Ancien pensionnaire du centre de formation de l'ASSE (de juillet 2013 à janvier 2018), le gardien troyen Ryan Bouallak s'est confié à Poteaux Carrés.


Trois anciens gardiens réservistes de l’ASSE ont fait leur début en pro cette dernière saison : Etienne Green bien sûr, Killian Le Roy avec Chambly… et toi, lors du dernier match de la saison de l’Estac au Havre !

Oui, j’attendais ce moment avec impatience. J’étais un peu excité. C’était un match sans enjeu car on était déjà champions de L2 et le HAC n’avait plus rien à jouer. C’est plus « facile » de faire ses débuts dans un tel contexte. Mais il y avait quand même de l’enjeu pour moi, il fallait être bon ce dernier quart d’heure que j’ai eu l’occasion de jouer. On a perdu 3-2 mais je n’ai pas pris de but et je suis très content d’avoir fait mes débuts en pro. J’avais déjà fait 6 ou 7 bancs mais je n’avais pas eu jusqu’alors l’occasion de rentrer. Je tiens à remercier le coach Batlles, mon coach des gardiens Johan Liébus ainsi que mes deux coéquipiers Gauthier Gallon et Sébastien Rénot, ils auraient pu dire « on ne change pas. » Ils ont eu la gentillesse et la reconnaissance de m’avoir fait jouer une vingtaine de minutes.

Tu viens de remercier Laurent Batlles, un coach que tu as connu lors de tes vertes années !

Je l’ai eu comme coach ma première saison à l’ASSE, en U15. C’était en 2013-2014. Et je l’ai ensuite en équipe réserve à la fin de mon aventure à Sainté avant de partir à Reims lors de la saison 2017-2018. Laurent Battles faisait déjà du très bon travail à Sainté, il a accumulé au fil des ans de l’expérience et a confirmé et développé ses qualités à Troyes. Je suis content pour nous et pour lui ! C’est un coach axé sur le jeu, il veut qu’on essaye de jouer le plus possible au ballon. Déjà en U15 il avait cette sensibilité, on sent que ça lui tient à cœur. Mais ce n’est pas avoir le ballon juste pour avoir le ballon, il est axé sur l’efficacité. Avec lui il faut savoir conserver, défendre en faisant le pressing.

Laurent Batlles est un coach que j’apprécie car il est exigeant, travailleur, il ne laisse rien au hasard. Je pense que ça a été une des clés de notre succès la saison dernière en Ligue 2. Il demande à ses gardiens de jouer balle au pied efficacement avec les copains. Je pense que tous les clubs cherchent aujourd’hui des gardiens capables de jouer au pied naturellement, de ressortir court. Après, bien sûr, il faut que ce soit raisonnable. Il ne faut pas faire n’importe quoi, éviter de sortir court quand la situation ne s’y prête pas. Le coach insiste sur l’efficacité, il attend de nous qu’on soit clairvoyant quand on a un ballon à négocier. C’est un compétiteur, un gagneur.

Dans quel(s) domaines as-tu le sentiment d’avoir progressé entre tes années stéphanoises et ton expérience actuelle à Troyes ?

Honnêtement, j’ai l’impression d’avoir progressé dans tous les registres. À Saint-Étienne, j’ai déjà beaucoup appris en côtoyant plusieurs bons coaches de gardiens : Mickaël Dumas, Jérémie Janot, Jeff Bédénik, même Fabrice Grange quand je montais m’entraîner avec les pros. J’ai bien progressé à Sainté mais depuis que j’ai « passé un cap » avec les pros, je pense avoir pris beaucoup de maturité. Je suis plus rassurant que je pouvais l’être auparavant. J’ai énormément progressé dans mon jeu au pied, dans la gestion de la profondeur. Même sur la ligne et dans les sorties, je vais plus vers l’avant. J’ose plus, je tente davantage.

Autant de progrès que tu aurais pu valider encore plus en jouant avec la réserve. Penses-tu avoir fait partie des joueurs les plus impactés par l’arrêt prématuré des championnats amateurs ?

C’est sûr que les entraînements ne remplacent pas les matches et qu’il est un peu frustrant de n’avoir pas pu jouer. Mais les progrès que je viens de te citer, je les ai sentis lors de ma première année à Troyes, où j’ai joué plus de la moitié des matches de National 3. Ne pas jouer le week-end, ce n’est pas évident à gérer mais j’ai la chance d’avoir un super groupe à l’entraînement. Même si ça ne remplace pas la compétition, on se donne toujours à fond à l’entraînement. On aborde chaque séance comme un match. On garde notre sérieux pour accompagner les copains qui jouent le week-end et on se tient prêt à toute éventualité de jouer en Ligue 2 quelle qu’en soit la raison.

À Troyes, tu côtoies deux Dylan formés à Sainté. Peux-tu nous dire quelques mots sur eux ?

