Allan Saint-Maximin, qui s'apprête à retrouver le Chaudron ce dimanche, a accepté de répondre longuement aux questions des potonautes. Première partie de cet entretien XXL et sans langue de bois !


Allan, ça fait un moment que je me pose la question : ce sont des Curly cacahuète, ou fromage ? (michon)

(Rires) Je ne sais pas si je suis cacahuète ou fromage ! Mais c'est vrai que ma coiffure fait parler, on aime bien m'appeler" la frite".

As-tu un modèle dans le foot, un joueur à qui tu aimerais ressembler, du genre Messi, C. Ronaldo, Ibrahimovic, Brison ? (Timick)

(Rires) Avec tout le respect que j'ai pour Jonathan et les trois autres, aucun des quatre ! (rires) Je dirais plutôt Neymar. J'aime ce joueur, tout me plaît chez lui. J'aime bien ce qu'il fait en sélection nationale comme en club, j'aime son style de jeu.

Quel est ton poste de prédilection? Sur un côté ? En soutien de l'attaquant de pointe ? (Stéphanois)

Là où je me sens le plus à l'aise, c'est milieu gauche et numéro 10. C'est là que j'aimerais m'imposer.

Envers quel membre de l'ASSE es-tu le plus reconnaissant pour ton parcours ? (Manu63)

Coach Abdel. C'est ce coach qui m'a fait exploser, qui m'a fait monter très tôt avec les U19. C'est grâce à lui et à mes performances que je suis ensuite passé en CFA puis en pro.

Que penses-tu de ta première mi-temps contre Bordeaux en septembre 2014 ? Pour moi, les redoublements de passes avec Gradel étaient magiques. Est-ce que c'est ta meilleure mi-temps en vert ? (osvaldopiazzolla)

C'est vrai que c'était un très bon match. Mais je pense que mon meilleur match, ma meilleure mi-temps, ça a été contre l'OM au Vélodrome. En plus j'ai fait une passe décisive à Jonathan.

Penses-tu qu'une association avec Jo Bamba aurait pu faire des étincelles ? (osvalopiazzolla)

Oui, je pense très fortement. Mais hélas ça n'a pas pu se faire.

Fais-tu toujours le saut pour te relever lors des matchs, comme lors de ta 1ère rentrée en pro contre Bordeaux en août 2013, ou t'as arrêté parce que c'est ça qui t'a niqué le dos ? (PtitLu)

Je fais toujours ce saut, ce n'est pas ça qui m'a flingué le dos, c'était un coup.

Pourquoi tu t'entêtes à vouloir faire ces passements de jambes en étant arrêté ? Marque de fabrique ? Je te demande ça parce que je trouve ça excessivement énervant, et pas très utile. Et je pense qu'un joueur au QI de poule (au hasard Gonalons ou Ferri) pourrait te poser un tacle sur la rotule pour ça. (Roland Gromerdier)

C'est là où je prends du plaisir. Souvent, quand je fais des passements de jambes, on pense que c'est anodin, mais ça crée un déséquilibre. Il y a plusieurs joueurs qui dézonent pour venir me prendre la balle, j'ai juste besoin de la lâcher juste après et il y a des joueurs libres en fait.

De nombreux supporters, en pensant à toi à l'ASSE en pro, ont une impression désolante de gâchis.
Est-ce aussi ton sentiment ? (kissmyasse)


Je suis déçu car j'aurais aimé exploser à Geoffroy-Guichard surtout pour les supporters. Ça me tenait beaucoup à cœur car c'est mon club formateur et je ne l'oublierai jamais. Ce qui s'est passé n'est pas de leur faute.

Les recruteurs et les formateurs du club et d'ailleurs te voyaient arriver en pro très rapidement ce que tu as fait, est-ce que cette attente a pu changer ta manière de voir le football, notamment ta passion pour le jeu et est-ce que ça t'a desservi ? (Sylvain92)

Ce qui m'a le plus desservi, c'est qu'on ne m'a pas assez protégé. Le plus gros problème, il a été là, alors que l'ASSE c'était mon club formateur. Même si j'avais vraiment eu des problèmes de comportement, la logique aurait été qu'on me protège. Là, ce n'était pas le cas, ils ne m'ont pas plus protégé que ça.

Penses-tu avoir tout fait, donné pour t'imposer à l'ASSE ? (alexioninho, Mr Manchot)

C'est vrai que j'aurais pu, même dû, faire beaucoup plus. Après, j'étais jeune et j'ai fait ce que je pouvais au moment présent. Ce qui m'a vraiment tué à Saint-Etienne, c'était ma blessure au dos. Si je ne l'avais pas eue, je pense que j'aurais enchaîné les matches. D'ailleurs c'est la seule blessure que j'ai eue depuis que je suis pro.


