Le nouveau manager stéphanois a connu sa première défaite au bout de son 10e match avec les Verts, à Rennes...


Dans ce duel entre des éliminés de la Ligue Europa, les hôtes avaient un avantage certain, ils avaient reposé des joueurs jeudi dernier et ont attaqué cette rencontre avec pas moins de 7 joueurs frais. Un luxe que les Stéphanois, toujours impactés par des blessures, n'ont pas eu. Et ce manque de fraîcheur a eu son mot à dire dans la rencontre, comme le souligne Claude Puel frustré : "on a eu trop d’approximations et pas assez de maîtrise (...) On a fini le match très, très fatigués (...) La fatigue explique le fait qu’on a manqué de justesse en fin de rencontre".

Au delà de cet aspect physique, les Verts n'ont pas vraiment démérité, ils ont proposé des choses assez intéressantes parfois, même s'ils ont fait preuve de naïveté sur certaines actions, comme on peut le voir dans les exemples ci-dessous.

 

1MT : Pressing et transitions

 
La défense habituelle à 3/5 a été maintenue par le staff stéphanois, avec Palencia et Trauco en rôle de pistons. Et par rapport au match précédent, les Verts sont revenus à un milieu à 2 accompagnés de 3 offensifs devant :



Au delà du système, l'approche tactique a été d'effectuer un pressing haut en début de match, comme dans cet exemple à la 13e minute :


Une touche rennaise, le ballon est envoyé vers le gardien par un défenseur central pressé par Boudebouz. M'Vila et Youssouf sont placés haut, pas loin des deux milieux axiaux adverses. Quand un d'entre eux reçoit le ballon...


... Youssouf le presse, Diony cherche un défenseur, Bouanga un autre et M'Vila l'autre milieu. Les Rennais arrivent à écarter au long de la ligne de touche et le pressing stéphanois continue :


Il est même productif, M'Vila intercepte la passe du latéral droit. Malheureusement il ne contrôle pas et le ballon sort du terrain. Un exemple type de pressing des Verts, qui ont dépensé beaucoup d'énergie en début de match, sans forcément en tirer profit. Et probablement ils ont payé le prix en deuxième période...


De manière générale, l'ASSE a été plus à l'aise avec les phases de transitions suivant la récupération du ballon qu'avec les attaques construites. Comme dans cet exemple à la 18e, quand Palencia joue une touche avec Youssouf :


Un échange de passes avec Moukoudi, puis un autre avec M'Vila...


... suivi d'un long ballon balancé en profondeur pour la course de Diony, tout seul contre la défense. Sous la pression des deux adversaires, l'attaquant stéphanois perd le ballon :


L'ailier adverse avance avec le ballon, suivi par Palencia, 3 de ses coéquipiers sont pris par les 4 autres défenseurs Verts, le duo Youssouf-M'Vila est en place pour couper les angles de passe :


Et Youssouf le fait à merveille, le ballon rebondissant jusqu'à Boudebouz. Qui exploite parfaitement cette phase de transition, lançant Bouanga en profondeur. Son tir est contré, mais sur le corner qui en suit, Diony ouvre le score.


Quelques minutes plus tard, Trauco joue une touche dans le camp adverse :
 

Boudebouz reçoit le ballon et joue en arrière, pour Moukoudi, qui écarte immédiatement sur le côté opposé, avec Palencia :


Changement de côté pour faire coulisser le bloc adverse, mais pas réellement pour attaquer à droite. Palencia redonne à Moukoudi et le jeu est déplacé vers la gauche par les défenseurs :


Le bloc rennais en (4-)4-2 est bien en place, mais Kolo trouve Boudebouz entre les lignes, avec une belle passe verticale. Mais le milieu offensif stéphanois choisit de jouer en arrière...


... avec M'Vila, qui donne à Perrin. Qui choisit une passe longue, vers la gauche, qui ne s'imposait absolument pas - le bloc adverse est bien en place, parfaitement centré maintenant (il n'y a plus de décalage dans un couloir suite aux changements de côtés précédents). Le latéral droit gagne donc tranquillement le ballon...


... et joue plus haut, avec son ailier. A l'opposé, Palencia se trouve plus haut que l'ailier gauche et il ne l'attrapera plus. A droite les deux milieux stéphanois n'empêchent pas le contre...


... et ne couvrent rien, les 3 attaquants se trouvent face à face avec les 3 défenseurs et donc l'ailier gauche est trouvé pour l'égalisation.