À Sainté, j’ai joué pas mal avec Dylan Chambost car j’étais surclassé dans les catégories où il évoluait. J’ai été très content de le retrouver à Troyes, on savait qu’on allait bien bosser tous les deux. Dylan, c’est un super bon pote, un mec très cool avec la tête sur les épaules. C’est quelqu’un de confiant qui s’exprime très bien dans le système de jeu troyen où on essaye beaucoup de jouer au ballon. Il a beaucoup joué en 10, je pense que c’est son poste de prédilection. De temps en temps il joue sur le côté. Dylan a un très bon pied gauche, il apporte beaucoup de fluidité dans le jeu, que ce soit dans ses passes ou sa volonté d’aller vers l’avant. En plus lui aussi a une super mentalité de compétiteur, il n’hésite pas à faire des efforts défensifs.

J’apprécie aussi Dylan Saint-Louis, avec qui je n’ai pour ainsi dire pas joué à Sainté car il a quatre ans de plus que moi. L’écart d’âge avec lui est un peu plus conséquent qu’avec Dylan Chambost, de deux ans mon aîné. J’ai quand même le souvenir d’avoir fait quelques entraînements avec les pros à l’époque où il était encore à l’ASSE. C’est lui aussi un super mec, rien à dire ! Il nous apporte également d’un point de vue sportif. On avait déjà pu apprécier ses qualités quand il portait le maillot vert. Sur le côté il apporte sa vitesse, sa percussion, beaucoup de technique aussi, la finition. Il joue excentré, parfois à gauche pour rentrer sur le pied droit. Il apporte le danger quel que soit le côté où il évolue.

On espère que les Dylan confirmeront dans l’élite ce qu’ils montré cette dernière saison en L2… mais qu’ils se casseront les dents sur Etienne Green, un autre de tes anciens collègues !



Ah, Étienne... On a toujours de très bonnes relations. On a toujours été bons copains, on s’est toujours très bien entendu. J’ai un an de plus que lui donc on s’est beaucoup côtoyés lors de mes quatre ans et demi à Sainté. Je me souviens notamment de l’époque où je jouais en U17 nationaux et qu’il était remplaçant. C’était un très bon garçon, très respectueux. J’ai toujours trouvé qu’il avait des qualités intrinsèques très intéressantes. Il a toujours eu des qualités de gardien très poussées.

Étienne n’a pas eu beaucoup de temps de jeu. On était beaucoup de gardiens, ceux qui ont commencé à jouer ont fait quelques bons matches. Les coaches étaient dans la pédagogie de faire tourner un petit peu mais à Saint-Étienne il y avait vraiment beaucoup de gardiens chez les jeunes. Beaucoup de bons gardiens, il faut qu’on se le dise. On était presque tous en sélection. J’ai été sélectionné en équipe de France U18, Nathan Crémillieux a joué pas mal de matches en équipe de France U17, Stefan Bajic dans les différentes catégories.

Pour Étienne, c’était un peu plus compliqué mais ce qui était énorme avec lui, c’est qu’il ne disait jamais rien mais continuait de travailler de son côté en mettant beaucoup de sérieux aux entraînements. Il y avait une grosse concurrence à son poste mais il n’a jamais baissé les bras, il s’est toujours battu. Ce qui lui arrive depuis quelques mois, c’est vraiment mérité. Il doit être hyper content. Perso je suis content qu’il enchaîne les bonnes performances et que ça puisse remettre en question certaines personnes qui doutaient de lui.

Franchement, ça te surprend de le voir s’imposer aujourd’hui en équipe première chez les Verts ?

Franchement, non ! Je me souviens qu’au départ il n’était pas très grand, sa taille était un peu contraignante. Je ne sais pas si tu te souviens, mais il a grandi d’un coup, il a pris beaucoup de centimètres en quelques mois. Au-delà de cette poussée de croissance, Etienne m’a frappé par ses qualités mentales. Il ne lâchait vraiment rien. Et je trouvais qu’il avait déjà une bonne technique de gardien et qu’il lisait bien le jeu. Comme il a beaucoup grandi, il a pris plus d’envergure dans la cage, il en imposait plus. Et bien sûr Étienne a beaucoup progressé en intégrant le groupe pro.

Ses débuts en pro lors du match à Nîmes ont été forcément très remarqués. Etienne, je l’ai vu à l’œuvre pendant plusieurs années à Sainté. C’était déjà quelqu’un de très calme, posé, la tête sur les épaules. De A à Z, Étienne a vraiment tout bien fait lors de ce match aux Costières. Ça m’a vraiment fait plaisir de voir ça, d'autant plus qu'il a su confirmer derrière.