Penses-tu ne pas suffisamment avoir eu ta chance sous le maillot vert ou t'arrive-t-il d'avoir des regrets, de te dire que tu aurais pu en faire plus pour t'imposer dans ton club formateur ? (Timick)


Moi je pense que je n'ai pas eu assez ma chance. La plupart du temps où j'ai eu du temps de jeu, que ce soit contre Marseille, Lille, Bordeaux, c'est quand des joueurs évoluant à mon poste comme Cohade, Corgnet ou Hamouma étaient blessés. Je n'ai pas réellement eu ma chance. Le seul moment où le coach m'a vraiment donné une chance, c'est quand je suis rentré en Europa League. Mais bon, c'était court et ponctuel, pas significatif sur la durée.

Tu déclarais dans la Pravda en avril dernier, interrogé sur ta progression : "À Saint-Étienne, j’étais encore un bébé. Je m’énervais avec tout le monde." Puis récemment tu déclarais sur le site du SCB - retranscrit par P2 - Ce n’est pas forcément de la faute des supporters, je pense que c’est plus de la faute du coach, du staff, de tout ça… Je pense que le problème était vraiment là (…) Après, il y en a beaucoup qui peuvent dire que je suis insolent, que je manque de respect, que ci, que ça… Mais ce n’est pas la vérité, je ne suis pas du tout comme ça ! Est-ce que tu ne penses pas que ton manque de maturité - envie de tout faire trop tôt peut être - a précipité ton départ de l'ASSE ? (Leg42)

Sincèrement, je pense que ça n'a rien à voir avec ça. Je n'étais pas tout le temps dans le groupe, j'ai joué avec la CFA. J'étais comme un jeune joueur, Galtier me préservait un peu. Mais un coup je jouais, un coup j'étais 19e ou 20e joueur, un coup j'étais en CFA, un coup je repartais avec les jeunes en Gambardella, un coup je revenais avec les pros… C'est difficile de jouer en pro, de voir qu'on a la capacité de faire des différences en pro, d'être bien physiquement, et d'après de se retrouver dans des matches bourbiers, des matches traquenards, dans le charbon. C'est surtout ça qui était compliqué. A chaque fois que je redescendais avec les jeunes, physiquement je prenais beaucoup de coups. Tout le monde m'attendait, on m'avait déjà vu à la télé. Mon corps, mon dos surtout, a pris cher ! C'est le plus gros souci que j'aie eu à Saint-Etienne.

Te sens-tu un peu plus mature depuis que tu es devenu père ? (Manu63)

Oui, je me sens beaucoup plus mature. Je ne pense plus seulement à moi. Quand t'es jeune, t'es un peu fou-fou, tu t'amuses, tu sors. Là je reste beaucoup plus chez moi, je lis beaucoup plus, je passe plus de temps à la maison avec ma fille à lui apprendre des choses qu'à sortir dehors.

Tu es revenu sur Twitter après avoir été plutôt actif, mais le discours est plus policé (sans doute géré par une personne externe). Est-ce une consigne du club de Bastia ou alors un choix de ta part afin d'éviter de trop t'exposer directement ? (Roland Gromerdier)

Mon compte twitter avait été piraté. Une personne dont je ne connais pas l'identité utilisait mon compte. Depuis que je suis arrivé à Bastia, mon compte a été certifié, il est géré. J'arrête un peu de parler. J'aime tellement répondre aux questions de Saint-Etienne, parce que c'est mon club, mon club formateur. J'ai beaucoup d'affection pour les supporters stéphanois. J'ai souvent envie de leur répondre. Parfois, je ferais mieux de garder ma langue dans ma poche. Il y a des choses que je n'ai pas le droit de dire. Parfois on me demande qui va jouer, dans quel dispositif. Je n'ai pas le droit de répondre ça.

Tu as récemment déclaré que tes problèmes de dos t'avaient beaucoup perturbé dans ta dernière saison à l'ASSE, au point de parfois jouer tout en ayant mal. Pourtant dans le même temps, tu te demandes pourquoi tu n'as pas eu plus de temps de jeu à cette époque : tu ne penses pas qu'il y a un lien de causalité ? (Faiseur de Tresses)

