séléctionnez une date pour un autre éphéméride

Les matchs d’antan, c’est toujours mieux avec les commentaires d’époque ?
Ben on dirait que les matchs d’Anto, c’est toujours mieux avec les compte-rendus d’époque...


La feuille du match
Samedi 27 septembre 2003 - Championnat de France de L2 - Stade Michel d'Ornano
10e journée: Caen 1-0 ASSE
Spectateurs: 20.495 - Arbitre: F. Glochon

Buteur: C. Watier (88e)

Caen: S. Elana - C. Hengbart, A. Ben Askar, F. Dumas, N. Seube - S. Bakour, J. Hébert (L.M. M'Beng 82e), L. Rankovic (G. Suares 90e), Y. Eudeline - K. Sarr (Jovicic, 63e), C. Watier. Entraîneur: Patrick Rémy
ASSE: J. Janot - D. Bridonneau, V. Hognon, S. Hernandez, H. Ilunga - J. Sablé, L. Quaye, F. Jau (P. Carteron 89e), F. Mendy - S. Houri (N. Marin 60e), M. Dogbé (L. Compan 60e). Entraîneur: Frédéric Antonetti

Les faits du match
En ce début d’automne, pour leur 3e saison consécutive en D2, les Verts d’antan et d’Anto ont mieux démarré le championnat que les précédentes saisons. Après 9 journées, ils sont cinquièmes (5 victoires et 4 défaites au compteur) avant de se rendre chez ces fous de Normands.

Malherbe est plein comme un œuf, c’est un drôle de stade, moderne mais qui de l'extérieur ressemblerait plutôt à une barre HLM récemment construite et dont la hauteur serait limitée à trois étages pour garder taille humaine. Mon vert séant posé dans l'équivalent du Jean Snella supérieur, au dessus à gauche de la cage aux fauves qui sert de tribune aux visiteurs, je constate que le normand a vu les choses en grand pour le 90e anniversaire du club: une fanfare qui donne des faux airs de feria nîmoise, un âne portant du lait (sponsor du club) qui fait le tour du stade (finalement doit-on rougir de notre Sacma de l’époque ?), plus de 20.000 personnes et un tifo regroupant les différents logos et maillots de l'histoire de Caen.


Michel d'Ornano est en fête ce soir là !

Mon regard se fixe enfin sur l'objet de notre venue: cette pelouse où, première surprise, les cinq qui s'entrainent isolément, remplaçants supposés, ont des noms de titulaires !
Mais oui, Anto, singeant Jean-Pierre Foucault, nous fait une sacrée surprise avec les titularisations de Samy Houri, Mickaël Dogbé et Lawrence Quaye. Compan et Marin, auteurs de 75% de nos buts depuis le début de saison, font banquette. Qui veut gagner les 3 points ? Pas le temps de se poser la question, ni même de réfléchir à cette improbable compo et ce drôle de système, avec Dogbé et Houri devant. On s'aperçoit rapidement que si ça manque de présence dans les 16 mètres , ça agaçouille bien le Normand qui démarre sur un tempo que ne renieraient pas nos footeux du dimanche à Méons, avec leur capitaine rondouillard et dégarni Dumas qui, lui aussi, ne déparerait pas à Méons.

Après 7 ou 8 minutes de round d'observation où les Verts se montrent quand même plus agressifs et déterminés dans les duels, première mine de Quaye sur un coup franc où il a pourtant involontairement reculé de 2 mètres par rapport à l'emplacement de la faute. Très robertocarlossienne, la frappe de l'extérieur du pied frôle le poteau gauche d'Elana bien battu sur ce coup là. Quelques minutes plus tard, un ballon que Dogbé extirpe de la surface au milieu d'un amas de joueurs, il le pousse un peu trop (le ballon pas l'amas) mais Mendy est là, à 12 mètres, et boum, il dévisse totalement. 2-0 au rayon des occases, on a toujours pas vu Caen. Encore quelques courtes minutes, et c'est Julien Sablé qui nous met une frappe d'enfer direction la lunette d'Elana qui, cette fois ci, a l'oeil, 3-0.

Puis Dogbé, finalement assez habile pour passer la lente charnière centrale caennaise, va en remettre un coup au panneau publicitaire qui a eu la mauvaise idée de siéger juste derrière le poteau gauche d'Elana. 4-0. On joue depuis 25 minutes, nous n'avons jamais vu une équipe aussi passive à domicile, rien pas une occase, pas un débordement, pas un troquet, pas une mobylette. Nos verts ne sont pas époustouflants pour autant, mais bouffent les Caennais au milieu notamment grâce à Sablé et Quaye qui chopent tous les ballons, et Mendy qui, malgré un certain déchet, enrhume le latéral droit d'en face. On se repose une dizaine de minutes sans aucun danger sur nos cages puis vient la seule demi-occase de Caen sur une frappe de femme enceinte qui n'a comme vertu que d'être un peu détournée mais on ne la fait pas à notre Janot national.


Mickaël Dogbé, très remuant sur le front de l'attaque stéphanoise

Histoire de nous frustrer définitivement, nos p'tits verts portent le score des occasions à 5-0 avec à la 41e la plus grosse du match: le petit Samy Houri qui chope le ballon dans les pieds d'un défenseur central probablement en train de philosopher sur les vertus d'un stade plein (si je m'en réfère à mon voisin qui par trois fois m'aura répété "Dire qu'ils n'étaient que 6.000 contre Gueugnon"), pénètre la surface adverse. Dogbé est sur sa gauche, on est à 2 contre 1, il préfère la passe (excellente) à Dogbé plutôt que la frappe, mais ce dernier, qui devrait revoir les cassettes des plus beaux buts de Patrice Garande, oublie de piquer sa balle alors qu'Elana était déjà couché.
"Caramba, encore raté !" diraient les Dalton. La tête de Dogbé en dit alors long sur les degrés perdus sur la fragile échelle de sa confiance de buteur très intermittent. Histoire d'en rajouter une louche, Mendy qui met encore minable son vis-à-vis frappe enroulé à la Henry, mais du mauvais côté du poteau, un poteau qui peut développer une légère paranoïa, son alter ego ayant été totalement délaissé par nos généreux attaquants.