Avec Dylan Chambost, on s’attache toujours au club, à l’ASSE. On regarde toujours un peu les Verts. Quand on a vu qu’il avait une possibilité de jouer, on n’a pas raté ça. Je m’entends toujours très bien avec Étienne et on est resté en contact. Je lui envoie des petits messages avant les matches pour lui souhaiter bon courage. Je le sentais vraiment bien avant son premier match en pro. Les Verts n’étaient pourtant pas au mieux avant ce match à Nîmes mais je n’avais aucune inquiétude concernant Étienne.

Étienne était loin dans la hiérarchie des gardiens au centre de formation de l’ASSE et aujourd’hui il est le seul à jouer titulaire en équipe première. Ça t’inspire quoi ?

C’est ça qui fait la beauté du football. La vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain. Étienne a toujours travaillé dans l’ombre et dans le silence. Les circonstances font que son moment est venu, il a très bien saisi cette opportunité. Je suis sincèrement content pour lui ainsi que pour sa famille. Je connais ses parents, des gens bien. Ils sont humbles, très modestes, très calmes. Comme Étienne ! C’est tellement beau ce qui lui arrive. Je l’apprécie beaucoup, j’espère vraiment pour lui que ça va continuer le plus longtemps. Je lui souhaite de faire le bonheur des Verts et de leurs supporters !

Tu vas retrouver à l’Estac un gardien que tu as connu à Sainté et qui a fait honneur aux Verts et à leurs supporters de très longues années !

Oui, et je m’en réjouis ! J’ai déjà croisé Jessy samedi matin en train de faire ses tests physiques, on a discuté. Je suis ravi de le retrouver à Troyes. Jess, je l’ai côtoyé à l’ASSE quand je suis monté régulièrement dans le groupe pro. Jessy a été vraiment un point de repère pour moi. Non seulement c’est un bon gardien mais c’est un garçon qui est très facile, très ouvert. Il est dans la transmission avec les jeunes, il sait leur parler et les conseiller.

Quand je ne comprenais pas quelque chose, c’est vers lui que je me dirigeais directement. Jess est à la fois jovial et bosseur, il est attentif et dans le partage, il m’a toujours bien accompagné. Il me prodiguait des conseils qui m’ont été utiles. Rien d’extraordinaire mais pas mal de petits détails dont on est friand, a fortiori pour un jeune gardien comme moi. Il me guidait un peu sur les déplacements, sur les prises de balle. « Garde-bien les épaules comme ça », « décolle-toi un petit peu plus pour ne pas laisser trop ouvert », etc. Des trucs de gardien !

Jessy Moulin m’a aussi poussé à parfaire mon mental. « Reste motivé, donne-toi à fond… » Tout ce qu’il me disait, ça a marqué le très jeune gardien que j’étais. Quand un gardien de l’équipe première d’un club comme Saint-Étienne te donne des conseils, ça rentre dans ton crâne et ça n’en sort plus. C’était quand même la doublure de Stéphane Ruffier, dans un club qui jouait à l’époque la Coupe d’Europe ! Ce n’est pas rien d’être guidé par un gars comme ça !

Jess est un super mec, je suis content qu’il vienne à l’Estac et je pense qu’il s’y plaira. Avec le coach et les Dylan, on est plusieurs anciens de l’ASSE donc il ne sera pas dénaturé. Je sais qu’il aura plein de conseils à donner aux gardiens, que ce soit Gauthier, Seb ou moi. Le club cherchait le profil d’un gardien expérimenté et connaissant la Ligue 1, Jess rentre totalement dans ces critères-là. Je suis vraiment content que ce soit lui qui vienne.

Gauthier et Seb sont de très bons gardiens, de gros bosseurs. Je connais la mentalité et le professionnalisme de Jess, je sais qu’il va beaucoup nous apporter et qu’on va bien bosser. Jess reste un compétiteur dans l’âme, ça va pousser tout le monde à faire de bonnes performances et nous derrière à aller le chercher.

Tu te réjouis de sa venue et c’est tout à ton honneur car elle te fait rétrograder à la 4e place dans la hiérarchie des gardiens troyens. Tu n’as plus qu’une année de contrat avec l’Estac mais ton avenir semble s’inscrire loin de l’Aube, non ?

Pour l’instant je suis encore lié à Troyes jusqu’en 2022, je fais mon travail correctement car je suis quelqu’un qui honore son contrat. Maintenant, je vais avoir 22 ans dans un mois. Je sais qu’à mon âge il est important de jouer. Être quatrième gardien, c’est sûr que c’est plus contraignant que d’être deuxième ou troisième mais c’est le football qui veut ça. J’ai pris en maturité donc je vais réfléchir à toutes les opportunités de jouer. Évidemment, je ne vais pas me précipiter et faire n’importe quoi. Ma priorité, c’est de jouer. Le mercato est encore très long, le championnat n’a pas encore repris. J’ai besoin de jouer, je veux jouer, mais présentement je suis totalement concentré dans le projet de Troyes. On verra par la suite ce qui se passera.

Merci à Ryan pour sa disponibilité