Parce que sans verser dans le caïazzisme primaire (pléonasme ?), les Verts représentent pour nous une religion dont le Chaudron serait l’incontournable lieu de culte et les poteaux carrés l’un des nombreux symboles, après le vert unique de notre maillot.

Dans la mémoire verte, ces poteaux carrés portent en eux autant de souffrance que de fierté. Si nous les avons choisis ce n’est bien entendu pas pour remuer le –fernando- couteau dans la plaie laissée béante par l’injustice de cette défaite face au Bayern mais bien parce que pour nous, Glasgow, Hampden Park et ses fameux poteaux (les plus illustres du football, devant la transversale du SDF ayant renvoyé le tir au but de Di Biaggio ou le poteau rentrant –ou pas- de Hurst à Wembley lors du fabuleux Angleterre-Allemagne de 1966) représentent tout à la fois une apogée, un point de départ, un tournant dans l’histoire du club. C’est notre madeleine de Proust et le mythe fondateur, en toute immodestie.

Bientôt 30 ans… A cette époque si lointaine, nous étions déja là, qui à Glasgow, qui devant l’écran, qui à travers les récits vibrants de nos pères. A l’époque nettement plus proche du dangereux flirt avec le championnat National, nous étions là encore. L’effet Poteaux-Carrés c’est ça !

Et s’il est de bon ton dans les discours officiels de s’affranchir de ce glorieux passé pour mieux préserver l’avenir, nous pensons nous, à Poteaux-Carrés, que ce mythe, loin d’être un fardeau est le fil conducteur, la flamme éternelle, la garantie qu’au delà des plaies (caisse noire) et des bosses (faux passeports), le phenix renaît toujours de ses cendres.

Poteaux-carrés c’est donc d’abord le souci de vivre notre passion des Verts au présent tout en laissant au passé la place d’honneur qu’il mérite. Le plaisir de se raconter une énième fois le tacle salvateur de Lopez sur Blokhine, lui aussi, sera toujours là.

Poteaux-carrés, c’est également le vœu de vivre notre passion dans la joie, la bonne humeur, la gaudriole, la gauloiserie…Suivant le précepte énoncé par Maître Platoche, ce qui peut nous arriver de pire c’est perdre le match . Alors, ne nous prenons pas trop au sérieux et dépêchons nous de rire de ce foot fou et de ses dérives avant d’avoir à en pleurer. Poteaux-carrés c’est donc aussi la folle prétention d’être décalé et drôle.

Enfin, Poteaux-carrés, c’est avant tout la volonté d’être le plus nombreux possible pour prolonger les (d)ébats jusqu’au bout de la nuit, sur le forum ou sur le zinc, clavier au bout des doigts ou binouze à la main.
Pour rêver à ce jour où le ballon caressera le poteau dans le bon sens et rebondira du bon côté de la ligne, verte, forcément.