Quatre fois sur cinq, ce match est gagné. Pas cette fois. Et ça fait suer, pour être poli.


Le Rémois est audacieux : il joue en 4-4-2. Le Rémois est accrocheur : il rigole pas dans les duels. Le Rémois est efficace : deux occases, deux buts, c’est le scénario parfait. Bref, le Rémois suit l’exemple de Charbonnier, qui a sorti le match de sa saison dimanche. Mais le Rémois finit par céder. Et ce n’est que justice : pas cher payé pour les Verts, ce nul.

La feuille de match est riche en enseignements. Privé de son pilier Krychowiak, Hubert Fournier décide d’assumer d’avoir un milieu affaibli pour titulariser une deuxième pointe et subir le jeu. En face, Galette tente de relancer Clément en sentinelle et titularise Gradel pour la première fois depuis trois mois pour un côté gauche inédit, Trémoulinas étant suspendu. Erding est préféré à Brandao, qui se prépare pourtant à une suspension exagérée dont seule la LFP a le funeste secret.

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Le début de match voit Saint-Etienne installer son jeu et prendre l’ascendant sur son adversaire. Malgré la béquille subie par Erding dès la 4è minute, et qui le diminue grandement, les hommes de Galette se procurent deux occasions non cadrées sur lesquelles Agassa semblait battu (frappe de Sall sur un corner mal dégagé, 6’ ; tête d’Erding sur un centre de Brison, 10’). L’apport offensif de Lemoine et Guilavogui est remarquable, mais une certaine fragilité collective dans les duels (souvent perdus) et dans les transmissions fait craindre la douche froide. C’est chose faite juste après la sortie d’Erding pour Brandao : Sall est pris deux fois de vitesse par Charbonnier qui marque contre le cours du jeu, tandis que Clément n’assume pas son rôle de sentinelle (24’). Assommés par ce coup du sort, les Verts vont piétiner jusqu’à la pause face au quadrillage du terrain mis en place par les rémois. Alors que l’ASSE penchait nettement à gauche lors de la première demi-heure grâce à l’activité de Gradel et Brison, les rares éclairs post-ouverture du score viennent d’Hamouma et Clerc. Reims est inoffensif, mais mène au score. A la mi-temps, on se demande si l’on pas retrouvé les ligériens d’août : stériles, sans jus et poissards.

Ce qui est certain, c’est que Galette n’est pas satisfait et change de plan de jeu dans les vestiaires. Guilavogui sort pour Corgnet : au revoir 4-3-3, bonjour 4-2-3-1. Depuis le derby, Christophe Galtier semble plus audacieux dans son coaching : cela s’avère payant à Delaune. Corgnet dynamise le jeu stéphanois et casse le bloc rémois. Pourtant, l’improbable arrive dès la 50’ : Clerc rend la balle bêtement, Clément perd son duel contre Charbonnier et Signorino part seul marquer son premier but en L1 depuis novembre 2005. S’il n’y a ne serait-ce qu’une personne suffisamment folle pour avoir parié sur un but de l’ancien Nantais, il faut qu’elle tente l’Euromillions avant que sa chance ne s’envole. Heureusement, la réaction immédiate initiée et conclue par l’enchaînement parfait de Brandao (déplacement, vision du jeu, technique, réalisme) laisse les Verts à flot.


Y avait la place. Et pas qu'un peu.


2-1, donc. Score rageant : depuis la 46’ jusqu’à la 70’ environ, les Verts font le siège du but adverse avec une absence de réalisme insupportable – on se contentera de signaler la barre d’Hamouma suivi d’un dégagement ed-warneresque d’Agassa (63’) et le trois-frappes-en-une-situation gâchée par un plat du pied raté de Brandao face au but (66’).

Hubert Fournier se sent en danger, et sort un attaquant pour muscler son milieu (entrée d’Albaek pour Courtet à la 65’, et passage au 4-3-3). Cette stabilisation de l’équipe receveuse, conjuguée avec une baisse de pied physique des Verts, a raison du rythme élevé du match. Les duels restent sévères, mais les occasions se font rares des deux côtés. Corgnet répond à Ayité (73’) dans un but-à-but sans successeur. Les minutes s’égrènent. La défaite se rapproche. Alors que le temps de jeu règlementaire est dépassé, Perrin sonne la charge balle au pied. Il s’appuie sur Tabanou entré en jeu à la place d’Hamouma, mais continue son effort pendant que les Verts travaillent au milieu. Sall hérite du ballon, et allonge vers son compère de la charnière que personne n’a suivi : l’ouverture est au millimètre, la tête est bonne, Agassa ne peut que repousser, et Clerc surgit du diable-vauvert pour égaliser.

C’est toujours bien d’arracher un match nul dans les arrêts de jeu. Mais, au vu de la physionomie du match et des résultats des adversaires, on ne peut qu’être déçus. Pas le choix : il va falloir bouffer de la galette-saucisse vendredi.