6-0, le compte est bon, je n'ai jamais vu une équipe aussi médiocre sur son terrain pendant 90 minutes, et un sentiment désagréable me titille: si on avait laissé passer notre chance ??
Poser la question c'est déjà y répondre. A noter que le public très tolérant n'aura jamais sifflé son équipe. A GG, au bout de 20 minutes il y aurait eu le feu. La tolérance de ce public n'a d'égale que son calme, nous n'avons entendu que les Stéphanois massés dans leur cage.

En seconde mi-temps, le scénario tant craint se joue sous nos regards impuissants: on laisse le ballon à des Caennais toujours aussi maladroits, qui ne nous mettent qu'une fois hors de position, lorsque Ilunga se fait déborder par un attaquant qui, aux 10 mètres légèrement excentré, s'acharne encore sur ce malheureux poteau, lequel voit quand même le ballon passer à deux mètres . Bref on commence à s'agacer des ballons perdus par Jau, qui s'entête à courir derrière l'adversaire sans jamais oser le tacler, on s'inquiete des dégagements mal assurés d'Hognon ou Bridonneau et on s'étonne de la maladresse de Nicolas Marin, qui rentré à la 60e avec Compan, nous rejoue Ginola millésime 93, option scud au 4e poteau sur chaque centre.

Un magnifique chant européen nous donne des frissons bienvenus, et on en arrive, avec 3-4 semi-occases caennaises à la clé, à ce p... d'épilogue foireux. A force de ne plus mettre Caen en danger (pas une occase verte en 2e période), de leur laisser le contrôle du ballon, quelques coups francs (ou tordus) s'agglutinent autour de nos 18 mètres. L'arbitre, totalement à côté de ses pompes depuis le début déclare à la 89e que Vincent Hognon, qui passe proprement devant son joueur, a joué un peu trop des épaules. Et hop, ça y est, le poteau est content, il voit enfin un ballon l'approcher du bon côté. 1-0 pour Caen à la 88e minute...


Fin de match et déprime totale...

Je m'en prends à Janot, bien suspect, tandis que Janot s'en prend à Sablé qui aurait construit un mur trop... trop... je n'en sais rien. Toujours est-il que le ballon rebondit un bon mètre devant la ligne, Janot ne plonge pas, ou si tard, et le ballon va embrasser le petit filet et embraser ce stade endormi. Je vous épargne les quolibets qui accompagnent notre départ du stade, le public fait étalage de toute sa médiocrité dans la victoire après l'avoir fait dans le néant de son animation durant les 88 premières minutes risibles de son club. Magic et Green, exemplaires jusqu'au bout tendent leur écharpe et répondent "Et ils sont là..." aux milliers de crétins ayant retrouvé leur voix pour demander où sont les Stéphanois (pardonnez cet accès de vulgarité que comprendront bien tous ceux qui de Vert vêtus sortent d'un stade adversaire sous le poids de la défaite et des lazzi).


Les Caennais fêtent leur victoire avec le public

Un match, si vous avez bien lu entre mille digressions, que nous n'aurions jamais dû perdre, et qu'on aurait plié à la mi temps avec un minimum de réalisme devant.


Le Saviez-vous ?
- Fort heureusement, l'ASSE n'aura pas à trop regretter cette défaite sur le fil: les Verts se vengeront au match retour (1-0, but de Hognon) et termineront la saison champions de L2, juste devant Caen, justement, qui les aura fait trembler jusqu'au bout.

- S'ils ne jouent pas ce soir-là, deux joueurs de l'effectif caennais rejoindront bientôt l'ASSE: le buteur Mazure, au bilan très maigre (2 buts en 25 matches) en 2005 et le gardien Vincent Planté, au bilan plus lourd (5 buts encaissés en 3 matches) en 2009. En revanche, Lilian Compan jouera pour les Normands de 2005 à 2008 avec bien plus de réussite (25 buts en 87 matches)

- Sans grande surprise et comme le présageait Parasar, ce match sera la plus grosse affluence de la saison à D'Ornano avec 20.495 spectateurs (capacité de 21.215)

- Formé à Caen mais surtout connu pour ses années monégasques, le défenseur Franck Dumas va sur ses 36 ans lors de ce match. Il mettra un terme à sa carrière à l'issue de la saison pour devenir le directeur sportif du Stade Malherbe. Lorsque l'entraîneur Patrick Remy sera renvoyé en mai 2005, il sera nommé entraîneur de l'équipe une. Malgré son échec à maintenir Caen dans l'élite, il restera sur le banc normand pendant 7 années avant d'être remplacé par l'ancien vert, Patrice Garande.

- C'est le premier match en championnat de la carrière de Samy Houri et déjà sa première titularisation. Le jeune milieu offensif, formé au club, avait étrenné ses galons de professionnel trois jours plus tôt face à Rouen en Coupe de la Ligue où son entrée à la 75e minute avait accéléré la victoire des Verts 1-0. Malheureusement, il restera peu utilisé, ne jouera que 13 matches et ne marquera jamais avec les Verts. Il quittera l'ASSE pour Raon-l'Étape en 2006.