séléctionnez une date pour un autre éphéméride

Le 5 mai 1946 est une date à marquer d’une croix verte dans tous les calendriers de tout bon supporter de l’ASSE. C’est, en effet, la date de naissance du plus grand buteur que le club n’ait jamais connu...


Hervé Revelli voit le jour un 5 mai 1945 à Verdun mais c’est à Gardanne (13) que cet avant-centre talentueux fait trembler ses premiers filets et pleurer ses premiers gardiens. Il intègre la maison verte dès 1964. Comme pour beaucoup d'autres, c’est Jean Snella, l’immense coach, qui lui donnera le premier sa chance. Il marque son premier but, le premier d’une longue série, à 18 ans et demi, contre le Red Star et s'offre même un doublé aux côtés de Rachid Mekloufi et Maryan Wisnieski, fraîchement arrivé de la Sampdoria...


La carrière de Hervé Revelli en un clin d'oeil

A l’origine, Revelli n’est pas censé jouer ce match mais le Camerounais N’Doumbé étant malade, il est appelé en dernière minute et emmené à Paris par Garonnaire. En réalité, N’Doumbé n’est pas malade mais Snella souhaitait épargner toute pression inutile à ce talent prometteur. La semaine suivante, il récidive avec un nouveau doublé contre le Stade Français. La saison suivante, désormais buteur remplaçant de l'équipe, il inscrit son premier but contre l'OL. Cela ne suffira pas à remporter le match mais au moins à lui assurer des apparitions fréquentes dans le groupe. Sa carrière est alors lancée.


L'un des tout premiers buts pro de Revelli contre l'OL (1965)

Sous la direction de Snella puis de Batteux, il commence à se forger un palmarès impressionnant: 4 championnats de France, deux Coupes de France et deux titres de meilleur buteur. Il inscrit 126 buts en 158 matches, un ratio de 0,79 but/match que beaucoup lui envieraient, même à l'époque.
D'ailleurs, marquer des buts et gagner des titres va de pair et Hervé Revelli l'illustre bien lors de la finale de la Coupe de France 1970, remportée sur le score inégalé de 5-0 avec un doublé tout en justesse qui parachève le succès stéphanois.


Doublé de H. Revelli contre Nantes en finale de Coupe de France (1970)

Mais cette période dorée n'est qu'un premier intermède avec l’ASSE. A l'intersaison 1971, tandis que son jeune frère Patrick fait ses débuts en équipe première, Hervé part goûter aux douceurs niçoises deux ans durant à l’OGC Nice. Sur la Côte d'Azur, il marque pas moins de 41 buts en 71 matches. Un vrai buteur marque partout, quels que soient ses partenaires...


Revelli à droite, sous le maillot de la Sampdoria de Nice

Mais on revient toujours à Saint-Étienne. Il y fait donc son come-back en 1973 et y terminera sa carrière en 1977. Avec 3 nouveaux titres de champions, deux Coupes de France et surtout, surtout, les épopées européennes. On peut estimer son retour réussi !
Lors des 5 saisons qu'il rejoue pour l'ASSE, Revelli marque moins souvent (49 buts en 129 matches) mais marque des buts importants, en championnat, en Coupe de France et en Coupe d'Europe.


Hervé Revelli cible le gardien de Sofia en 1976

Ce renard des surfaces reste ainsi le plus grand buteur de l’histoire du club avec 175 buts marqués en championnat (avec trois quadruplés s’il vous plaît !!) en 318 rencontres, pour 216 buts au total en ajoutant ceux marqués avec les Aiglons. Au niveau français, seul Bernard Lacombe fait mieux que lui.
C’est réellement l’instinct du buteur qui guide ce joueur au physique somme toute très commun (1,74 m pour 72 kg). Égrener la liste de ses victimes relèverait d’un exercice à la Prévert et pourrait s’avérer fastidieux car tout est bon, pour cet homme, pour crucifier le gardien adverse: la tête, le coup de pied, le pointu, le dos, le plat du pied. Une véritable fouine prête à marquer à tout moment, en profitant d'un espace, d'un mauvais contrôle ou d'un petit coup de vice.


Hervé Revelli à Glasgow face au Bayern Munich en 1976

Car certaines de ses réalisations font encore parler les anciens du Chaudron, telle cette "tête renversée" d’un 5-1 contre Nantes, en toute fin de match, et synonyme de qualification miracle pour la finale de la Coupe de France. Rusé, lors de cette finale justement, contre Reims, il n'hésite pas à crier "Laisse !!" au gardien rémois Aubour pour tromper sa vigilance…


Le but du miracle en demi-finale de
Coupe de France contre Nantes (1977)

Pour continuer sur ses principaux faits d’arme, sur le plan individuel il est encore à l’heure actuel le meilleur buteur en derby (11 buts devant Di Nallo 10). Hervé Revelli est synonyme d’horreur, d’effroi, de terreur et de panique en langage "gone".
Il termine deux fois meilleur buteur du championnat (en 1967, année où le vainqueur de ce trophée gagnait une… Simca 1000, et en 1970) et forme un duo redouté avec son frère Patrick.
Il dispute 33 matches de Coupe d’Europe avec l’ASSE et est notamment auteur d'un doublé lors d’un fameux 3-0 contre le Bayern Munich, pendant la saison 1969-70. Il est le buteur décisif du match retour contre Ruch Chorzow, son penalty envoyant définitivement les Verts en demi-finale de la compétition pour la première fois de leur histoire, sans parler de son but ô combien important face au Dynamo Kiev en quart de finale de cette même compétition l'année suivante...