Moi j'ai eu des problèmes au dos, à ma colonne vertébrale. Je me suis fait ça contre Metz. J'ai pris un coup violent qui m'a fracturé une vertèbre. Après ça, j'ai enchaîné, j'ai voulu quand même jouer. Je suis rentré contre Lille car Corgnet est sorti très tôt sur blessure. Je fais un bon match mais je joue vraiment avec une douleur infernale. Quand je finis le match, je n'arrive même plus à bouger mon dos, le soir je n'arrive même plus à dormir. J'ai été obligé de m'arrêter. J'ai pris le temps de bien soigner mon dos. Il était en train de se consolider. Je m'attendais à être ménagé, à revenir tout doucement avec le groupe pro sauf que ça n'a pas été le cas. De retour de blessure, on m'a mis directement un peu à l'écart. On savait que j'avais eu des douleurs au dos, qu'il fallait faire attention, mais on m'a envoyé directement faire des matches de CFA, des matches avec des jeunes. J'ai encore pris des coups sur mon dos. Je suis sûr que si on avait fait attention à moi, si on m'avait fait reprendre en douceur avec le groupe pro au lieu de faire des matches dangereux en jeunes, je n'aurais pas pris ces coups.

En match et à l'entraînement, quel joueur t'a le plus impressionné dans l'effectif stéphanois ? (Timick)

J'aimais beaucoup Hamouma quand j'étais à Saint-Etienne, j'aimais comment il jouait. Mais il n'y a pas spécialement un joueur qui m'ait impressionné. Mais Hamouma, quand il n'a pas ses problèmes musculaires, je trouve que c'est un excellent joueur.

Penses-tu qu'un prêt aurais été profitable pour t'imposer ensuite à l'ASSE. Cette solution a été envisagée l'été dernier ? (Faiseur de Tresses)

Je vais te dire un truc que je ne suis pas censé dire mais qui montre encore une fois que le problème ne venait pas des supporters mais plutôt des dirigeants et du staff. Moi j'avais des offres pour être prêté en Ligue 1, j'ai eu un rendez-vous avec Romeyer et les autres dirigeants du club pour parler de prêt. Ils m'ont dit qu'ils ne trouvaient pas de prêt, que je n'étais pas assez bon pour partir en L2 ou National, et que j'allais devoir me contenter de la CFA. Cela a été l'élément déclencheur qui m'a fait comprendre qu'il fallait absolument que je parte de ce club. Pourtant à la base je ne voulais pas partir, je voulais vraiment m'imposer à Saint-Etienne même si c'était compliqué.

Tu avais des propositions de clubs de l'élite mais le club disait que tu n'avais pas le niveau ? (Poteau droit)

Exactement. Je vais t'expliquer ce qui s'est passé. Au début j'étais avec Jean-Pierre Bernès, qui était aussi agent du coach. Après je l'ai viré. A partir de là, ma relation avec le coach n'a plus été comme avant. Avant c'était plus facile pour communiquer, j'avais juste besoin de dire ce que je ressentais et de confier mes petits problèmes à Jean-Pierre Bernès et lui en parlait tout doucement avec le coach pour ne pas faire d'histoire au coach. Du coup la donne a changé, le coach est devenu moins accessible qu'avant. J'ai pris un autre agent et j'ai eu des propositions en Ligue 1, en Premier League et en Bundesliga. Monaco était déjà sur moi, Arsenal aussi, plusieurs clubs me voulaient en prêt ou transfert. Moi j'avais déjà eu des conversations téléphoniques avec ces clubs, je savais qu'ils me voulaient, et l'ASSE le savait aussi. Mais quand je suis arrivé tout seul dans le bureau, ils ont voulu me faire croire qu'il n'y avait aucun club sur moi, que j'étais nul, que je devais me contenter de la CFA. Quand tu es jeune, que tu t'attends à jouer dans ton club formateur, que tu aimes ton club, que tu viens de prolonger, c'est dur d'encaisser ça. Ça m'a mis un coup au moral. J'avais constaté qu'à la prolongation de mon contrat le coach n'était même pas venu pour faire la photo, etc. J'ai trouvé ça bizarre et ça m'a fait mal. Après, je suis passé outre.

Tu as évoqué les sollicitations de Monaco et Arsenal, quels autres clubs voulaient te récupérer à ce moment-là ? (Poteau gauche)

Bournemouth et Watford en Angleterre, Schalke 04 et Hanovre en Allemagne, Montpellier et Rennes en Ligue 1.

A la base t'aurais aimé rester à Sainté ? (Barre transversale)

Bien sûr. Ça me fait mal d'en parler vu comme ça s'est passé ensuite mais c'était mon souhait. Je ne pensais pas que je serais amené à quitter le club aussi vite. Des gens pensent que je me foutais de Saint-Etienne alors que ça n'a vraiment rien à voir. C'est à Saint-Etienne que j'ai vraiment pris goût au football. Avant de m'engager avec l'ASSE, j'aurais pu signer au PSG, au Barça ou dans d'autres clubs. Mais j'étais attiré par tout ce que j'entendais sur les Verts, la ferveur, les supporters… Dans ma famille il y en avait déjà qui supportaient l'ASSE. C'est ça qui m'a fait venir à Sainté. L'ASSE, c'est comme ma deuxième famille.

