Même s'ils ont mené deux fois aux score, les Verts n'ont obtenu qu'un match nul contre Strasbourg et ils restent sur 6 matchs consécutifs sans victoire.


Après deux défaites consécutives, prendre un point peut être vu comme rassurant, mais c'est quand-même frustrant de laisser l'adversaire revenir deux fois au score. Ce qui est encore plus frustrant, c'est de voir que les Verts avaient un avantage tactique lors de ce match, surtout en première mi-temps, mais qu'ils n'en ont pas profité. Cet avantage venait du système utilisé par Strasbourg, un 4-4-2 losange qui est intéressant en possession du ballon, mais qui montre des failles quand on défend. Ces failles apparaissent surtout contre une équipe qui utilise bien la largeur du terrain, comme les Verts l'ont fait, mais en n'en profitant que trop rarement.
 
 

Le 442 losange et les côtés

 
Le 4-4-2 losange est parfois appelé 4-1-2-1-2 ou 4-3-1-2 - ce n'est pas important, ce qui compte est que l'équipe joue avec 4 défenseurs, 4 milieux et 2 attaquants, mais les 4 milieux sont axiaux, pas excentrés. Autrement dit, il y a une forte densité des joueurs dans l'axe, mais peu sur le côté. Ceci est intéressant en possession du ballon, mais ça peut poser des problèmes quand on défend, surtout si l'adversaire place 2 joueurs dans chaque couloir, des latéraux offensifs en plus des ailiers :
 
 
RPG et Pogba, les latéraux stéphanois du jour, n'ont pas d'adversaire direct devant eux, le décalage est créé par le système. A titre d'exemple, cette capture d'écran à la 5e :


On peut bien voir la défense à 4 et le losange au milieu pour Strasbourg, ainsi qu'un de leurs attaquants, le 2e étant hors du cadre avec Perrin et KTC. Les Verts ne sont pas parfaitement alignés (normal en phase d'attaque), mais on peut deviner un 2-4-3-1, avec Pogba et RPG qui montent, le premier avec le ballon, sans personne devant lui.

 

Le 442 losange et l'axe du terrain

 
Pour bloquer les couloirs et les latéraux qui montent, il faut excentrer des joueurs, soit un des attaquants, soit les milieux centraux - dans le dernier cas, ça vide un peu l'axe du terrain. Si en plus le jeu est bien écarté sur toute la largeur du terrain, le bloc n'étant pas disposé sur la largeur, il est facile de profiter des espaces créés :
 
A la 41e, Ruffier démarre une attaque avec KTC - nos deux centraux se sont écartés, Diousse est descendu pour la relance, on reste dans du classique :


Après avoir avancé un peu avec le ballon, KTC le donne à Diousse, qui trouve ensuite Hernani, dans cette action plus bas que Pajot :


Comme RPG est positionné haut, mais sans adversaire direct, il est pris par un milieu central - les trois autres continuent de rester près, dans leur losange un peu déformé. Ce qui veut dire que sur une moitié de la largeur du terrain il n'y a pas d'autres Alsaciens :


Au fait, l'autre attaquant est descendu pour suivre Pogba, mais il y a un espace énorme dans l'axe, le seul milieu qui pouvait le combler étant monté sur Hernani. Les Verts doivent s'y engouffrer, ce que Hernani fait via un un-deux avec KMP :

 
Il n'y a personne pour combler ce trou, Hernani avance sans problème, bien aidé par l'appel de Söderlund qui fixe les deux défenseurs centraux et lui ouvre l'angle pour une frappe bien placée et l'ouverture du score.

 

Après la pause

 
De retour des vestiaires, un changement tactique dans le 11 de Strasbourg a été évident : un des deux attaquants s'est excentré dans le couloir de Pogba et un milieu central dans celui de RPG - défensivement, leur système ressemblait plus à un 4-1-4-1. Ainsi, nos deux latéraux ont touché deux tiers de leurs ballons en première mi-temps et seulement un tiers en seconde période. Et ceci, malgré une très forte possession après la pause : de la 46e jusqu'au 2e but, à la 56e, l'ASSE a eu 78% de possession - mais moins avec les latéraux qu'auparavant.
 
Si on regarde par exemple l'action qui amène le 2e but, on voit encore le losange de Strasbourg au milieu, mai aussi un attaquant déjà excentré :


KTC - Perrin - Diousse pour la relance, du classique. Et l'image suivante nous permet de mieux voir le système des deux équipes :


Deux joueurs pour chaque équipe dans les couloirs, Pogba et RPG ont un adversaire direct. Dans l'axe, triangle pointe haute pour l'ASSE, pointe basse pour Strasbourg. Mais si les latéraux et les milieux sont pris en un-contre-un, les Verts ont deux autres options. La première est d'utiliser Perrin en meneur de jeu reculé - dans ce cas, sa longue passe pour KMP est interceptée par le défenseur, mais le ballon est de suite récupéré par Hernani...


... et via RPG, Pajot et Diousse, il revient à Perrin. Le capitaine monte avec le ballon...


... et Bamba décroche pour lui proposer une solution - c'est la 2e option des Verts pour faire du jeu si leurs trois milieux et deux latéraux sont pris, utiliser un ailier. Bamba et Perrin combinent...


... et Söderlund décroche pour proposer une solution aussi. Si on regarde attentivement cette image, on se rend compte que côté Strasbourg on ne voit pas un attaquant, un latéral et un milieu (celui qui suit RPG) et côté ASSE on ne voit pas KTC (resté avec l'attaquant), RPG et KMP. Ce qui veut dire qu'à droite on a Hernani, RPG et KMP avec seulement deux adversaire (un milieu et un latéral). Bamba peut essayer une transversale pour amener le jeu de ce côté, mais il préfère porter le ballon, sans être vraiment attaqué, avant d'avoir plusieurs options :

 
Hernani en retrait, RPG complètement libre à droite et KMP qui fait un appel en profondeur - c'est le dernier qui est choisi et l'ASSE passe de nouveau devant au score.

 
 
 

Conclusions

 
Pour résumer le match, on peut dire que l'ASSE avait l'avantage tactique en première mi-temps, du fait du système utilisé par Strasbourg. Ce système pouvait permettre aux Alsaciens d'attaquer en nombre, mais, heureusement pour les Verts, ils l'ont rarement fait et surtout sans réussite. Malheureusement pour les Stéphanois, ils n'ont pas vraiment profité de cet avantage tactique, et quand ils l'ont fait, ils ont concédé l'égalisation tout de suite après. Après la pause, Strasbourg a changé de tactique, ce qui a permis à l'ASSE d'avoir une longue possession et domination, mais stérile. Et quand les Verts ont fini par trouver la faille, ils ont de nouveau concédé l'égalisation tout de suite après. Cette seconde égalisation a fait mal à la tête aux Stéphanois, qui n'ont plus mis autant d'envie dans leur jeu qu'auparavant.
 
Une équipe en confiance aurait dû facilement gagner ce match contre une équipe de Strasbourg prenable... mais il est probable que si les Alsaciens voulaient faire le jeu, ils pouvaient l'emporter, tellement le manque de cohésion des Verts était criant parfois. Les matchs suivants s'annoncent plus difficiles pour le duo Sablé-Gasset (ou Gasset-Sablé ?), il faut espérer qu'un apportera tactiquement et l'autre psychologiquement, même si à la fin, c'est plus les résultats qu'autre chose qui ramènent la confiance.
 
 
 

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