues au milieu en Ligue 1, il faut tenir le coup dans l’impact. Sa progression est surtout passée là.

Yvan s’en est très bien tiré contre des individualités parisiennes en phase de préparation de La Ligue des Champions. Va-t-il confirmer quand Sainté va affronter de vraies équipes physiquement prêtes et mettant beaucoup d’impact ?

Il n’y a pas de raison qu’il n’y arrive pas. Paris n’était peut-être pas à son top mais Yvan a quand même pu se mesurer à des joueurs internationaux de très haut niveau. Il va tomber sur des adversaires différents en Ligue 1 mais le fort d’un joueur est de s’adapter au profil des joueurs qu’il a en face lui. Tout naturellement, il va la faire, je ne vois pas pourquoi il n’y parviendrait pas. Quand je vois comment il a franchi des paliers, il ne devrait pas avoir de souci par rapport à ça.

Sa technique reste son point fort…

Bien sûr ! La qualité technique qu’il a démontrée contre Paris ne me surprend pas, par contre les risques qu’il a pris m’ont surpris. Il a montré beaucoup d’assurance pour se défaire de ses vis-à-vis parisiens. Techniquement, Yvan est au-dessus. Il a une technique en mouvement remarquable. Il arrive à éliminer un joueur par un simple contrôle orienté là ou d’autres cherchent à dribbler à tout prix. A Sedan, j’ai tout de suite vu qu’il pourrait jouer beaucoup plus haut qu’en National avec un tel bagage technique. Il a une bonne vision du jeu, Yvan voit avant de recevoir. Il a aussi ce pouvoir d’accélération sur cinq ou dix mètres qui lui permet d’éliminer deux ou trois joueurs, on l’a vu d’ailleurs vers la fin du match contre Paris. Yvan a toujours eu du talent, il avait besoin de gagner de la force et de la confiance.

Les chevauchées d’Yvan Neyou rappellent celles d’Ivanhoé. Aussitôt qu’il paraît, l’espoir renaît. La vue de son panache vert et blanc effraie les tyrans. Il aura le droit à sa chanson dans le Chaudron ? Ecoute-ça, Colbert !

Ah ce serait sympa que les supporters stéphanois accompagnent ses actions avec ta chanson ! (rires) En tout cas j’espère qu’il va confirmer ses débuts très réussis sous le maillot vert. Je lui souhaite de devenir l’un des chouchous du Chaudron. C’est un garçon qui a « bouffé un peu de merde » pour parler crument. Il a mis un peu plus de temps que d'autres pour montrer son talent au plus haut niveau. Pour beaucoup de monde c’était un parfait inconnu avant le match de vendredi dernier. Mais je crois que sa prestation au Stade de France a marqué les esprits. Il ne faut pas oublier que c’était en finale. Je me répète mais ce n’est pas permis à tout le monde de montrer ça en finale de Coupe de France. Il m’a épaté et je le crois capable de confirmer et de réussir à Sainté.

 

Merci à Colbert pour sa disponibilité.