Contrairement à toi, Bamba a été prêté. Arrivera-t-il à s'imposer à l'ASSE ? (alexioninho)

Sincèrement j'ai vu Jonathan, je sais de quoi il est capable, il a beaucoup de qualités, il n'y a pas de grands écarts avec d'autres joueurs à son poste, il n'y a pas de raison qu'il ne s'impose pas. Mais là encore c'est une question de confiance. On verra si le club la lui accorde vraiment et arrivera à le protéger. Le super but qu'il a mis à Nantes, il ne l'aurait jamais mis s'il n'avait pas été en confiance. Mais là encore, qu'est-ce qui s'est passé par la suite ? On n'a plus trop fait appel à lui, il est reparti jouer en CFA et la confiance n'était plus la-même.

Roro a déclaré récemment que tu étais pétri de qualités mais que le club n'avait pas pu te garder à cause de ton entourage particulier. Il a quoi de spécial ton entourage ? (Poteau gauche ?)

Tu me donnes l'occasion de clarifier un point qui me tient à cœur. La mise en cause de mon entourage est injuste et elle me dérange. Ma mère est directrice d'école, elle gagne très bien sa vie et avant que je me décide pour le foot, elle s'en foutait du foot. Mon père est à la fac, ma petite soeur est dans une école internationale, mon frère prépare ses examens de préparateur physique et mon meilleur ami, Samuel Miracle, c'est un joueur qui jouait à l'ASSE avant. Il est venu avec un agent qui collaborait avec le club. Samuel a commencé à jouer en jeunes à Saint-Etienne. Au moment de signer son contrat, le club lui a dit qu'il ne pouvait plus signer, qu'il ne pouvait pas avoir de contrat.. Je pense qu'ils avaient fait un petit business avec cet agent. Bon, ça n'est pas nouveau, ça arrive hélas assez souvent et dans tous les clubs. Samuel venait de loin, de Saint-Martin, il s'est retrouvé du jour au lendemain à la rue, sans contrat, sans argent. Je l'ai pris sous mon aile, je l'ai hébergé et aujourd'hui c'est comme mon frère. Il vit encore près de moi. Quand j'étais à Hanovre, il s'est débrouillé pour payer son appartement en Allemagne. Quand je suis arrivé à Bastia, pareil, il a pris un appart à Bastia. Pour en revenir aux attaques sur mon entourage, ça me fait rire quand Saint-Etienne le pointe du doigt. La seule personne qui a posé des problèmes dans mon entourage, c'est l'agent qu'ils m'ont mis dans les pattes, Jean-Pierre Bernès.

Tu peux nous en dire plus ! (Poteau droit)

Pas de souci. Au début tout allait bien, je communiquais avec le coach, j'arrivais à avoir des rendez-vous sur Paris avec le coach et Jean-Pierre Bernès. Ils étaient accessibles. Mais ensuite Bernès a essayé de diviser pour mieux régner, il a essayé de m'écarter de ma famille, pour m'avoir que pour lui en fait. C'est à cause de lui que par la suite j'ai eu des problèmes avec ma famille, ce qui est tout à fait normal. C'est pour ça que j'ai fait le choix de le quitter et dès que je l'ai quitté, tout est rentré dans l'ordre. Sincèrement, si j'avais dans mon entourage des personnes qui ne seraient pas bien, j'aurais été le premier à le dire je m'en serais éloigné. Mais voilà, moi je ne sors pas, le seul ami avec qui je passe du temps, c'est Samuel Miracle. Mes parents ne sont jamais avec moi, ils travaillent tout le temps. Je vis avec ma fille, mon frère et Samuel ont pris un appart pas loin. Si pour les dirigeants et les journalistes, c'est ça avoir un mauvais entourage, je ne sais pas ce que c'est que d'en avoir un bien ! (rires)

Qui t'aide à gérer ta carrière ? Ta famille, un agent ? (Stéphanois)

J'ai un agent mais je suis autonome, on essaye d'anticiper maintenant, c'est pour ça que j'aime bien la relation avec le coach de Bastia. Je ne sais pas comment je pourrais avoir un problème à Bastia ! Dès que je le moindre souci, la première personne que je dois appeler c'est le coach, et la deuxième c'est sa femme. Donc le problème il sera réglé rapidement !

 

Merci au potonaute secret funds pour son aide à la transcription.

 

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