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C'était la saison de la remontée. C'était la saison d'Alex, Aloisio, Pédron ou Kvarme... C'était une saison au bout de laquelle l'Olympique de Beurk-lès-Lyon ne finirait pas premier. C'était une saison où on en avait mis 8 à l'Olympique de Marseille ! Ah là là, c'était l'bon temps... 


La feuille de match
Dimanche 15 août 1999 - Championnat de France de D1 - Stade Vélodrome 
3e journée: Marseille 3-3 ASSE
Spectateurs: 56.898 - Arbitre: Damien Ledentu

Buteurs : Ravanelli (5e), Bakayoko (50e sp) et Maurice (79e) pour l'OM. Pédron (38e, 60e) et Sarr (86e) pour l'ASSE

Marseille: Porato, Fischer, Decroix, Luccin, Gallas, Brando, Dalmat (De La Peña, 75e), Pirès, Ravanelli (Maurice 75e), Bakayoko, Dugarry (Belmadi 73e). Entraîneur: Rolland Courbis
ASSE: Alonzo - Leclerc, Mettomo, Potillon, Sarr - Sablé (Guillou 73e), Ferhaoui (Boudarène 69e), Guel (Chavériat 81e), Pédron - Revelles, Aloisio. Entraîneur: Robert Nouzaret

L'avant-match
Après l'euphorie de la saison en D2 soldée par une montée arrachée contre Ajaccio un certain soir de mai 1999, les Verts allaient en découdre avec la D1 ! Deux joueurs par ligne ont été recrutés : Wallemme et Kvarme derrière, Guel et Pédron au milieu et Alex et Aloisio devant.
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Excusez moi, je crois que je vais chialer là...

Le premier match se jouait à Monaco (qui l'a oublié ???) et se concluait sur un nul fort prometteur de 2-2. Le match suivant, malgré une défaite sous la pluie 2-0 face à Nantes, était lui aussi annonciateur de merveilleux moments à venir (à la fin du match les Verts avaient même été applaudis).

Alors Marseille dès la troisième journée, c'est que du bonheur ! Je décide donc avec quelques copains de faire le voyage, en indépendants. Gloups... Je vous passe l'épisode de Lançon de Provence et les exactions des représentants du désordre de l'époque, dits CRS, je crois que ça ne passera jamais ! 
Nous voilà après bien des péripéties dans le parcage stéphanois. Il fait jour. Quelle ambiance ! Il peut bien gueuler à son microphone Joey Starr: "On est chez nous ! On est chez nous !" On entend qu'nous ! C'est super ces stades sans toit, on n'a pas à supporter les locaux comme ça !
Certes, nous nous prenons quelques piles, quelques clous, autres objets contondants et même Bruno Gaccio venu donner le coup d'envoi fictif du match, mais notre euphorie est inarrêtable !


Ravanelli saura se défaire du marquage de Potillon pour marquer

Les faits du match
Ou presque... Ravanelli va vite se charger de nous calmer. Les Verts sont encore jeunes en D1 et leur manque de concentration pour cette entame de match permet au buteur italien et néanmoins marseillais de marquer le premier but de l'OM. Le premier oui parce qu'il va y en avoir des buts alors accrochez vous !
Ravanelli donc nous calme... 20 secondes au moins. Mais sitôt le but marqué, le choc encaissé, nous reprenons de plus belle nos chants tantôt à la gloire des nôtres tantôt à la gloire de nos adversaires ! Ben quoi ? Je trouve ça plutôt sympathique d'encourager le gardien adverse sur ses dégagements...
Les Verts se sont déconcentrés mais les Verts se sont réveillés. Et ils tiennent la dragée haute à des Phocéens qui s'attendaient peut-être à un match plus facile. Le pied gauche magique de Stéphane Pédron va faire des merveilles ! A la 38e minutes, les Verts égalisent enfin !
Pas contents les Marseillais ! La partie est interrompue, pendant 5 minutes après qu'un fumigène lancé dans la cage de Jérôme Alonzo, ait entraîné un début d'incendie et surtout un trou dans les filets des buts du gardien stéphanois.


De la Peña ne peut s'infiltrer entre Leclerc et Boudarène

Et les deux équipes rentrent au vestiaire sur ce score de parité.
Mais le jeu n'a pas repris depuis 5 minutes que Monsieur Ledentu accord un pénalty généreux aux Phocéens. Bakayoko le transforme: oui, il marquait des buts aussi des fois.
De nouveau gros silence... 15 secondes et nous voilà repartis à chanter ! Les Verts ont bien égalisé une fois, ils ont le temps de revenir au score.
Aussi dix minutes plus tard, boum: "Patte gauche" se charge une nouvelle fois de mettre les pendules à l'heure. But de Stéphane Pédron à la 60e minute. L'ambiance dans le stade est survoltée ! On n'entend que nous (enfin de là où on est placé, on n'entend jamais les autres de toute façon).

Et puis c'est de nouveau la douche froide quand Florian Maurice, l'ancien vilain, vient inscrire juste sous nos yeux le 3e but marseillais... A nouveau silence pendant 10 secondes et on reprend avec entrain !


Bakayoko et Pédron seront tous les deux buteurs du soir

Quand arrive la 86e minute, et une majestueuse reprise en retourné acrobatique de Pape Sarr (photo), qui termine au fond des filets de Porato ! Elle est venue d'où celle-là !? Personne ne l'attendait, pas même lui je crois !! Dois-je vous décrire l'ambiance dans le stade à ce moment ?

