Notre stratégie de recrutement, c’est du chinois. Le comprenez-vous ? Moi pas. Gainsbourg ne m’en voudra pas là-haut de ce détournement d’une chanson datée de 1961, époque dorée comme dirait julien où le fric ne guidait pas tout, temps béni comme dirait nielsen où le mercato n’existait pas.


S’il est une vérité bien établie dans le foot, c’est qu’un match se gagne au milieu. On pourra certes ajouter comme Alex Ferguson qu’une bonne attaque permet de gagner des matchs et qu’une bonne défense permet de gagner des titres, mais n’en jetons plus, on est à deux doigts d’oser affirmer que l’important reste définitivement les trois points.
Un match de foot se gagne donc au milieu et ce n’est pas sans une once de nostalgie, camarade, que je repense à la triplette Clément / Cohade / Lemoine installée par Galette et dont l’immense vertu, en plus de tenir en respect tout ce que la Vilainie d’outre A47 comportait de soi-disant techniciens, fut de garantir aux quatre de derrière et à Ruff de passer des soirées tranquille, et au peuple vert de ne pas serrer excessivement les fesses.
C’était trois garçons, qui n’étaient pas souvent dans le vent, tant ils s’y entendaient pour harceler collectivement, bloquer l’accès à nos 40 mètres et récupérer le cuir.

Autres temps, autres mœurs… Après un intermède aussi incertain qu’hispanique, Gasset est arrivé avec sa casquette, son carnet d’adresses, et ses idées tactiques bien arrêtées. Adieu le 433 avec milieu travailleur, bonjour le 4231 avec passeurs, manieurs et tricoteurs. On ne s’en plaindra pas, tant le bilan d’un an et demi de régime JLG est remarquable.
Néanmoins, parmi les axes de progrès comme dirait la Tribune, l’observateur vigilant de nos prestations ces 18 derniers mois aura noté une tendance à abandonner le milieu de terrain particulièrement dans l’axe, abandon qui sautait notamment aux yeux lorsque l’équipe adverse en situation de contre nous transperçait facilement pour arriver jusqu’à notre surface.
Y-a-t-il un coupable votre Honneur ? Oui et peut-être bien deux si on y regarde de près :
D’abord ce système ou de trois milieux axiaux concernés par les tâches défensives, nous sommes passés à deux (M’Vila et Selnaes, puis Aït Bennasser).
Mais aussi le profil des joueurs : M’Vila, comme Selnaes, ont toujours plus brillé par leur coup d’œil et leur qualité de passe que par leur dimension physique, leur capacité à harceler, et leur stats de ballons récupérés.
En caricaturant (à peine) passer de 3 milieux bosseurs à 2 milieux relanceurs et passeurs a pu paraître parfois suicidaire, en particulier face aux gros quand arrivait le moment fatidique où nous commencions à piocher physiquement et moins tenir le ballon (pour une illustration, revoyez les 30 dernières minutes du dernier derby, ou plutôt croyez-moi sur parole, pour votre moral c’est préférable). 
Cette analyse semble si patente (merci à la Ligue de ne pas interrompre la lecture de cette chronique, patente n’étant pas plus homophobe qu’un bon Lyonnais enc… repris par deux kops) que même Lions aurait pu la pondre s’il n’avait pas occupé son été à relayer les bruits de chiottes des coulisses vertes. Il faudra un jour au passage demander à la Pravda si cumuler les articles sur les états d’âme de Neymar, l’admirablissimme talent de la jeunesse lyonnaise et les conflits entre Roro et Bozzo peut sérieusement tenir lieu de ligne éditoriale. Mais c’est une autre histoire.

En quelques mois, nos dirigeants ont vendu pour plus de 50 millions d’Euros, ce qui de mémoire de mastre grisonnant est une grande première pour l’ASSE.
On pourrait imaginer que fort de l’analyse précédente sur notre milieu, mais aussi en prévision d’une saison qui sera plus chargée que la précédente, nos dirigeants, comme ils le firent l’an dernier avec Khazri ou Cabella décident de miser sur une vraie grosse pointure, cette fois-ci au poste de milieu défensif. Elémentaire mon cher Wantier non ?
Ben manifestement pas tant que ça si on en juge par le calibre de nos recrues à ce poste. Vada et Aït Benasser sont partis, remplacés par Youssouf et Aholou sans que personne ne puisse affirmer qu’on y gagnera en solidité, voire, soyons fous, rayonnement au milieu. Ce d’autant plus que Cabella, malgré son pénible côté joueur de baballe et ses insupportables passes aveugles avait une caisse et une activité d’enfer qu’on ne retrouvera pas chez le très technique mais a priori nettement moins bosseur Boudebouz.

Bref, alors que le championnat a déjà démarré, il n’est pas excessif d’affirmer que là où on aurait dû prioritairement se renforcer, on s’est affaibli. De là à craindre qu’on va vivre l’an pire du milieu, il n’y a qu’un pas qu’il appartient à nos dirigeants de ne pas nous faire franchir. Il reste neuf jours et probablement quelques billets dans le coffre pour cela. Au boulot !