Un pénalty inarrêtable en quart de finale de
Coupe d'Europe contre Chorzow (1975)

Son palmarès est éloquent :
- Champion de France à 7 reprises: 1967, 1968, 1969, 1970, 1974, 1975, 1976 (co-recordman en la matière)
- Vainqueur de la Coupe de France à 5 reprises: en 1968, 1970, 1974, 1975 et 1977
- Vainqueur du Trophée des Champions à deux reprises: 1967 et 1969
- Meilleur buteur du Championnat de France à deux reprises: 1967 et 1970
- Finaliste de la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1976


La joie du buteur lors du quart de finale de Coupe
d'Europe retour face au Dynamo Kiev (1976)

Sa carrière en équipe de France est malheureusement beaucoup moins glorieuse. A cette époque, la sélection nationale n’est qu’une équipe de seconde zone qui ne fait peur à personne, sauf à ses propres supporters. Hervé Revelli honore ainsi 30 fois le maillot tricolore, de 1969 (France-Hongrie: 2-2) à 1975 (France-Hongrie encore: 2-0), pour 15 réalisations tout de même. Il ne connaîtra jamais la joie d’une phase finale de grande compétition internationale.


Hervé joue deux fois en Bleu avec son frère Patrick
comme ici face au Danemark en 1973

Après avoir achevé sa carrière de joueur à Chateauroux en 1983, Hervé Revelli devient quelque peu l’archétype de la reconversion ratée. On retrouve ainsi sa trace comme entraîneur-joueur du CS Chênois (Suisse) au début des années 80 puis à Chateauroux. Ces passages sans éclat ne marquent pas les esprits et ne lui ouvrent pas de portes, biern qu'il joue pour beaucoup dans l'éclosion du jeune Patrice Garande au CS Chênois.
Il enchaîne avec divers contrats d'entraîneurs sans succès ni lendemain à Draguignan (1983-84), Sfax (Tunisie, 1986-87), Saint-Priest (1989-94), Bizerte (Tunisie, 1998), Oran (Algérie, 2003-04) et Alger (Algérie, 2004).
Il œuvre également dans le social, en partenariat avec le conseil général de la Loire, en proposant des contrats d’insertion aux personnes à la recherche d’un emploi. Il ne cessera d'ailleurs jamais ces activités associatives au fil du temps.


Hervé Revelli en 2010, dans son jardin

On retrouve ensuite sa trace, de façon éphémère, en août 2004, en tant que sélectionneur des écureuils béninois, un type d'expérience qu'il avait déjà eu en 1989 avec la sélection de l'Île Maurice. Après des défaites contre la Libye et la Côte d’Ivoire, en éliminatoires de la Coupe du Monde 2006, Revelli met brutalement fin à son contrat et s'engage brièvement avec le club algérien de l’Entente Sétif puis à Beaurepaire, modeste club isérois, où il devient quand même champion du district Drôme-Ardèche en 2007. Son premier titre en tant qu'entraîneur...

Après une petite année à Toulouse-Fontaines (CFA2), Hervé Revelli revient à ses premières amours en 2009 en devenant manager de l'US Feurs (CFA2), club dont il devient ensuite l'entraîneur durant 2 saisons (de 2009 à 2011). Puis, il redevient directeur général de ce club pour la saison 2011-12, avant de démissionner. Partir pour mieux revenir ? Il faut croire car Hervé Revelli devient en mai 2014, le président de l'US Feurs. Un poste qu'il n'occupera que 3 mois avant de démissionner (encore) en raison de différents avec la mairie.
Missionné comme ambassadeur à vie de l'ASSE en 2013, il démissionne début 2018 pour aller s'installer définitivement à Lyon, et ainsi prendre en main la petite équipe locale de l'UGA Lyon-Décines, à deux pas du Groupama Stadium.


Hervé Revelli dirigeant de l'US Feurs en 2011 (photo le Progrès)

Manager puis entraîneur puis directeur général puis président... Il n'y aura guère plus que le poste de responsable de la buvette qu'il n'aura pas occupé dans sa carrière.
Remarque idiote ? Pas forcément: pour l'anecdote, Hervé Revelli a également tenu pendant vingt ans puis légué à son fils un bar ("Le P'tit Vert") situé en plein coeur de Lyon !