Les Verts partaient avec ce magnifique nul dans leur bagage. Ils étaient de retour vers le plus haut niveau et la France pouvait de nouveau dormir en paix !
Nous par contre, on a attendu... qu'un car d'Associés Supporters daigne nous prendre parce que nos gentils amis CRS avaient détruit le nôtre et traumatisé notre chauffeur. On a pu voyager assis par terre, avec juste ce mot avant qu'on monte: "Et vous fumez pas et vous buvez pas dans not' car !" Promis, si j'ai envie de faire pipi, je lève le doigt et je fais pas où chuis ! Trop sympas les Associés !

Heureusement, nous avions ces images, ces trois buts pour nous accompagner !

Ils ont dit
- Jérôme Alonzo: "Il y a deux clubs où les supporters marseillais ne te pardonnent pas d'aller: Paris et l'ASSE. Alonzo revient à Marseille avec le maillot vert de l'AS Saint-Etienne, frappé de son étoile. Cela prouve qu'il y a 3 ans, je ne me suis pas trompé en signant ici. Ce retour est donc important. C'est un pied de nez. La résurrection du club et la mienne. Ca fait 3 ans que j'attends ce moment. C'est énorme, ce soir la France entière a pu voir ce qu'est une équipe qui mouille son maillot."

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Robert Nouzaret: "Mis à part le climat, la principale différence entre Saint-Etienne et Marseille, c'est que l'ASSE bénéficie d'une sympathie nationale que l'OM n'a pas. Geoffroy-Guichard a depuis longtemps aguerri mes joueurs à tout environnement difficile. Vous savez, quand on joue dans le Chaudron tous les 15 jours, on ne craint pas un seul instant un match au stade Vélodrome."

Rolland Courbis: "On a l'occasion de faire le break mais les Verts bénéficient d'un arrêt de jeu lorsque notre public balance un fumigène dans la cage d'Alonzo. Un break qui nous fait perdre notre motivation, au moment où on en avait le moins besoin. C'est le Vélodrome, on vient même à aider l'adversaire."

Stéphane Pédron: "L'engouement fantastique qui existe ici vous pousse à entrer dans le moule, même si vous ne connaissez pas bien la glorieuse épopée. La façon dont les anciens vous parlent du maillot vous invite à porter l'héritage. C'est vraiment un club immense !"


Christophe Dugarry à la lutte avec Kader Fehraoui

Le Saviez-vous ?
- Cette belle saison verra l'ASSE terminer à la 6e place du classement de D1 tandis que l'OM ne se sauvera qu'à la dernière journée et uniquement à la différence de buts (15e sur 18 clubs) après le remplacement de Courbis par Bernard Casoni.

- Vélodrome, terre maudite ! L'ASSE restait sur 9 défaites au Vélodrome depuis leur dernière victoire sur la Canebière (5-3 en aout 1979). Ils en connaîtront autant lors des années qui suivront malgré quelques matches nuls épisodiques.

- Avec 56.898 spectateurs, cet OM-ASSE voit non seulement la meilleure affluence de la saison au Vélodrome mais également la meilleure affluence tout court de l'histoire des oppositions entre les deux équipes.

- Les Marseillais ne s'attendaient sans doute pas à ce scénario mais alors que dire de celui du match retour ? Dans un Geoffroy-Guichard en fusion, les hommes en blanc (et leurs défectueux supporters) découvriront la panthère Alex lors d'un légendaire et tonitruant 5-1

- L'entraîneur officiel qui figure sur la feuille de match côté marseillais n'est pas Rolland Courbis mais Jacques Vankersschaver, son assistant. Le coach marseillais n'obtiendra en effet son diplôme d'entraîneur qu'en... 2014 ! Il sortira quand même ce commentaire devenu mythique peu avant le match: "L'ASSE ne devrait pas jouer en Vert. On risque de les confondre avec la pelouse". Nul ne saura jamais si il était ironique ou non...


Gros duel entre Pirès et Potillon sur le côté gauche

- Premier match en D1 pour Julien Sablé. Le Marseillais de naissance mais Stéphanois de coeur, jouera 166 autres matches dans l'élite avec les Verts (pour 8 buts) avant de rejoindre Lens en 2007 puis Nice et Bastia. Après sa retraite sportive, il reviendra s'occuper à l'ASSE en 2014 pour s'occuper des U15 avant de diriger le centre de formation puis d'être l'entraîneur principal de l'ASSE en 2017.

- Patrick Guillou, l'enfant terrible, chouchou du public stéphanois, rentre sur la pelouse en fin de rencontre. Il retire son maillot à la fin du match dévoilant le t-shirt Magic de la section Ardèche. Ne se contentant pas de l'exhiber devant le parcage stéphanois, ce coquin parade également devant tout le virage nord. La légende raconte qu'une heure plus tard, il serait revenu sur le terrain pour s'embrouiller avec des Yankees restés dans la tribune. 

- Robert Pirès, alors âgé de 26 ans, est champion du monde depuis l'année précédente (tout comme son collègue Christophe Dugarry). Huit ans plus tard, il sera tout proche de signer à l'ASSE, à l'âge de 34 ans: "J'ai notamment discuté avec Saint-Étienne. Mais un président me voulait, l'autre pas" confiera t'il à l'Équipe en 2007. On l'a échappé belle !