2MT : Quelques attaques, et ensuite, le néant

 
Le premier changement des Verts a été effectué au retour des vestiaires, Perrin est sorti blessé au genou et a laissé sa place à Fofana. Moukoudi est passé dans l'axe de la défense, comme on peut le voir dans cet exemple à la 52e :


Les Stéphanois se passent le ballon de droite à gauche dans la défense et puis dans le sens inverse...


... aidés aussi par M'Vila, reculé au niveau de ses défenseurs. Le bloc rennais est en place, Boudebouz et Bouanga sont assez axiaux (surtout le premier, à côté de Diony), les couloirs sont pour les pistons. Le milieu offensif est trouvé par une belle passe verticale de Moukoudi et comme un défenseur central sort pour le suivre...


... le décalage est créé. Boudebouz s'appuie sur Palencia, qui lance dans le couloir Diony, qui avait fait un appel dans le dos des deux défenseurs sortis. Il n'a personne pour qui centrer et finalement le ballon est sorti en touche par la défense.

Sur la remise en jeu Palencia commet une faute et Rennes peut construire une attaque :


Les Verts mettent en place leur pressing, ce qui oblige le latéral gauche de dégager loin. Fofana gagne son duel aérien, Palencia récupère le ballon...


... mais il rebondit sur Youssouf et l'ailier gauche adverse le récupère. Les Rennais écartent tout de suite à l'opposé, avec une série de courtes passes avant de lancer le latéral droit dans son couloir. Bouanga fait l'effort nécessaire pour le suivre...


... mais la défense est en déséquilibre. Trauco s'était fait aspirer par les passes adverses et a quitté son poste, toute la défense doit coulisser vers la gauche. Et Palencia ne suis pas son adversaire direct (il était à seulement quelques mètres de lui sur l'image précédente). Le centre est repris de la tête entre Moukoudi et Fofana, mais heureusement le ballon passe à côté du cadre.

Ruffier dégage loin sur la remise en jeu et le ballon est récupéré par les Verts, Diony gagnant son duel aérien :


Youssouf le reçoit, joue avec Palencia, qui écarte de suite à l'opposé, pour Trauco. Qui temporise et joue avec M'Vila, qui temporise à son tour avant de donner à Moukoudi :


Le bloc adverse en 4-4-2 est en place, tout comme les Stéphanois qui ont un vrai ailier à gauche (Bouanga), pendant qu'à droite Palencia est tout seul dans son couloir, Boudebouz étant toujours très axial. C'est vers ce côté que le jeu se dirige :


M'Vila offre une solution de passe à Moukoudi et trouve ensuite Boudebouz entre les lignes, qui lance Palencia dans le dos de la défense. Du jeu vertical simple et un décalage bien créé, malheureusement le centre du piston droit est repoussé par la défense.


Ça a été une des dernières attaques construites proprement par les Verts, qui ont connu un gros coup de mou ensuite. Dans la dernière demi-heure, les Rennais ont eu 70% de possession de balle, aidés aussi par le faible pourcentage de passes réussies par les Stéphanois, seulement 60%. Et les changements effectués par le staff de l'ASSE n'ont rien apporté de ce point de vue. D'abord Nordin pour Bouanga, poste pour poste :


Et ensuite Camara pour Diony, les Verts passant de 5-2-3 en 5-3-2, avec Nordin et Boudebouz en attaquants :


Malgré ce milieu renforcé, les Stéphanois ont continué à subir, à ne pas garder le ballon, et se sont presque logiquement inclinés dans le temps additionnel, suite à une erreur de marquage sur un corner...



Conclusions


Sous Claude Puel, les Verts avaient remporté des victoires par un but d'écart, acquises dans les dernières minutes, avec une défense assez solide mais sans avoir produit un jeu offensif très léché. Sur un enchaînement assez long ça finit par s'équilibrer, malheureusement, et les Stéphanois ont fini par s'incliner. Le manager stéphanois a bien sûr raison, les nombreuses blessures empêchent une vraie rotation, les matchs rapprochés amènent de la fatigue et comme l'équipe est toujours en construction, elle n'a pas suffisamment de maîtrise et de supériorité pour compenser. Comme la série des matchs tous les trois jours continue, il faut maintenant espérer le retour de certains blessés, pour ne pas entrer dans une spirale négative et arriver à la trêve à bout de souffle.